Edito de thierry Ehrmann, fondateur d’Artprice et président d’ArtMarket.com : “La croissance du Marché de l’Art repose sur la confiance”

Chaque œuvre d’art est une singularité, mais elle n’est pas isolée des autres. C’est ce que racontent les plus belles ventes de l’année 2019. La toile Meules (1890) de Claude Monet fait partie d’une des séries les plus célèbres qui soient, dont les autres versions appartiennent aux plus grands musées. Même chose pour la sculpture Rabbit (1986) de Jeff Koons qui existe en trois exemplaires (plus une épreuve d’artiste) et pour Buffalo II (1964) de Robert Rauschenberg. Ces liens entre les œuvres qui circulent en salles de ventes et celles que l’on contemple dans les musées forment un réseau qui consolide la place de chacune d’entre elles.

Duchamp disait à très juste titre que “c’est le regardeur qui fait l’œuvre”. Or le regardeur fait nécessairement des liens avec ce qu’il a vu ailleurs. Dans ce sens, la prolifération des musées, des fondations, des collections stabilise le Marché de l’Art et en particulier celui de l’Art Contemporain. Ce segment, qui pesait moins de 100m$ il y a 20 ans, totalise près de deux milliards de dollars cette année. Et c’est sur un sentiment de confiance qu’est bâtie cette croissance.

Toute œuvre d’art garde nécessairement sa part de mystère. Mais le regardeur, qu’il soit amateur, collectionneur ou professionnel, est à la recherche de repères pour comprendre la place des oeuvres et comment leurs prix se construisent. Ce n’est pas une coïncidence si les artistes qui s’imposent en salles de ventes ont entre 30 et 40 ans. Ils sont ceux dont le travail a eu le temps de germer, d’être vu, exposé et reconnu.

Le Marché de l’Art est aujourd’hui très mature, capable de traverser les instabilités politiques, comme le prouve la performance de Londres et plus encore celle de Hong Kong. La Chine, qui existait à peine sur le Marché de l’Art en 2000, concentre presque un tiers de sa valeur à présent.

Pour présenter une vision véritablement globale du Marché de l’Art, notre Rapport doit donner à la Chine la place qui est la sienne : celle de la plus sérieuse concurrente des États-Unis. Si son marché possède ses propres codes, il n’en est que plus intéressant. C’est pourquoi notre partenariat avec AMMA (Art Market Monitor by Artron) est crucial et passionnant.