Les résultats clefs de l’année 2021
Le Marché de l’Art retrouve son panache, porté par le retour de chefs-d’œuvre absolus et un rythme soutenu des transactions à tous les niveaux de prix.
Tous les indicateurs sont à nouveau au vert et, bien plus qu’une rémission, le Marché de l’Art mondial paraît survitaminé. L’année 2021 s’impose comme l’une des meilleures de l’histoire. Pas moins de 17Mrd$ d’œuvres ont été échangées à travers le monde, ce qui constitue une croissance de +60% par rapport à l’année dernière lorsque, faut-il encore le rappeler, les ventes d’œuvres d’art avaient essuyé de plein fouet les premières vagues de la pandémie et les confinements successifs. L’activité des enchères en subissait de pénibles conséquences: diminution de -10% des sessions de ventes en 2020, presque autant pour les lots vendus, et produit mondial des ventes en berne de -21%.
Mais la crise a eu finalement des répercussions positives sur la structure des maisons de ventes et sur la qualité des échanges, en accélérant considérablement la transformation digitale du Marché de l’Art. Les indicateurs clés du marché mondial (produit des ventes, nombre de transactions, taux d’œuvres vendues, indice des prix) mettent au jour un nouvel élan.
Évolution du Marché de l’Art
La santé du Marché de l’Art se reflète aussi bien dans les vigoureux niveaux de prix que dans le nombre d’œuvres vendues cette année, qui atteint un record. L’enthousiasme des enchérisseurs se manifeste à travers les 664.000 lots échangés, presque un tiers de plus que l’an dernier, et une progression de +161% en 20 ans. La transformation digitale des ventes aux enchères – accélérée par la crise sanitaire – a été un moteur essentiel dans l’élargissement des transactions: totalement mondialisées par leur présence en ligne, les enchères ne cessent de conquérir de nouveaux adeptes.
Transactions: les pays les plus dynamiques (2021)
Donnée toute aussi parlante, le taux d’invendus est au plus bas: 31%, contre une moyenne oscillant entre 34 et 39% au cours des années précédentes. Ceci indique une claire adéquation entre l’offre et la demande et l’installation d’une formidable dynamique de vente, qui profite à tous les segments de marché, aux œuvres les plus abordables comme aux plus prestigieuses. Le volume de transactions pour les œuvres de moins de 10.000$ bondit en effet d’un quart, tandis que le nombre d’œuvres millionnaires (1.734) affiche une poussée de +44% par rapport à 2020.
Chine / Occident
Le Marché de l’Art chinois ne cesse d’étonner. L’année dernière déjà, il s’inscrivait à contre-courant du marché occidental en progressant légèrement (+2%) en dépit d’un nombre de transactions en forte baisse pendant la crise sanitaire (-40%). L’activité de riches acheteurs chinois, peu ou pas impactés par la pandémie, avait permis de réaliser d’importantes ventes d’œuvres historiques et modernes au cours du deuxième semestre 2020. Il progresse plus allègrement encore cette année, avec une hausse de +43% de son résultat, pour atteindre 5,9Mrd$. La Chine devance donc les États-Unis (5,7Mrd$), malgré un nombre de transactions bien plus faible.
Le marché américain se structure différemment du marché chinois, via une offre beaucoup plus dense et plus diversifiée. Le nombre de transactions y est deux fois plus important qu’en Chine, avec un record historique dépassant les 138.000 lots vendus aux États-Unis cette année. En forte augmentation (+38% depuis 2019), les transactions américaines représentent aujourd’hui plus de 20% des œuvres vendues à travers le monde.
Le Marché de l’Art occidental est revenu à son plus haut niveau, avec 10,9Mrd$ d’œuvres échangées. L’Occident doit sa superbe performance au retour de chefs-d’œuvre de premier plan – de Sandro Botticelli à Jackson Pollock, de Gustave Caillebotte à Frida Kahlo – après une contraction naturelle du marché très haut de gamme lors de la pandémie de 2020. À l’époque, le produit des ventes occidentales chutait de -30% malgré un nombre de transactions stable.
Évolution du produit des ventes mondial
AMMA : En 2021, ce sont 109.800 œuvres qui ont été proposées à la vente sur le Marché des enchères en Fine Art en Chine, avec 63.400 lots vendus et un taux d’invendus de 42%, pour un montant total d’adjudication de 5.935Mrd$. Comparé à l’année précédente, le Marché du Fine Art en Chine a vu en 2021 une augmentation du nombre des lots proposés à la vente (+ 37%), des lots vendus (+ 58%), et du chiffre d’affaires (+ 43%). Ces trois indicateurs affichent une hausse qui montre bien que le Marché de l’Art chinois a disposé d’une force suffisante pour se redresser en 2021.Concernant les catégories, le Marché de l’Art contemporain a été le plus performant, poursuivant sa forte tendance à la hausse de ces dernières années. En 2021, le Marché de la peinture et de la calligraphie chinoises a vu 95.900 lots proposés aux enchères, dont 54.000 ont été adjugés pour un chiffre d’affaires total de 3.907Mrd$, soit respectivement des augmentations annuelles de 31%, 54% et 41% pour ces trois indicateurs. Pour le Marché de l’Art contemporain, ce sont 14.000 lots qui ont été mis aux enchères, dont 9.335 se sont vendus pour un chiffre d’affaires de 2.029Mrd$, soit des augmentations annuelles respectives de 90%, 92% et 45%.
Une autre preuve tangible de la reprise complète du Marché des enchères Fine Art en Chine se manifeste par l’augmentation des transactions dans la gamme des prix élevés, avec 133 transactions dépassant les 5m$, soit 31 lots de plus par rapport à l’année précédente. Le total d’adjudication dans cette gamme s’est élevé à 1.674Mrd$, soit 384m$ de plus que l’année précédente.
La reprise du Marché de l’Art chinois est en grande partie due à un meilleur contrôle de l’épidémie à l’échelle nationale, permettant une reprise des activités sur le Marché de l’Art. De plus, le Marché des enchères dans son ensemble a atteint son objectif de réduction de quantité pour une augmentation de la qualité, non seulement grâce aux lots vendus aux enchères, mais aussi aux nombreux commissaires-priseurs exceptionnels qui ont réussi à améliorer leur image de marque et à étendre leurs activités, notamment dans les enchères en ligne, les services financiers, les expositions d’Art, etc. Enfin, l’écosystème du Marché de l’Art chinois est plus dynamique, ce ne sont pas seulement les ventes aux enchères qui ont connu une période florissante, mais également les foires et les expositions.
Répartition géographique du produit des ventes par pays
→ Première l’an dernier avec des performances maintenues malgré la pandémie, la Chine conserve son avance sur les États-Unis. Les deux pays génèrent respectivement 5,9Mrd$ et 5,7Mrd$ du produit des ventes mondial. Le Royaume-Uni peine à renouer avec les 2Mrd$, tandis que la France dépasse pour la première fois le milliard d’œuvres échangées.
Fléchissement au Royaume-Uni
Sur un marché ultra-concurrentiel et en perpétuelle évolution, le Royaume-Uni maintient sa troisième place avec 1,9Mrd$, un résultat en baisse de 210m$ comparé à 2019 (avant la pandémie) malgré une belle reprise des transactions (+15% de lots vendus depuis). Les performances britanniques ont ainsi tendance à se replier face à la prédominance du marché américain, mais aussi face à la concurrence de la Chine avec Hong Kong (Chine), sur laquelle nous reviendrons, et à celle du marché français, dont les résultats en forte croissance dépassent pour la première fois le milliard de dollars.
Premier milliard en France
À la quatrième place mondiale, le marché français affiche une solide performance et dépasse pour la première fois le milliard de dollars. Sa progression, constante entre 2015 et 2019, puis ralentie par la pandémie en 2020, a repris de plus belle pour établir un record historique face à la décélération du marché britannique. Plus de 91.000 lots vendus font aussi de la France la place de marché la plus dense et diversifiée du monde après les États-Unis, et le pays vend deux fois plus d’œuvres d’art que son voisin immédiat, l’Allemagne.
Le marché hexagonal est porté par une multitude de maisons de ventes sur son territoire et par la forte activité de Christie’s et Sotheby’s à Paris. Essentielles, les deux maisons de ventes représentent 539m$ d’œuvres vendues sur le territoire cette année, c’est-à-dire plus de la moitié du résultat français, grâce à de très belles ventes, notamment deux chefs-d’oeuvre de René MAGRITTE (La Vengeance, 17,2m$, Christie’s et L’Art de la conversation, 14,4m$, Sotheby’s), un important tableau de Vincent VAN GOGH (Scène de rue à Montmartre, 15,4m$, Sotheby’s et Mirabaud-Mercier) et une vente triomphale de François-Xavier LALANNE qui a rapporté à elle seule 89m$ (Sotheby’s).
La Corée du Sud intègre le Top 10
La Corée du Sud, menée par Séoul, et le Japon, mené par Tokyo, réalisent des performances records. Les deux pays se trouvent classés dans le Top 10 des places de marché mondiales avec une nette avance pour la Corée du Sud. Malgré un petit nombre de lots vendus (moins de 2.700), le marché coréen surprend par le bond en avant réalisé en l’espace de deux ans: il pèse 237m$ contre 58m$ avant la pandémie, soit un résultat multiplié par quatre. La Corée du Sud s’affirme comme une nouvelle grande puissance du Marché de l’Art. Doté d’une scène artistique prestigieuse et d’artistes aux cotes explosives – Ufan LEE, Seo-Bo PARK, Whan-Ki KIM– le pays réussit à supplanter des places de marché historiques comme l’Italie ou le Japon.
Indices des prix comparés de Lee Ufan et Tschang-Yeul KIM
→ 100$ investis en 2001 dans une œuvre de Kim Tschang-Yeul valent en moyenne 1.588$ aujourd’hui (+1.488%). L’indice des prix de Lee Ufan progresse quant à lui de +807% en 20 ans.
Top 5 des maisons de ventes
Les principales maisons de ventes internationales ont fait preuve d’une forte capacité d’innovation face aux contraintes liées à la pandémie. Leur grande agilité leur a non seulement permis de conserver la confiance des vendeurs et des acheteurs, mais aussi de se relever plus fortes encore en élargissant considérablement leur audience.
Top 5 des maisons de ventes
→ Les performances annuelles de Christie’s, Sotheby’s balaient les lourdes pertes essuyées en 2020. Le résultat de Sotheby’s perdait alors -29%, avec 1 milliard manquant par rapport à 2019. Celui de Christie’s déclinait de -41%, avec une perte de 1,5Mrd$… Cette année, les chiffres sont nettement repartis à la hausse et les deux sociétés représentent ensemble 8,4Mrd$ d’œuvres vendues aux enchères, soit la moitié du résultat mondial.
Troisième société de ventes occidentale, Phillips réalise sa meilleure année depuis sa fondation en 1796, ventes privées et publiques confondues. Les ventes publiques représentent à elles seules 530m$, et 706m$ si l’on ajoute les résultats de ses ventes organisées conjointement avec la société chinoise Poly International. Son taux de ventes annuel affiche un impressionnant 88%, et Phillips a même réalisé un double sans faute au mois de juin, en cédant 100% des œuvres présentées à Hong Kong lors d’une vente co-organisée avec Poly International, puis à New York quelques jours plus tard. Le rayonnement de Phillips se poursuit avec la création de 44.000 nouveaux comptes et l’apparition de 26% de nouveaux clients sur sa plateforme en ligne au cours de l’année 2021.
Les États-Unis pèsent toujours plus de la moitié du résultat annuel des principales maisons de ventes occidentales: 56% pour Christie’s et 58% pour Sotheby’s, tandis que Phillips y recueille 54% de son activité (380m$). Par ailleurs, Christie’s, Sotheby’s et Phillips se développent à grande vitesse en Asie. La Chine représente désormais 17% du produit des ventes mondial de Christie’s, soit une part nettement supérieure à ses performances européennes (6%). Il en va de même pour Sotheby’s.
Répartition géographique du produit des ventes de Sotheby’s et de Christie’s (2021)