Les prix de l’art

Les prix de l’art

Plus dense que jamais, l’offre mondiale se rapproche progressivement du million d’œuvres annuellement soumises aux enchères. Une offre pléthorique, dont les retentissants records ne sont que la partie visible de l’iceberg… Chacun peut en effet trouver son compte dans le flot quasi intarissable d’œuvres mises aux enchères.

Des œuvres à tout(s) prix

Contrairement à certaines idées reçues, le Marché de l’Art est actuellement très attractif et à la portée de tous. Près de la moitié des œuvres (plus de 320.000 lots) s’échangent en effet pour moins de 1.000$. Il s’agit en majorité d’œuvres multiples, notamment d’estampes grâce auxquelles les artistes démocratisent leur création. Cependant, ce segment de marché présente aussi des œuvres uniques, pour les férus de rareté. 82% des transactions impliquent des œuvres pour lesquelles il n’est pas nécessaire de débourser plus de 10.000$.

Le marché haut de gamme porte finalement sur une part marginale des échanges: les transactions réalisées entre 100.000$ et 1m$ représentent 2%, auxquels s’ajoutent 0,2% d’œuvres disputées au-delà du million. Si la proportion d’œuvres millionnaires est très faible, l’enjeu n’en est pas moins de taille… en cumulant plus de 8Mrd$ sur l’année, les “rares” œuvres millionnaires représentent près de la moitié du chiffre d’affaires mondial!

Répartition mondiale des lots par gamme de prix

Répartition mondiale des lots par gamme de prix

Indice Global Artprice – Base 100 en janvier 2000

Indice Global Artprice - Base 100 en janvier 2000

→ L’indice général des prix de l’art repart sur une dynamique ascendante après l’accalmie de 2020. Chaque période de création retrouve son équilibre, mais le segment des œuvres d’Après-Guerre se distingue particulièrement des autres. L’indice des prix pour cette période clé du Marché de l’Art bondit de +37% en 2021.

Adjugés pour plus de 10 millions

Le marché haut de gamme repart sur de très belles bases avec 167 œuvres vendues pour plus de 10m$ chacune, soit deux fois plus que l’an dernier.

Les deux œuvres les plus coûteuses du premier trimestre – un portrait Renaissance de Sandro Botticelli (92m$) et un fichier Jpeg de Beeple (69,3m$) – illustrent les multiples facettes d’un Marché de l’Art très liquide, où les chefs-d’oeuvre de l’histoire exercent toujours leur pouvoir de fascination, tandis que s’organise le marché du tout digital, terrain de jeu de nouvelles fortunes adeptes d’un monde virtuel pour leur collection d’art, comme pour leur portefeuille financier.

Sandro BOTTICELLI (c.1445-1510), Portrait of a young man holding a roundel (1480) Tempera/poplar panel, 58.4 × 39.4cm

Sandro BOTTICELLI (c.1445-1510),
Portrait of a young man holding a roundel (1480)
Tempera/poplar panel, 58.4 × 39.4cm

Les autres ventes supérieures à 10m$ concernent en premier lieu des créations modernes, situées entre la fin du 19e et la première moitié du 20ème siècle. Pablo PICASSO reste la signature la plus récurrente dans cette gamme de prix, avec 52 œuvres vendues au cours de l’année 2021. On retrouve également huit œuvres de Claude Monet, six de Vincent Van Gogh, ou encore le très recherché René MAGRITTE, dont l’indice de prix bondit de +178% en deux ans.

Les plus grands abstraits américains d’Après-Guerre (Clyfford Still, Willem de Kooning, Jackson Pollock, Mark Rothko), les artistes Pop de premier plan (Andy Warhol, Roy Lichtenstein) et quelques contemporains s’imposent également sur ce segment du marché: Jean-Michel Basquiat apparaît à 12 reprises, Banksy et Yoshimoto Nara quatre fois chacun et Peter Doig affiche un nouveau record personnel à 39,8m$ (Swamped, 1990).

Mais les résultats les plus surprenants reviennent aux NFT, propulsés sur le marché le plus haut de gamme sous les noms de Beeple, Larva Labs, Yuga Labs, Pak, etc. Nous y revenons dans un chapitre consacré au sujet (“Le Vaccin NFT”).

Des plus-values saisissantes

Les reventes constituent une source d’information passionnante sur les tendances du marché et les variations de prix.

Prenons d’abord le cas le plus extrême: Basquiat. Sa toile In This Case (1983), vendue 93,1m$ en mai 2021 chez Christie’s New-York, a gagné 92,1m$, soit +9.000%, en un peu moins de 20 ans et la valeur d’Untitled (One Eyed Man) (1982) a été multipliée par 1.306 depuis 1987. Cette fois, le résultat provient de l’antenne hongkongaise de Christie’s, devenue aussi performante que New York pour la vente des plus beaux Basquiat.

La flambée de prix constatée pour l’artiste chinois Liu Ye illustre un autre pan des tendances actuelles. Ses prix flambaient déjà au milieu des années 2000 dans les ventes de Londres, mais la tendance s’est accélérée depuis que l’artiste a rejoint la galerie David Zwirner en 2019. Une trentaine de ses toiles a dépassé le million aux enchères depuis l’annonce de cette collaboration, puis le cap des 10m$ en juin 2021 à Pékin (Bamboo bamboo broadway, 12,6m$, Poly International). Yellow and blue for M, une toile payée autour de 4.500$ en 1995 est revalorisée à 1,1m$ cette année. Avec un temps de détention bien plus court, Window, une petite toile de 35 centimètres de hauteur, gagne 560.000$ en l’espace de trois ans seulement (2018-2021).

Quelques plus-values enregistrées en 2021

Artiste Œuvre Prix Date Maison de ventes
Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988) Untitled (One Eyed Man or Xerox Face) (1982) 30.173.038$ 24/05/21 Christie’s, Hong Kong
23.100$ 05/11/87 Sotheby’s, New York
LIU Ye (1964) Yellow and blue for M (蒙德里安的黄和蓝) (1995) 1.131.190$ 21/04/21 Poly Auction, Hong Kong
4.462$ 04/05/95 Sotheby’s, Hong Kong
ZHANG Daqian (1899-1983) Temple at the mountain Peak (1967) 26.928.944$ 24/05/21 Christie’s, Hong Kong
259.000$ 28/04/96 Christie’s, Hong Kong
Kenneth NOLAND (1924-2010) Untitled (1956) 126.000$ 12/03/21 Sotheby’s, New York
1.320$ 25/04/86 Sotheby’s, New York
ZAO Wou-Ki (1921-2013) Zitterlein (1956) 4.725.761$ 03/06/21 Sotheby’s, Paris
54.950$ 07/11/02 Auktionsverket, Stockholm
© Artprice

→ Hong Kong (Chine) affiche des plus-values parmi les plus éclatantes de l’année. Elles concernent des œuvres des artistes chinois Zhang Daqian et Liu Ye, et de l’américain Basquiat, dont les plus importantes toiles étaient auparavant réservées à la place de marché new-yorkaise. Autres progressions remarquables: le prix d’une œuvre de Zao Wou-Ki est multiplié par 86 et celui d’une œuvre de Kenneth Noland par 95. Ces puissantes revalorisations reflètent la progression constante de leur cote depuis 20 ans (Kenneth Noland, +1.325% depuis 2000. Zao Wou-Ki, +1.247%).