S1 2018 – Bilan Mondial du Marché de l’Art, par Artprice.com
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Le Rapport mondial du Marché de l’Art au S1 2018 :
Tous les indicateurs économiques sont positifs
- Les ventes aux enchères mondiales de Fine Art*, en hausse de +18 %, totalisent 8,45 Mrd$
- Le nombre de transactions reste stable : 262.000 lots vendus, soit une hausse de +2,5 %
- Les USA réalisent une progression colossale de +48 %, avec 3,3 Mrd$
- La Chine**, 2 Mrd$, réduit ses invendus avant un 2nd semestre décisif
- Le Royaume-Uni, +18 %, se positionne juste derrière la Chine : 1,9 Mrd$
- L’UE prend part à la croissance : France +8 %, Allemagne +17 %, Italie +22 %
- L’Art Moderne, pilier du marché haut de gamme, pèse 46 % du chiffre d’affaires global
- Modigliani et Picasso enregistrent tous deux un résultat supérieur à 100m$
- Zao Wou-Ki est l’artiste chinois le plus performant au S1 2018 avec 155 m$
- L’indice des prix de l’Art Contemporain gagne +27 % et rivalise avec le S&P 500
* Ventes aux enchères publiques de Fine Art : peinture, sculpture, dessin, photographie, estampe, installation
** En collaboration avec l’Art Market Monitor of Artron (AMMA)
Une nouvelle stabilité à l’échelle mondiale
Le produit des ventes aux enchères de Fine Art atteint 8,45 Mrd$ sur le S1 2018, soit une progression de +18 % par rapport à l’exercice précédent. Le Marché de l’Art poursuit ainsi la croissance retrouvée au S1 2017 (+9 %) et confirmée au S2 2017 (+32%).
Évolution semestrielle des ventes aux enchères de Fine Art
Sur le long terme, le Marché de l’Art a montré qu’il avait atteint une nouvelle forme de stabilité depuis la crise financière de 2008 et ses répercussions sur l’exercice 2009. Cette stabilité repose sur un très grand nombre de transactions : plus de 250.000 lots vendus aux enchères chaque semestre forment à présent le socle pérenne du Marché de l’Art international.
Les fluctuations annuelles du produit des ventes résultent tout compte fait d’un nombre restreint de lots exceptionnels qui ne constituent qu’une fraction du nombre de transactions : les ventes supérieures à 5 m$ représentent moins de 0,1 % des échanges mais pèsent 40 % du chiffre d’affaires. Ce marché haut de gamme dépend plus que nulle autre de la confiance qui règne sur le Marché, ainsi que du contexte économique général. Preuve que la conjoncture actuelle est particulièrement favorable : 229 œuvres ont été vendues plus de 5 m$ au cours du 1er semestre 2018, soit 66 unités de plus qu’au S1 2017.
Le marché ultra haut de gamme, qui repose sur une poignée de pièces rarissimes (> 100 m$) mises en ventes de façon extraordinaire, impacte désormais lui aussi la performance d’une année toute entière. Rappelons que la vente du Salvator Mundi, le chef-d’oeuvre de Léonard De Vinci acquis pour un montant de 450 m$ par l’émirat d’Abu-Dhabi en novembre dernier, a pesé à lui seul 3 % du chiffre d’affaires mondial pour l’ensemble de l’année 2017.
Les USA de nouveau n°1 grâce à l’Art Moderne
Les grandes maisons de ventes anglo-saxonnes sont parvenues à maintenir sur le S1 2018 l’enthousiasme suscité par la vente historique du Salvator Mundi. La dispersion de la Collection Rockefeller a permis à Christie’s de débuter de manière spectaculaire les prestigieuses sessions new-yorkaises de printemps. La vente du 8 mai 2018 a totalisé à elle seule 646 m$, notamment grâce à la vente de l’une des dernières toiles de la période bleue de Pablo Picasso en circulation, Fillette à la corbeille fleurie (1905), remportée par une enchère à 115 m$ (frais acheteurs inclus).
La Collection Rockefeller, la plus précieuse collection particulière vendue aux enchères à ce jour, comportait un nombre prodigieux d’autres chefs-d’oeuvre du début du XXème siècle, dont Nymphéas en fleur (c.1914-1917) de Claude Monet et Odalisque couchée aux magnolias (1923) d’Henri Matisse, vendues respectivement 85 m$ et 81m$. Quelques jours plus tard, le 14 mai 2018, l’Art Moderne a continué de briller aux enchères, avec la vente de Nu couché (sur le côté gauche) (1917) d’Amedeo Modigliani, adjugé pour 157 m$ par Sotheby’s à New York.
Avec 47.000 lots vendus sur 6 mois, soit une progression de +9 %, les USA restent la première plaque tournante de la planète, devant la France (41.500), la Chine (36.000) et le Royaume Uni (29.000 lots vendus au S1 2018). Près d’une œuvre sur cinq vendues aux enchères dans le monde est aujourd’hui adjugée dans une salle de ventes américaine. Si ce marché reste en grande partie abordable, avec 48 % des lots vendus sous la barre des 1.000$, New York concentre le plus important marché haut de gamme de la planète : les six plus belles adjudications du premier semestre ont été frappées au mois de mai à Manhattan.
Top 10 des œuvres vendues aux enchères au S1 2018
Artiste | Œuvre | Prix (USD) | Vente | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Amedeo MODIGLIANI (1884-1920) | Nu couché (sur le côté gauche) (1917) | 157 159 000 $ | 14 mai 2018 | Sotheby’s New York |
2 | Pablo PICASSO (1881-1973) | Fillette à la corbeille fleurie (1905) | 115 000 000 $ | 8 mai 2018 | Christie’s New York |
3 | Kasimir Sevrinovitch MALEVICH (1878-1935) | Suprematist Composition (1916) | 85 812 500 $ | 15 mai 2018 | Christie’s New York |
4 | Claude MONET (1840-1926) | Nymphéas en fleur (c.1914-1917) | 84 687 500 $ | 8 mai 2018 | Christie’s New York |
5 | Henri MATISSE (1869-1954) | Odalisque couchée aux magnolias (1923) | 80 750 000 $ | 8 mai 2018 | Christie’s New York |
6 | Constantin BRANCUSI (1876-1957) | La jeune fille sophistiquée (1928) | 71 000 000 $ | 15 mai 2018 | Christie’s New York |
7 | Pablo PICASSO (1881-1973) | Femme au bére et à la robe quadrillée (1937) | 68 702 214 $ | 28 févr. 2018 | Sotheby’s Londres |
8 | Pablo PICASSO (1881-1973) | La Dormeuse (1932) | 57 829 046 $ | 8 mars 2018 | Phillips Londres |
9 | Francis BACON (1909-1992) | Study for Portrait (1977) | 49 812 500 $ | 17 mai 2018 | Christie’s New York |
10 | Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988) | Flexible (1984) | 45 315 000 $ | 17 mai 2018 | Phillips New York |
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Un marché extrêmement dynamique et une offre haut de gamme sans équivalence dans le monde font de New York la première place de Marché de la planète sur le S1 2018. Avec une croissance de +48 %, le chiffre d’affaires américain pèse déjà 3,3 Mrd$ sur le S1 2018. Les Etats-Unis redeviennent ainsi temporairement la première puissance mondiale, concentrant 40 % de la valeur totale du Marché de l’Art en ce début d’année.
Répartition géographique du Marché de l’Art au S1 2018
Londres capable de concurrencer New York
Après une année 2016 incertaine, le marché de l’art anglais ne semble plus du tout fragilisé par le processus de Brexit, mais montre à nouveau une santé éclatante. Le Royaume-Uni est sur le point de réaliser une seconde année consécutive en hausse : 1,9 Mrd$ ont déjà été engrangés dans les salles de ventes anglaises sur le S1 2018, alors que l’ensemble de l’exercice 2017 avait totalisé 2,5 Mrd$. Pour y parvenir, Londres peut compter sur la semaine de la Frieze (du 4 au 7 octobre 2018), pendant laquelle sont organisées tout un ensemble de ventes de prestige, qui signifient la reprise des ventes aux enchères pour le second semestre à l’échelle mondiale.
La capitale anglaise continue de concurrencer New York sur le marché haut de gamme, notamment pour les grandes signatures européennes. Londres reste en effet la première plaque tournante de la planète pour les œuvres de Gerhard Richter, l’artiste vivant le plus performant du Marché, mais aussi pour celles de Pablo Picasso. Celui-ci pèse à lui seul 17 % du produit de ventes total en Angleterre au S1 2018 (contre 8 % sur le Marché de l’Art américain).
Mais Londres est aussi devenue une lieu de vente incontournable pour les géants américains de l’Art d’Après-guerre et Contemporain. Ainsi les chefs-d’oeuvre d’Andy Warhol et de Jean-Michel Basquiat sont fréquemment mis en ventes à Londres. A l’inverse, le meilleur de David Hockney, Lucien Freud et même de Damien Hirst s’échange de plus en plus fréquemment de l’autre coté de l’Atlantique.
Répartition géographique du produit des ventes des 20 artistes les plus performants au S1 2018
Répartition géographique | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|
Artiste | Produit de ventes | New York | Londres | Hong Kong | Autres | |
1 | Pablo PICASSO (1881-1973) | 602 865 747 $ | 42 % | 54 % | 0 % | 4 % |
2 | Claude MONET (1840-1926) | 267 055 149 $ | 68 % | 32 % | 0 % | 0 % |
3 | Andy WARHOL (1928-1987) | 175 393 487 $ | 65 % | 31 % | 0 % | 4 % |
4 | Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988) | 162 756 656 $ | 54 % | 40 % | 5 % | 1 % |
5 | Amedeo MODIGLIANI (1884-1920) | 160 869 523 $ | 99 % | 1 % | 0 % | 0 % |
6 | ZAO Wou-Ki (1921-2013) | 154 558 288 $ | 1 % | 0 % | 69 % | 30 % |
7 | Henri MATISSE (1869-1954) | 144 675 227 $ | 77 % | 22 % | 0 % | 1 % |
8 | ZHANG Daqian (1899-1983) | 107 478 086 $ | 12 % | 0 % | 35 % | 53 % |
9 | Kasimir MALEVICH (1878-1935) | 96 248 783 $ | 89 % | 11 % | 0 % | 0 % |
10 | Joan MIRO (1893-1983) | 87 818 817 $ | 80 % | 18 % | 0 % | 2 % |
11 | Gerhard RICHTER (1932-) | 80 720 365 $ | 38 % | 51 % | 5 % | 6 % |
12 | David HOCKNEY (1937-) | 77 358 842 $ | 66 % | 34 % | 0 % | 0 % |
13 | Alberto GIACOMETTI (1901-1966) | 73 528 071 $ | 50 % | 48 % | 0 % | 2 % |
14 | Francis BACON (1909-1992) | 73 156 871 $ | 69 % | 30 % | 0 % | 1 % |
15 | Constantin BRANCUSI (1876-1957) | 71 921 220 $ | 99 % | 1 % | 0 % | 0 % |
16 | QI Baishi (1864-1957) | 64 402 510 $ | 2 % | 0 % | 7 % | 91 % |
17 | Paul GAUGUIN (1848-1903) | 63 511 735 $ | 92 % | 6 % | 0 % | 2 % |
18 | Fernand LÉGER (1881-1955) | 62 655 125 $ | 74 % | 14 % | 0 % | 12 % |
19 | Richard DIEBENKORN (1922-1993) | 62 311 216 $ | 100 % | 0 % | 0 % | 0 % |
20 | Yayoi KUSAMA (1929-) | 61 861 631 $ | 11 % | 10 % | 47 % | 32 % |
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Londres et New York représentent à elles deux 80 % du marché haut de gamme en ce début d’année. Sur les 107 ventes aux enchères supérieures à 10 m$ enregistrées sur le premier semestre 2018, 51 ont été frappées à New York, 37 à Londres, 8 à Pékin, 8 à Hong Kong, 2 en France et 1 à Tokyo.
New York continue cependant d’attirer toutes les pièces absolument extraordinaires. A ce jour, une seule œuvre a dépassé à Londres le seuil symbolique des 100 m$ : la sculpture de L’homme qui marche I (1960) d’Alberto Giacometti, vendue le 3 février 2010 par Sotheby’s. Ce montant a pourtant déjà été dépassé à 13 reprises à New York.
En octobre 2017, Christie’s avait échoué à vendre pendant la Frieze à Londres Study of Red Pope 1962. 2nd Version (1971), une œuvre majeure de Francis Bacon estimée à 130 m$. Les trois plus belles enchères historiques de Francis Bacon ont toutes été frappées à New York, où se concentre cette année encore près de 70 % du produit de ventes du peintre irlandais.
Ventes aux enchères historiques supérieures à 100 m$
Artiste | Œuvre | Prix (USD) | Vente | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Leonardo Da VINCI (1452-1519) | Salvator Mundi (c.1500) | 450 312 500 $ | 15 nov. 17 | Christie’s New York |
2 | Pablo PICASSO (1881-1973) | Les femmes d’Alger (Version ‘O’) (1955) | 179 365 000 $ | 11 mai 15 | Christie’s New York |
3 | Amedeo MODIGLIANI (1884-1920) | Nu couché (1917-1918) | 170 405 000 $ | 9 nov. 15 | Christie’s New York |
4 | Amedeo MODIGLIANI (1884-1920) | Nu couché (sur le côté gauche) (1917) | 157 159 000 $ | 14 mai 18 | Sotheby’s New York |
5 | Francis BACON (1909-1992) | Three Studies of Lucian Freud (1969) | 142 405 000 $ | 12 nov. 13 | Christie’s New York |
6 | Alberto GIACOMETTI (1901-1966) | L’homme au doigt (1947) | 141 285 000 $ | 11 mai 15 | Christie’s New York |
7 | QI Baishi (1864-1957) | Screens of landscapes (1925) | 140 954 580 $ | 17 déc. 17 | Poly Beijing |
8 | Edvard MUNCH (1863-1944) | The scream (1895) | 119 922 500 $ | 2 mai 12 | Sotheby’s New York |
9 | Pablo PICASSO (1881-1973) | Fillette à la corbeille fleurie (1905) | 115 000 000 $ | 8 mai 18 | Christie’s New York |
10 | Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988) | Untitled (1982) | 110 487 500 $ | 18 mai 17 | Sotheby’s New York |
11 | Pablo PICASSO (1881-1973) | Nude, Green Leaves and Bust (1932) | 106 482 500 $ | 4 mai 10 | Christie’s New York |
12 | Andy WARHOL (1928-1987) | Silver Car Crash (Double Disaster) (1963) | 105 445 000 $ | 13 nov. 13 | Sotheby’s New York |
13 | Pablo PICASSO (1881-1973) | Garçon à la pipe (1905) | 104 168 000 $ | 5 mai 04 | Sotheby’s New York |
14 | Alberto GIACOMETTI (1901-1966) | L’homme qui marche I (1960) | 103 689 994 $ | 3 févr. 10 | Sotheby’s London |
15 | Alberto GIACOMETTI (1901-1966) | Chariot (1950) | 100 965 000 $ | 4 nov. 14 | Sotheby’s New York |
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La Chine réduit ses invendus avant un 2nd semestre déterminant : plus que jamais le Soft Power est engagé avec les USA
Avec un total de 2 Mrd$, la Chine (Hong Kong et Taïwan inclus) se maintient en deuxième position dans le classement des grandes places de marché mondiales. La meilleure enchère a été enregistrée par Poly Hong Kong pour une toile du peintre abstrait Zao Wou-Ki, Et la terre était sans forme (1956-1957), 23,3 m$. Malgré ce record, les ventes aux enchères enregistrent une baisse de -7 % sur le S1 2018.
Heureusement, la restructuration du marché de l’art chinois possède un bienfait certain, avec des lois très contraignantes pour supprimer les impayés, grâce à une obligation de s’acquitter au comptant des achats d’oeuvres d’art. Une pareille position ravirait les maisons de ventes occidentales.
Si le nombre d’oeuvres mis en ventes fléchit de -35 % en ce début d’année, ce sont principalement les lots invendus qui amortissent la contraction. Le taux d’invendus passe ainsi de 68 % (au S1 2017) à 57 % (S1 2018). Plus d’un lot sur deux n’est donc toujours pas attribué aux enchères en Chine, ce qui reste très élevé en comparaison des taux affichés par les pays occidentaux : Etats-Unis 22 %, Royaume-Uni 29 %, France 40 %. La réorganisation actuelle du marché chinois pourrait permettre d’atteindre une structure nettement plus efficiente au cours des prochaines années, avec un taux d’invendus inférieur à 50 % en Chine.
La rivalité du Soft Power pour le contrôle du Marché de l’Art avec les Etats-Unis se jouera donc cette année encore, comme en 2016 et 2017, sur le 2nd semestre. C’est en effet au mois de décembre que les plus prestigieuses ventes aux enchères sont désormais organisées à Pékin. Quatre des cinq meilleurs résultats chinois de l’année 2017 ont été frappés quelques jours avant la clôture de l’exercice. Ce sera encore en fin d’année vraisemblablement que le marché chinois montrera toute sa puissance et disputera aux USA la place de première puissance du Marché de l’Art mondial en 2018.
L’Europe participe discrètement à la croissance
L’annonce d’un Brexit « dur » n’est pas parvenue à modifier profondément la structure du Marché de l’Art européen. L’Europe continentale (920 m$) est toujours loin de concurrencer le triumvirat, fermement installé, que forment les Etats-Unis, la Chine et le Royaume Uni.
Contribution des pays européens à la croissance globale au S1 2018
Produit de ventes | Evolution | |
---|---|---|
Etats-Unis | 3 341 746 766 $ | 48 % |
Chine | 1 997 226 110 $ | -7 % |
Royaume-Uni | 1 873 284 804 $ | 18 % |
France | 372 461 596 $ | 8 % |
Allemagne | 122 765 010 $ | 17 % |
Italie | 118 907 954 $ | 22 % |
Suisse | 76 847 823 $ | 4 % |
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Plusieurs villes européennes conservent toutefois une place solide sur le Marché de l’Art mondial et parviennent à se développer parallèlement aux grandes puissances. Dans l’ombre de Londres et New York, Paris, Milan, Vienne, Berne, etc. résistent à la pression anglo-saxonne et asiatique, en défendant un Marché de l’Art extrêmement dynamique au détriment du haut de gamme.
La capitale française compte plus de 25.000 lots Fine Art vendus aux enchères sur le seul premier semestre 2018 . Grâce à l’Hôtel des ventes Drouot mais aussi aux maisons Artcurial, Tajan, Aguttes, Cornette de Saint Cyr et tant d’autres, Paris ne repose pas entièrement sur les performances des géantes Sotheby’s et Christie’s. La capitale française se maintient comme la 5ème place de marché de la planète et continue d’espérer reprendre un jour la place de Londres en Europe.
Paris concentre à elle seule 87 % du chiffre d’affaires français mais de très belles ventes peuvent être enregistrées ponctuellement en Province. Le 27 janvier 2018, Jack-Philippe Ruellan a vendu La Chasse au taureau sauvage (Banteng) (1855) de Raden Saleh, une toile retrouvée dans une cave de particulier en Bretagne, plus de 11 m$ à Vannes.
Le marché allemand, mieux disséminé à travers les grandes villes, réalise une croissance de +17 % par rapport au S1 2017. Les maisons de ventes Kornfeld, Grisebach, Ketterer, Lempertz, Van Ham et Koller font toutes les six partie des 30 maisons de ventes les plus efficientes du Marché de l’Art mondial.
Top 30 des maisons de ventes par chiffre d’affaires Fine Art sur le S1 2018
Maison de ventes | Produit de ventes | Lots vendus | Meilleur résultat | |
---|---|---|---|---|
1 | Christie’s | 3 032 226 760 $ | 7 682 | 115 000 000 $ |
2 | Sotheby’s | 2 223 739 467 $ | 7 065 | 157 159 000 $ |
3 | Phillips | 434 526 815 $ | 2 430 | 57 829 046 $ |
4 | Poly | 325 151 003 $ | 1 779 | 23 305 301 $ |
5 | China Guardian | 271 050 930 $ | 3 763 | 19 649 625 $ |
6 | Council | 226 335 666 $ | 1 238 | 16 076 966 $ |
7 | Bonhams | 84 699 221 $ | 3 436 | 2 915 332 $ |
8 | RomBon | 77 179 521 $ | 1 052 | 3 606 882 $ |
9 | Artcurial | 55 628 304 $ | 1 830 | 8 258 341 $ |
10 | Dorotheum | 37 810 854 $ | 2 738 | 651 399 $ |
11 | Galerie Kornfeld | 37 238 101 $ | 707 | 3 459 998 $ |
12 | Seoul Auction | 35 650 477 $ | 252 | 8 882 941 $ |
13 | Beijing Hanhai Art | 30 276 932 $ | 2 406 | 729 938 $ |
14 | Mainichi Auction Inc. | 29 615 086 $ | 4 528 | 2 204 077 $ |
15 | K-Auction | 26 179 562 $ | 393 | 2 304 522 $ |
16 | Grisebach | 25 539 656 $ | 707 | 6 449 754 $ |
17 | Ketterer Kunst | 24 328 975 $ | 614 | 971 503 $ |
18 | Sungari International | 23 654 731 $ | 246 | 1 777 107 $ |
19 | Shanghai DuoYunXuan | 20 834 687 $ | 1 608 | 3 094 923 $ |
20 | Lempertz | 19 893 340 $ | 713 | 1 069 474 $ |
21 | Beijing ChengXuan | 18 941 492 $ | 536 | 2 858 127 $ |
22 | Heritage Auctions | 17 743 468 $ | 2 416 | 762 500 $ |
23 | Asta Guru | 17 385 696 $ | 121 | 3 080 487 $ |
24 | Ravenel | 17 266 967 $ | 167 | 5 156 649 $ |
25 | Farsetti | 16 914 824 $ | 797 | 1 066 887 $ |
26 | iART | 16 595 405 $ | 216 | 10 116 533 $ |
27 | Bukowskis | 16 403 523 $ | 1 055 | 2 044 019 $ |
28 | Van Ham | 16 349 697 $ | 963 | 936 589 $ |
29 | Koller | 15 406 149 $ | 871 | 1 760 101 $ |
30 | Saffronart | 15 389 266 $ | 191 | 3 891 261 $ |
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L’Italie réalise également une très belle performance sur le premier semestre 2018. Avec 14.650 lots vendus pour un total de 118 m$, elle enregistre une croissance de +22 %. La présence à Milan de Sotheby’s et Christie’s permet au marché italien de conserver une offre de très grande qualité, avec des pièces importantes des plus belles signatures nationales du XXème siècle : Piero Manzoni, Lucio Fontana, Salvatore Scarpitta ou Alighiero Boetti.
L’Italie demeure la 6ème puissance du Marché de l’Art mondial, mais ne pèse que 1,4 % du produit des ventes de la planète. Tout comme l’Allemagne (1,5%), la Suisse (0,9%) ou l’Autriche (0,6%), l’Italie repose davantage sur tout un ensemble de maisons de ventes de moyenne taille (réparties pour l’essentiel dans la partie nord du pays). Ce réseau assure un marché extrêmement intense et diversifié : Farsetti à Prato (800 lots vendus), Il Ponte Casa D’Aste à Milan (1.300) ou Meeting Art à Verceil (2.000 lots).
Domination de l’Art du XXème siècle
L’Art du XXème siècle représente 80 % du produit total des ventes aux enchères sur le 1er semestre. Les œuvres réalisées après la seconde guerre mondiale sont sans aucun doute celles qui bénéficient de la plus grande médiatisation et pour lesquelles les prix progressent le plus rapidement. Mais les collectionneurs montrent un engouement insatiable pour les œuvres réalisées entre 1900 et 1940, période qui rassemble non seulement les derniers chefs d’oeuvres impressionnistes mais qui, aussi et surtout, a vu l’avènement de l’Art Moderne.
Cette période pèse à elle seule près de la moitié des recettes totales de Fine Art et 40 % des lots vendus. Les artistes modernes ont été particulièrement prolifiques, grâce à une approche plus libre et intuitive de la création artistique. Leur importance dans l’histoire de l’Art ne cesse d’être mise en avant, et les enchères spectaculaires sont particulièrement fréquentes : parmi les 10 œuvres les plus chères du S1 2018, huit ont été réalisées entre 1900 et 1940.
L’abstraction russe se voit ainsi tout à coup propulsée à nouveau sur le devant de la scène avec la vente pour 85,8 m$ de Suprematist Composition (1916) de Kasimir Malevich, le 15 mai 2018 chez Christie’s à New York. La valeur de cette toile, acquise pour 60 m$ en novembre 2008, a progressé de +43 % au cours des dix dernières années, soit un retour sur investissement annuel de +4,5 %. Avec ce nouveau record, Malevich prend la 9ème place du dernier classement Artprice, derrière 3 autres monstres de la peinture moderne : Picasso #1, Modigliani #5 et Matisse #7.
Claude Monet est le seul artiste du XIXème siècle à se hisser une fois encore parmi les 10 plus belles performances du S1 2018. C’est pourtant une oeuvre exécutée au cours de la première guerre mondiale, Nymphéas en fleur (c.1914-1917), qui réalise le 4ème meilleur résultat du semestre. Une toile de Vincent Van Gogh, Vue de l’asile et de la Chapelle St-Paul de Mausole (1889), vendue 39, 6 m$, et une petite huile sur toile de Paul Gauguin, La Vague (1888), 35,2 m$, attestent que les chefs-d’oeuvre du XIXème siècle deviennent de plus en plus rares, si bien que les prix grimpent rapidement pour les œuvres de bonne qualité, même lorsqu’il ne s’agit pas d’ œuvre maîtresse.
L’Art Ancien n’a pas encore véritablement brillé en salles de ventes en ce début d’année : la plus belle enchère, à 18,7 m$, a été enregistrée à Hong Kong, le 3 avril 2018 chez Sotheby’s pour River Qingxi in Mists de Qian Wencheng (1720-1772). Il s’agit de la 46ème plus belle enchère du semestre seulement.
Répartition du produit des ventes par période de création
L’Art du XIXème siècle et l’Art Ancien laissent désormais la place aux œuvres d’Après-guerre et contemporaines. Ces deux périodes les surpassent à présent aussi bien en nombre de transactions que de chiffre d’affaires. Les œuvres de la seconde moitié du XXème et celles du XXIème siècle abondent sur le Marché, mais la demande est plus grande encore. Warhol #3, Richter #11 et Hockney #12 ne s’essoufflent pas en salles de ventes, au contraire. Flexible (1984) de Jean-Michel Basquiat s’est envolée pour 45 m$, le 17 mai 2018 chez Phillips à New York, tandis qu’une sculpture monumentale de Jeff Koons, Play-Doh (1994-2014), a été acquise pour 22,8 m$ le même jour chez Christie’s.
Zao Wou-Ki (1921-2013) est l’artiste chinois le plus explosif de ce début d’année. Les ventes du peintre expressionniste se répartissent essentiellement entre Hong Kong (74%) et la France (14 %), qui lui consacre une imposante rétrospective au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (du 1 juin 2018 au 6 janvier 2019). Outre ses grandes toiles, le marché regorge de petites œuvres de Zao Wou-Ki : 25 dessins et 193 estampes ont été vendus aux enchères au S1 2018, pour des prix moyens respectifs de 75.000$ et 4.200$.
La plus belle enchère pour une artiste femme revient à l’expressionniste américaine Joan Mitchell. Le 17 mai 2018, Blueberry (1969) s’est envolée bien au-delà des estimations de Christie’s (5 m$ – 7 m$) et vient établir un nouveau record personnel à 16,6 m$. Au début du mois de mai, la galerie David Zwirner avait annoncé publiquement qu’elle représenterait désormais en exclusivité la Fondation Joan Mitchell. Une première exposition solo de l’artiste a été prévue à New York en 2019 mais le Marché n’a pas attendu pour réagir à cette annonce. L’indice des prix de Joan Mitchell a progressé de +24 % depuis janvier 2018. Sur les quinze dernières années, la valeur de ses toiles s’est envolée : 100 $ investis en 2003 valent en moyenne 1 000 $ aujourd’hui.
Investir dans l’Art
L’Art d’Après-guerre et l’Art Contemporain sont aujourd’hui les deux segments pour lesquels les prix augmentent le plus nettement sur le court, le moyen et le long-terme. Ces deux périodes de création profitent d’une demande exponentielle, que l’offre est capable de suivre. Toutes les autres périodes, au contraire, assistent à une forme de dilution progressive des prix : les pièces majeures devenant de plus en plus rares, la qualité tend immanquablement à diminuer dans l’ensemble.
Indices Artprice par période de création – Base 100 en janvier 2000
Au contraire, l’indice Artprice pour l’Art Contemporain affiche une progression remarquable de +27 % sur le S1 2018. Cette performance repose sur une prise de valeur extrêmement rapide pour de nombreux artistes en pleine activité, dont les Américains Kerry James Marchall, Mark Bradford ou encore George Condo. Les travaux de ce peintre américain, apparaissent à présent en salles de ventes et atteignent d’imposants sommets. Le 17 mai 2017, Christie’s a vendu pour la première fois aux enchères Nude and Forms (2014) pour plus de 6 m$ à New York.
Sur le long terme, l’Art Contemporain et l’Art d’Après-guerre rivalisent avec les marchés financiers. Depuis 2000, les indices de ces deux périodes affichent un rendement général comparable à celui du S&P 500.
Indices Artprice vs. S&P 500 – Base 100 en janvier 2000