États-Unis et Royaume-Uni mènent la danse en Occident

États-Unis et Royaume-Uni mènent la danse en Occident

Depuis 70 ans, les États-Unis ont toujours une longueur d’avance sur les autres pays pour mettre en lumière et valoriser de nouveaux talents.

États-Unis

Nous ne reviendrons pas ici sur la robustesse du maillage américain, sur le rayonnement des musées les plus incontournables, sur le rôle des plus grandes galeries et des plus importantes maisons de ventes (Christie’s, Phillips et Sotheby’s…). Le cœur du Marché de l’Art mondial bat à New York, où la concentration musclée des grands acteurs de ce domaine influence les ventes à l’international. Il s’agit là d’évidences. New York est depuis longtemps la première place de marché mondiale pour l’art contemporain et son énergie se déploie désormais sur l’art ultra-contemporain.

En effet, si les États-Unis représentent le tiers du produit des ventes aux enchères mondial pour le Fine Art (2021), ils affichent le même niveau de performance pour l’art ultra-contemporain, avec seulement 15% des transactions réalisées dans ce secteur, les montants atteints y étant parmi les plus conséquents au monde.

Quels sont les artistes sur lesquels repose ce marché ultra-contemporain américain ? Une partie de la réponse tient en trois noms : ceux de Matthew Wong, Maria Berrio et Avery Singer, dont les meilleures adjudications affichent sept chiffres, et dont les résultats cumulés au S1 2022 représentent plus de la moitié des performances du pays (54%).

  • Matthew WONG (1984-2019) : artiste rare et recherché, il remporte le produit des ventes semestriel le plus important pour l’art ultra-contemporain : 21,3m$ pour douze œuvres vendues seulement. Or, 80% de ce résultat proviennent de New York.
  • María BERRÍO (1982) : d’adoption new-yorkaise, l’artiste a planté son record d’adjudication à 1,5m$ cette année à New York (Sotheby’s), d’où proviennent 71% de son résultat semestriel.
  • Avery SINGER (1987) : ses œuvres ont déjà intégré une dizaine des plus grands musées américains (dont le MoMA et le Metropolitan) et son record aux enchères culmine à 5,2m$ depuis une vente new-yorkaise en mai dernier (Sotheby’s). Son résultat semestriel provient à 62% des États-Unis, mais aussi à 34% de Hong Kong.

Artistes de moins de 40 ans : distribution géographique du produit des ventes aux enchères de Fine Art et NFT (S1 2022)

Artistes de moins de 40 ans : distribution géographique du produit des ventes aux enchères de Fine Art et NFT (S1 2022)
→ Les performances du Marché de l’Art ultra-contemporain reposent essentiellement sur l’activité des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Chine, y compris Hong Kong. Les trois pays rassemblent 173m$ des 204m$ enregistrés pour la vente d’œuvres d’artistes de moins de 40 ans au cours du premier semestre 2022 et concentrent ainsi 85% de ce marché.

Artistes de moins de 40 ans : Top 20 par produit de ventes Fine Art et NFT aux enchères (S1 2022)

Répartition géographique du produit des ventes
Artiste Produit de ventes New York Londres Pékin Hong Kong Tokyo Paris Autres
1 Matthew WONG (1984-2019) 21.326.103$ 80 % 4 % 0 % 16 % 0 % 0 % 0 %
2 Ayako ROKKAKU (1982) 18.619.531$ 3 % 6 % 0 % 29 % 15 % 1 % 47 %
3 Flora YUKHNOVICH (1990) 12.531.091$ 5 % 95 % 0 % 0 % 0 % 0 % 0 %
4 Aboudia Abdoulaye DIARRASSOUBA (1983) 9.177.854$ 12 % 35 % 0 % 28 % 0 % 20 % 5 %
5 Avery SINGER (1987) 9.170.591$ 62 % 4 % 0 % 34 % 0 % 0 % 0 %
6 Amoako BOAFO (1984) 8.263.929$ 30 % 38 % 0 % 15 % 0 % 0 % 17 %
7 María BERRÍO (1982) 7.556.876$ 71 % 13 % 0 % 16 % 0 % 0 % 0 %
8 Anna WEYANT (1995) 6.455.421$ 61 % 21 % 0 % 19 % 0 % 0 % 0 %
9 Christina QUARLES (1985) 5.598.272$ 81 % 19 % 0 % 0 % 0 % 0 % 0 %
10 Loie HOLLOWELL (1983) 5.519.154$ 26 % 0 % 0 % 55 % 0 % 0 % 20 %
11 Jadé FADOJUTIMI (1993) 4.579.676$ 11 % 89 % 0 % 0 % 0 % 0 % 0 %
12 MR DOODLE (1994) 4.446.143$ 0 % 4 % 0 % 58 % 13 % 0 % 25 %
13 Salman TOOR (1983) 4.283.054$ 44 % 41 % 0 % 15 % 0 % 0 % 0 %
14 Ewa JUSZKIEWICZ (1984) 3.969.027$ 39 % 7 % 0 % 39 % 0 % 0 % 14 %
15 Jordy KERWICK (1982) 3.800.879$ 32 % 24 % 0 % 26 % 0 % 0 % 17 %
16 Issy WOOD (1993) 3.488.391$ 47 % 38 % 0 % 15 % 0 % 0 % 0 %
17 Robert NAVA (1985) 3.248.640$ 5 % 47 % 0 % 46 % 0 % 0 % 1 %
18 Ismail ISSHAQ (1989) 3.185.436$ 20 % 72 % 0 % 9 % 0 % 0 % 0 %
19 Lucy BULL (1990) 2.713.677$ 33 % 13 % 0 % 53 % 0 % 0 % 0 %
20 Rachel JONES (1991) 2.516.003$ 0 % 100 % 0 % 0 % 0 % 0 % 0 %
© artprice.com

→ Dès que la demande s’installe, les maisons de ventes font circuler les œuvres des jeunes stars de l’art contemporain sur les trois places de marché les plus réceptives : New York, Londres et Hong Kong. Il est rare qu’un jeune artiste très en demande reste cantonné à une seule place de marché : un contre-exemple apparaît avec Rachel Jones, dont les œuvres se sont toutes vendues à Londres, mais l’artiste vient seulement d’être introduite aux enchères, donc son marché devrait s’élargir bientôt.

Royaume-Uni

La scène culturelle britannique a toujours joué un rôle de défricheur : des expositions éclectiques y font découvrir les scènes artistiques du monde entier et le marché des enchères est le reflet de cette ouverture d’esprit et de cette diversité. Près de 600 œuvres de jeunes artistes y ont été vendues au cours du premier semestre, pour un montant total de 52m$, soit le quart du résultat mondial.

Certes, le Brexit peut avoir un impact défavorable sur les performances globales du Marché de l’Art britannique : les œuvres importées depuis l’Union européenne étant sujettes à une taxe d’importation de 5% depuis le 1er janvier 2021, le résultat Fine Art du Royaume-Uni s’est replié au cours de l’année 2021, mais il s’est redressé au premier semestre cette année (+26%). Surtout, le Marché de l’Art ultra-contemporain n’est absolument pas touché par le Brexit et se développe au contraire d’un impressionnant +141% entre le S1 2021 et le S1 2022.

Cette vitalité extraordinaire repose en grande partie sur de jeunes britanniques dont les carrières et les cotes s’avèrent tout aussi flamboyantes que celles des américains nouvellement consacrés. Trois Britanniques participent pleinement aux performances du Marché de l’Art ultra-contemporain de leur pays et atteignent, comme les artistes américains, des prix millionnaires. Il s’agit de :

  • Flora YUKHNOVICH (1990) : troisième artiste de moins de 40 ans la plus performante après Matthiew Wong et Ayako Rokkaku, elle doit 95% de son résultat semestriel au marché britannique, soit plus de 11,9m$ (S1 2022).
  • Jadé FADOJUTIMI (1993) : diplômée du Royal College of Art de Londres en 2017, représentée depuis par la galerie Gagosian, qui va l’exposer à la Frieze Londres en octobre 2022, elle réalise 89% de son résultat à Londres (près de 4,6m$, S1 2022).
  • Rachel JONES (1991) : après une exposition acclamée chez Thaddaeus Ropac Londres, la jeune britannique doit l’entièreté de son résultat au marché britannique, où elle obtient 2,5m$ pour trois œuvres vendues.

D’autres signatures incontournables de la nouvelle scène sont tout aussi demandées et aussi performantes dans les salles de Londres que dans celles de New York, notamment Issy Wood (1993), Amoako Boafo (1984) et Salman Toor (1983).