Les places de marché décisives
Le résultat global très positif de 16,5Mrd$ repose en grande partie sur le marché américain, qui enregistre un chiffre d’affaires sensationnel et domine toujours nettement le segment le plus haut de gamme. De très belles performances en France, en Allemagne ainsi qu’à Hong Kong et Tokyo stabilisent les ventes aux enchères de Fine Art à l’échelle mondiale.
La Chine perd deux milliards
Si le marché chinois n’avait pas été considérablement ralenti par la pression sanitaire, ce bilan mondial aurait été le plus faste de l’histoire du Marché de l’Art. Toutefois, le climat insalubre et les restrictions liées à la politique du zéro Covid ont sapé temporairement le formidable élan chinois, dont le résultat annuel passe de 5,9Mrd$ à 3,9Mrd$ (-34%). Les restrictions étant levées, la compétition peut reprendre. L’avenir dira si la Chine pourra reconquérir sa première place mondiale. Pour l’heure, elle doit notamment améliorer un faible ratio de ventes établi à 37% cette année, contre 65% de moyenne mondiale.
Les États-Unis pèsent 44% du marché mondial
Des trois forces majeures du Marché de l’Art (USA, Chine, GB), les États-Unis sont les plus dynamiques cette année. Ils devancent largement la Chine et atteignent leur plus haut niveau avec 7,3Mrd$ d’œuvres vendues aux enchères, soit une performance en progression de +26% face à un marché chinois en forte perte de vitesse à cause de la crise sanitaire. Cette année, 44% du résultat mondial repose sur la puissance du marché américain, parce que les œuvres les plus précieuses se vendent prioritairement à New York (25 sur les 29 recensées à plus de 50 millions de dollars en 2022), mais aussi parce que le volume des transactions y est le plus massif : plus de 158 000, soit 22% des adjudications mondiales.
Top des pays par produit des ventes aux enchères de Fine Art et NFT (2022)
Le Royaume-Uni retrouve l’équilibre
L’activité britannique progresse pour retrouver les 2,1Mrd$ (+8% annuel) enregistrés avant la pandémie et le Brexit. Exception faite de l’année 2020, où la COVID-19 avait considérablement ralenti les transactions dans la plupart des pays, le nombre d’œuvres vendues au Royaume-Uni progresse chaque année rapidement, dépassant désormais 92 000 lots, soit deux fois et demi plus qu’en 2015. Christie’s et Sotheby’s ont par ailleurs vendu des œuvres remarquables à Londres cette année, signant les nouveaux records mondiaux de René MAGRITTE (79,3m$) et de Franz MARC (56,8m$).
La France se veut compétitive
Le résultat du marché des enchères français a doublé en une dizaine d’années, porté par les performances en hausse de Christie’s et Sotheby’s, mais aussi de plusieurs sociétés françaises comme Artcurial, Millon et Aguttes, qui valent au pays le deuxième meilleur résultat de son histoire après avoir dépassé le milliard l’an dernier. La France renforce sa quatrième position mondiale avec 991m$, un résultat deux fois et demi supérieur à celui de l’Allemagne (379m$), cinquième pays pour la vente d’œuvres d’art aux enchères avant l’Italie (190m$), le Japon (185m$) et la Suisse (154m$).
Le Marché de l’Art français dispose d’œuvres de qualité sur les périodes ancienne, moderne et du 20e siècle, ce qui lui permet d’enregistrer une centaine d’adjudications millionnaires (76% d’entre elles étant opérées par Christie’s et Sotheby’s Paris) et six ventes supérieures à 10 millions de dollars en 2022. Le pays présente par ailleurs l’offre la plus dense à la suite des États-Unis, avec près de 180 000 œuvres mises à l’encan et plus de 106 000 lots vendus.
Le marché des enchères français maintient une position forte dans un contexte mondial très concurrentiel et Paris redouble d’attractivité avec les arrivées récentes des galeries Skarstedt, David Zwirner, Peter Kilchmann, Hauser & Wirth sans oublier Art Basel, qui a accueilli la première édition de la foire Paris+ cette année en remplacement de la FIAC. La capitale française doit néanmoins se démarquer davantage sur le Marché de l’Art Contemporain, car ses meilleures performances reposent encore sur les grands noms du passé comme GIACOMETTI, CHARDIN et MICHELANGELO pour ses trois ventes annuelles supérieures à 20 millions.
L’Allemagne signe sa meilleure année
C’est une année historique pour l’Allemagne, où le marché Fine Art dépasse pour la première fois les 379m$, soit +6% par rapport à l’exercice précédent pour un nombre de transactions parfaitement stable. Comme celui de sa voisine française, le volume d’affaires allemand a doublé en dix ans. Cette forte croissance repose sur les artistes allemands du 20e siècle, en premier lieu sur Max BECKMANN, dont un autoportrait, emporté pour 24,4m$, détient désormais le record de l’œuvre d’art vendue aux enchères sur le sol germanique. C’est la première fois qu’une œuvre dépasse les dix millions sur le marché des enchères en Allemagne. Les autres artistes essentiels sont les grands chantres de l’expressionnisme : Ernst Ludwig KIRCHNER, Karl SCHMIDT-ROTTLUFF, August MACKE, Hermann Max PECHSTEIN, Otto DIX et Emil NOLDE, qui signent tous de nouvelles adjudications millionnaires cette année. Georg BASELITZ et Gerhard RICHTER complètent la liste des allemands les plus profitables au marché intérieur.
→ “Aucune œuvre comparable n’avait été mise aux enchères en Allemagne depuis 1945” constate Micaela Kapitzky, Directrice de la Maison Grisebach, lorsqu’on lui confie cet autoportrait de Max BECKMANN. La toile, qui atteint 24,4m$, remporte le record pour une œuvre d’art vendue aux enchères en Allemagne. Les œuvres de Max BECKMANN sont essentielles pour le marché allemand qui doit à l’artiste trois des cinq meilleurs coups de marteau de son histoire.