Les artistes les plus cotés
Portés par une solide demande internationale, les artistes américains dominent le Marché haut de gamme, face à la présence forte d’artistes chinois soutenus par leur bouillonnant marché intérieur.
64% du Marché repose sur 50 artistes
Plus de 71.000 œuvres réalisées par près de 22.000 artistes ont été vendues en 12 mois mais le Marché de l’Art Contemporain a beau être d’une extraordinaire diversité, peu d’artistes ont véritablement “la cote”. Sa puissance financière repose en grande majorité sur 500 artistes ultra-performants, dont la vente d’œuvres représente 1,68Mrds, soit 89% du chiffre d’affaires mondial.
Plus de la moitié du résultat mondial (64%) provient de 50 artistes seulement, ceux présentant les investissements les plus compétitifs.
Contribution des meilleurs artistes au produit de ventes global
Les nationalités dominantes
Les principaux acteurs du Marché de l’Art Contemporain étant les États-Unis, le Royaume-Uni et la Chine, les artistes issus de ces pays sont naturellement les plus efficients aux enchères: 71 des 100 artistes les plus performants sont de nationalité américaine, britannique ou chinoise. Les artistes chinois (33) dominent les américains (28) en nombre, mais la préférence américaine est révélée parmi les 10 meilleurs chiffres d’affaires annuels qui félicitent six américains, et ce par les plus hautes adjudications.
L’une des particularités du Marché chinois est la confiance qu’il témoigne aux jeunes artistes. HAO Liang (né en 1983), MI Qiaoming (né en 1986) et JIA Aili (né en 1979) sont les artistes de moins de 40 ans les plus performants à l’échelle mondiale. Cette génération montante est déjà millionnaire sur le Marché des enchères en Chine et à Hong Kong. Le succès de ces trois artistes – qui ont par ailleurs révisé leur record personnel en 2019 – doit tout à la ferveur des marchés chinois et hongkongais.
Côté Europe, les artistes les plus performants sont les Italiens Rudolf STINGEL et Maurizio CATTELAN, les Belges Harold ANCART et Luc TUYMANS ainsi que huit artistes allemands, dont Albert OEHLEN qui intègre le top 10 mondial. Son compatriote Anselm KIEFER révise, lui, son sommet au seuil des 4m$ avec The fertile crescent (新月沃土), une œuvre majeure de près de 10 mètres vendue non pas à Londres ou à New York, les deux poumons de son marché, mais à Pékin, chez China Guardian (3 juin 2019).
Top 10 artistes allemands et position dans le Top 500
- Albert Oehlen 8ème
- Martin Kippenberger 30ème
- Anselm Kiefer 31ème
- Günther Förg 33ème
- Thomas Schütte 42ème
- Andreas Gursky 65ème
- Daniel Richter 72ème
- Wolfgang Tillmans 78ème
- Katharina Grosse 112ème
- Neo Rauch 113ème
Face aux performances des Allemands, dix artistes français se hissent parmi les 500 élus, Robert Combas en tête. A la 50ème place mondiale, Combas a établi son nouveau record en avril avec Hécatombe (1992), une oeuvre vendue 303.700$ chez Cornette de Saint Cyr contre une estimation basse de 101.000$. Si l’artiste intéresse quelques collectionneurs américains et asiatiques, il n’a pas encore percé dans les salles de ventes étrangères et près de 90% de son produit de ventes est français. Il impose, malgré cette lacune, une formidable hausse de prix de +513% depuis l’année 2000.
Les contemporains français sont toujours absents des grandes ventes américaines, à l’exception cette année de Daniel BUREN qui commence à se faire une place sur le marché new-yorkais. En l’intégrant à sa vente du 15 mai, Christie’s a signé son nouveau record, près de 2,2m$, pour Peinture aux formes indéfinies (1966). Quelques autres signatures s’exportent timidement dans des sessions moins prestigieuses, dont Bernard FRIZE qui a passé les 100.000$ à Londres lors d’une vente de jour de Phillips (103.000$, Verte, 2003, 28/06/2019).
Deux artistes originaires d’Afrique du Sud sont représentés parmi les 100 meilleurs produits de ventes: Marlène Dumas (7,7m$) et William Kentridge (3,9m$). Les artistes d’Amérique latine font cruellement défaut parmi les 100 premiers, mais plusieurs se retrouvent classés dans le top 500, dont Gabriel Orozco, Bosco Sodi, Os Gemeos, Beatriz Milhazes, Adriana Varejão, Vik Muniz et Cildo Meireles.
Un podium 100% US
Les trois piliers économiques du Marché de l’Art Contemporain sont Basquiat, Koons et Kaws. Ils tiennent à eux seuls 19% du résultat mondial, la vente de leurs œuvres (plus de 900) ayant généré 362,7m$ en 12 mois.
Top 10 des œuvres contemporaines vendues aux enchères (juillet 2018-juin 2019)
Artiste | Œuvre | Prix | Date | Maison de ventes | |
---|---|---|---|---|---|
1 | Jeff KOONS (1955) | Rabbit《兔子》 (1986) | 91.075.000$ | 15/05/19 | Christie’s New York |
2 | Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988) | Untitled (Pollo Frito)《无题(炸鸡)》 (1982) | 25.701.500$ | 14/11/18 | Sotheby’s New York |
3 | Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988) | Discography Two (1983) | 20.900.000$ | 15/11/18 | Christie’s New York |
4 | Christopher WOOL (1955) | Untitled (1990) | 15.218.750$ | 15/11/18 | Christie’s New York |
5 | KAWS (1974) | The Kaws Album (2005) | 14.772.700$ | 01/04/19 | Sotheby’s Hong Kong |
6 | Christopher WOOL (1955) | Untitled (无题) | 14.000.000$ | 16/05/19 | Sotheby’s New York |
7 | Jenny SAVILLE (1970) | Propped (支撑) (1992) | 12.490.600$ | 05/10/18 | Sotheby’s Londres |
8 | Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988) | Apex (山之巅) (1986) | 10.815.000$ | 05/03/19 | Sotheby’s Londres |
9 | Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988) | Sabado por la Noche (Saturday Night) (周六晚上) (1984) | 10.635.000$ | 25/06/19 | Christie’s Londres |
10 | Peter DOIG (1959) | Buffalo Station I (1997/98) | 9.903.000$ | 05/10/18 | Sotheby’s Londres |
© Artprice.com |
Basquiat: le Picasso contemporain du Marché
Pionnier de l’Art urbain, emblème de la vitalité créative d’une époque, mythe contemporain et idole du marché, Jean-Michel Basquiat demeure l’indétrônable premier depuis 10 ans, avec un produit de ventes établi à 157,1m$ cette année. Il n’a laissé sa première première place qu’en 2008/2009, suite à la vente des œuvres de Damien Hirst chez Sotheby’s Londres les 15 et 16 septembre 2008, au moment de la faillite de la banque Lehmann Brothers.
Basquiat est le premier artiste contemporain (le seul aujourd’hui) dont une œuvre a dépassé les 100m$ aux enchères. Le record tombait en mai 2017 pour une toile de 1982, payée 110,5 m$ par le japonais Yusaku Maezawa (Untitled《无题》, Sotheby’s New York). Malgré des niveaux d’adjudications moins exceptionnels que précédemment (256m$ sur l’exercice 2017/2018), Basquiat maintient sa position dominante, en remportant quatre des 10 meilleures adjudications de l’année.
L’aura de cet artiste a par ailleurs ouvert une brèche vers la valorisation des artistes afro-américains. Les résultats s’en ressentent de nos jours, notamment avec le succès grandissant de Kerry James MARSHALL, artiste afro-américain le plus cher après lui, 26ème au classement mondial cette année. En mars 2019, une œuvre de Marshall (Untitled (Painter) #l-18006696) est partie pour 7,3m$, au triple de l’estimation haute de Sotheby’s. C’est la deuxième meilleure adjudication de l’artiste, après les 21,1m$ atteints en mai 2018 par sa toile Past Times (Sotheby’s).
Jeff Koons sacré “artiste vivant le plus cher”
Second derrière Basquiat, Jeff KOONS remporte le meilleur coup de marteau de l’année avec sa sculpture Rabbit (1986). Cette sculpture en trois exemplaires (plus une épreuve d’artiste) est célèbre. Elle a été exposée dans les plus grands musées dont la Tate Modern, le Whitney et le Centre Pompidou. Elle est considérée comme un emblème de la création américaine post-Warhol, comme une ”icône” de l’Art Contemporain pour reprendre le New York Times. En charge de vendre l’unique exemplaire encore en circulation, Christie’s attendait la sculpture autour de 70m$ le 15 mai, sous-estimant son pouvoir de mobilisation. Rabbit《兔子》 est en effet devenue l’œuvre la plus chère du monde pour tout artiste vivant, en partant pour 91m$. La seule vente de cette œuvre représente 81% du résultat annuel de Koons. Elle signe aussi la 20ème plus belle enchère de tous les temps pour une œuvre d’art.
Kaws, la nouvelle coqueluche
C’est à KAWS (alias Brian Donnelly) que revient la progression la plus époustouflante de l’année: l’artiste gagne la troisième place derrière Koons, avec 93,6m$ d’œuvres vendues, soit 78,3m$ de plus qu’en 2017/2018. Le quadragénaire américain fournit, avec Koons, l’un des exemples les plus remarquables du succès de la culture Pop sur le Marché. Une tendance véhiculée par son Companion, personnage emblématique aux yeux en croix et crâne de pirate. Kaws en a envahi le monde par une production à grande échelle (abordable) et des sculptures géantes (très cotées), comme celle de 36 mètres qui flottait en mars dans le port de Hong Kong en marge du salon Art Basel. L’artiste a le sens du buzz, la faveur des Instagrammers (2,3 millions de followers) et des amateurs d’art branchés comme Justin Bieber et Pharrell Williams. Bon nombre de collectionneurs asiatiques comptent aussi parmi les fervents admirateurs de son univers régressif: 58% de ses œuvres se vendent en Asie contre 13% aux États-Unis (depuis 2018), ce qui fait de Kaws l’artiste contemporain occidental le mieux soutenu par les acheteurs hongkongais et japonais.
Son époustouflant record de 14,8m$, a d’ailleurs été établi à Hong Kong, le 1er avril chez Sotheby’s. Intitulée “The Kaws Album”, la toile revisitant les Simpsons multipliait par 15 son estimation basse, quelques jours après l’apparition du Companion géant dans le port de Hong Kong. De retour à New York deux semaines plus tard, son acrylique “The Walk Home”a confirmé la tendance fiévreuse suscitée par cette nouvelle coqueluche du Marché, en s’envolant pour 5,955m$ chez Phillips, contre une estimation haute de 800.000$.
Kaws – Untitled (SM1) (2000)
Acrylique sur toile, 41 x 41 cm
© Kaws
176.500$, SBI Art Auction Co, Ltd, Tokyo, 03/11/2018
Les mouvements du Top 10 (vs 2017/2018)
1 ↘ Basquiat: -99m$
1er pour la 10ème année consécutive
2 ↗ Jeff Koons: +71m$
Passe de la 8ème à la 2ème place (de 40,8m$ à 111,8m$)
3 ↗ Kaws: +78,3m$
Passe de la 22ème à la 3ème place (de 15,3m$ à 93,6m$)
4 ↗ Wool: +31,5m$
Passe de la 6ème à la 4ème place (de 45,5m$ à 77m$)
5 ↘ George Condo: -3,5m$
Passe de la 4ème à la 5ème place (de 49,2m$ à 45,7m$)
6 ↗ Yoshitomo Nara: +7,5m$
Passe de la 11ème à la 6ème place (de 35m$ à 42,5m$)
7 ↗ Keith Haring: +16,9m$
Passe de la 15ème à la 7ème place (de 24,3m$ à 41,2m$)
8 ↗ Albert Oehlen: +21,3m$
Passe de la 26ème à la 8ème place (de 13,6m$ à 34,9m$)
9 ↘ Zhou Chunya: -9,5m$
Passe de la 7ème à la 9ème place (de 43,6m$ à 34,1m$)
10 ↘ Peter Doig: -70m$
Passe de la 2ème à la 10ème place (de 100,9m$ à 30,9m$)
Autre signature essentielle de la peinture contemporaine, Christopher WOOL gagne la quatrième place mondiale derrière Kaws. L’artiste a su créer une œuvre singulière au-delà de sa filiation avec le Pop art et l’Expressionnisme Abstrait, une œuvre “américaine” par essence, dont l’indice de prix a progressé de +1.440% depuis 2000.
Comme Kaws et Murakami, Yoshitomo NARA compte parmi les 10 artistes les mieux vendus de la planète, avec 339 adjudications en 12 mois. Sa cote de popularité se mesure aussi à la forte croissance de son indice de prix (+773% depuis 2003) et au nouveau record établi à 4,4m$ pour Sleepless Night (Cat) (1999), vendue en mai chez Christie’s Hong Kong. La vente de ses œuvres génère 42,5m$ (un record annuel pour l’artiste) contre 35m$ dans notre précédent rapport.
Albert OEHLEN réalise une année mémorable: son produit de ventes (34,9m$ en 27 lots seulement) explose grâce à trois nouveaux records établis en 12 mois. Soutenu par le plus puissant des galeristes, Larry Gagosian, mis à l’honneur au palazzo Grassi de François Pinault en 2018, l’artiste est si bien soutenu aux enchères que son record a doublé en deux ans. Il culmine désormais à 7,5m$ avec un autoportrait, “Selbstportrait mit Leeren Händen (Self-Portrait with Empty Hands)” (两手空空的自画像) (1998) vendu en juin chez Sotheby’s à Londres. L’ancien élève de Sigmar Polke est au top de son influence. La progression phénoménale du prix de ses œuvres (+3.862% depuis 2000) prouve qu’il est l’un des grands favoris des market-makers.
L’artiste écossais Peter DOIG clôt ce classement dont il tenait la deuxième place l’année dernière. Alors qu’il nous avait habitué à obtenir régulièrement des enchères supérieures à 10m$, sa meilleure vente plafonne à 9,9m$ en 2018/2019. Il faut dire que, parmi les 11 peintures vendues sur cette période, aucune toile ne fut aussi passionnante que Rosedale ou que “The Architect’s Home In the Ravine”(山涧间的建筑师小屋) . Ainsi, la contre-performance (-70m$) tient à la pénurie de chefs-d’œuvre en circulation, en aucun cas à la désaffection des acheteurs.
La part des femmes
Les hommes dominent le Marché en nombre comme en valeur. C’est un fait depuis que l’histoire des enchères existe. Il y a 10 ans, six femmes seulement comptaient parmi les 100 meilleurs chiffres d’affaires annuels (Cecily Brown, Cindy Sherman, Jenny Saville, Rachel Whiteread, Marlene Dumas, Sherrie Levine). Les fortes disparités de prix se répercutent encore aujourd’hui dans leurs volumes d’affaires par rapport aux hommes. Les femmes restent aujourd’hui très minoritaires: 12 femmes pour 88 hommes se hissent dans le top 100 des artistes les plus performants.
Hommes vs femmes (juillet 2018 – juin 2019)
Hommes | Produit de ventes | Femmes | Produit de ventes | |
---|---|---|---|---|
1 | Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988) | 157.184.500$ | Jenny SAVILLE (1970) | 28.809.000$ |
2 | Jeff KOONS (1955) | 111.860.500$ | Cecily BROWN (1969) | 28.448.000$ |
3 | KAWS (1974) | 93.651.000$ | Julie MEHRETU (1970) | 8.993.000$ |
4 | Christopher WOOL (1955) | 77.056.400$ | Dana SCHUTZ (1976) | 8.059.000$ |
5 | George CONDO (1957) | 45.758.000$ | Marlene DUMAS (1953) | 7.779.600$ |
© Artprice.com |
La situation évolue car la place des artistes femmes est devenu un sujet de fond, particulièrement populaire, dans le champ de l’Art et du Marché. Une attention plus grande est portée aux femmes par les institutions, les curateurs, les critiques et désormais par les sociétés de ventes.
De timides prises de position émergent, lorsque Christie’s crée un micro-évènement à l’occasion de la journée internationale des Droits de la femme, invitant des experts à présenter leurs œuvres muséales favorites réalisées par des femmes; ou lorsque Sotheby’s teste une petite vente online exclusivement féminine (By Women, For Tomorrow’s Women, 1er mars 2019).
L’engagement des sociétés de ventes est essentiel pour espérer un rééquilibrage dans les prochaines années. Pour l’heure, les femmes sont minoritaires dans les sessions d’art d’après-guerre et contemporain de New York. La dernière vente de prestige de Sotheby’s affiche 23% de femmes, celle de Christie’s seulement 10% (15 et 16 mai 2019).
Cette sous-représentation se répercute dans le volume des adjudications millionnaires: seulement quatre artistes contemporaines se hissent parmi les 100 adjudications les plus remarquables en 2018/2019. Jenny Saville (7ème/19ème/36ème) est la plus performante, suivie de Julie Mehretu (31ème/92ème), de Cecily Brown (32ème/58ème/72ème) et de Marlene Dumas (93ème).
Marlene Dumas – Whose Hat? (1985)
Aquarelle, craie grasse et collage sur papier, 44 x 31 cm
© Marlene Dumas
15.000$, De Vuyst, Lokeren, Belgique, 20/10/2018
Jenny Saville, la contemporaine la plus cotée
Peintre associée aux Young British artists, Jenny Saville #a-145110 peint des corps aux chairs abondantes, détachés du modèle phallocentrique. La puissance de sa peinture “Propped” (支撑) (1992) lui a permis, pour la première fois, de passer le seuil des 10m$ à Londres (Sotheby’s, octobre 2018). Ce nu monumental a largement doublé l’estimation haute pour établir un sommet à 12,4m$. Il lui offre le statut de plasticienne vivante la plus chère, devant Yayoi Kusama. Denrée rare (quatre toiles offertes en 2018/2019), la Britannique devient la quatrième femme la plus cotée du monde (toutes périodes confondues), après Georgia O’Keeffe, Louise Bourgeois et Joan Mitchell. Elle est aussi la première femme du top 500, devant sa compatriote Cecily Brown.
Cecily Brown, Britannique et Américaine
Installée à New York depuis 1994, soutenue par des poids lourds du Marché comme Larry Gagosian, l’artiste britannique dont l’ambition était de “faire la peinture que New York mérite maintenant” est parvenue à ses fins (Hilarie M. Sheets, NY Times, 20/09/2018). Cecily BROWN signe un nouvel exercice record après sa percée fracassante dans le classement 2017/2018. Sa meilleure adjudication de l’année, près de 5m$, a été obtenue avec The Pyjama Game, une œuvre précédemment vendue pour 1,6m$ en 2007. La valeur de cette toile progresse de +210% entre sa première adjudication à New York (Christie’s) et sa revente 11 ans plus tard à Hong Kong (Seoul Auction).
Julie Mehretu au top à Hong Kong
Record renouvelé pour la grande artiste américaine née en 1970 en Éthiopie: 5,6m$ ont été déboursés pour sa toile Black Ground (Deep Light) (墨景(深邃的光)) lors de la vente à succès menée par Sotheby’s à Hong Kong le 1er avril. Ce record illustre la rupture des frontières entre Hong Kong et New York pour les titans de l’Art Contemporain occidentaux. Défendue par la White Cube et par la galerie Marian Goodman, l’artiste prépare sa grande rétrospective prévue pour l’été 2020 au Whitney Museum à New York. Julie MEHRETU inscrit la 36éme meilleure performance annuelle (9m$) derrière Anish Kapoor et Mark Tansey.
D’autres femmes soulèvent des enchères enthousiastes. L’artiste américaine Dana SCHUTZ (4ème femme la plus performante par produit de ventes) a renouvelé deux fois son record personnel dans la même journée: avec Signing vendue pour 980.000$ contre une estimation haute de 350.000$ chez Phillips ; et avec Civil Planning vendue six fois son estimation haute le même jour chez Sotheby’s, pour un prix final de 2,42m$. En l’espace de 24h, le record de l’artiste est ainsi passé de 795.000$ à 980.000$, puis à 2,42m$.
En juin, chez Phillips, l’Anglo-ghanéenne Lynette YIADOM-BOAKYE dépassait pour la deuxième fois le million, avec Leave A Brick Under The Maple, une œuvre estimée autour de 500.000$. De même, pour Marlene DUMAS, avec Losing (Her Meaning), vendue au double de son estimation pour atteindre 1,5m$.
La valeur des artistes femmes augmente d’autant que les collectionneurs y voient des opportunités d’achats avantageuses, leurs œuvres étant plus accessibles que celles de leurs homologues masculins. Cela a été constaté avec les récents records féminins de Joan Mitchell et Helen Frankenthaler pour l’Expressionnisme Abstrait américain. Selon Alexander Rotter, président du département Après-guerre et Art Contemporain chez Christie’s à New York, “c’est un ajustement du marché qui aurait dû intervenir il y a longtemps déjà”.
Désormais, certains collectionneurs font le choix conscient d’acheter des œuvres d’artistes femmes. Les responsables des départements de Christie’s, Sotheby’s et Phillips notent un accroissement réel de la demande pour des œuvres spécifiquement réalisées par des femmes. Le travail de réévaluation et de revalorisation en cours conduira peut-être à l’obsolescence d’une distinction par le “genre”, donc à une profonde évolution du Marché de l’Art, notamment contemporain.
Les 12 artistes femmes du top 100 (produit de ventes vs 2017/2018)
1 ↗ Jenny Saville: +27,7m$
Passe de la 158ème à la 11ème place (de 1,1m$ à 28,8m$)
2 ↗ Cecily Brown: +1,2m$
Passe de la 14ème à la 12ème place (de 27,2m$ à 28,4m$)
3 ↗ Julie Mehretu: +5,5m$
Passe de la 66ème à la 36ème place (de 3,4m$ à 8,9m$)
4 ↗ Dana Schutz: +7,3m$
Passe de la 231ème à la 37ème place (de 674.000$ à 8m$)
5 ↘ Marlene Dumas: -4,6m$
Passe de la 29ème à la 38ème place (de 12,3m$ à 7,7m$)
6 ↗ Elizabeth Peyton: +3,8m$
Passe de la 92ème à la 46ème place (de 2,3m$ à 6,1m$)
7 ↗ Tracey Emin: +3m$
Passe de la 126ème à la 58ème place (de 1,4m$ à 4,4m$)
8 ↘ Cindy Sherman: -3m$
Passe de la 42ème à la 67ème place (de 6,8m$ à 3,8m$)
9 ↗ Barbara Kruger: +2,6m$
Passe de la 157ème à la 70ème place (de 1,1m$ à 3,7m$)
10 ↗ Amy Sillman: +1,26m$
Passe de la 115ème à la 89ème place (de 1,7m$ à 2,96m$)
11 ↗ Ayako Rokkaku: -2,1m$
Passe de la 215ème à la 91ème place (de 754.000$ à 2,9m$)
12 ↗ Xu Lele: +500.000$
Passe de la 98ème à la 95ème place (de 2,2m$ à 2,7m$)