Wassily Kandinsky – Munich, Paris, New-York

[20/04/2009]

 

Peintre, mélomane, enseignant, théoricien de l’art et fondateur de l’art abstrait, Wassily KANDINSKY a poussé la peinture dans ses retranchements, l’émancipant des objets afin d’atteindre un art de l’immatériel. Le titre de son premier ouvrage conceptuel sur l’art abstrait “Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier” fait voyager la peinture sur une voie métaphysique par la seule force d’expression des formes et des couleurs. A l’instar de la musique, l’œuvre peinte s’adresse à l’âme pour Kandinsky (rappelons qu’il fut un admirateur puis un ami d’Arnold Schönberg). Sa force d’éveil vient de traverser le siècle sans perdre en vivacité, comme en témoigne l’actuelle rétrospective qui lui est consacrée. Après la Städtische galerie im Lembachhaus de Munich et avant de s’exposer au musée Guggenheim de New-York (automne 2009), l’hommage à Wassily Kandinsky fait escale au Centre Georges Pompidou de Paris jusqu’au 10 août 2009.

En salles des ventes, les pièces maîtresses intègrent les ventes de Londres et de New-York qui génèrent à elles seules 87% du chiffre d’affaires annuel. New-York détient la palme des records de Kandinsky avec deux adjudications au-delà des 10M$, la première en mai 1990, au pic de la dernière bulle spéculative et la seconde en novembre 2008, au moment où le marché de l’art vacillait. Le 6 novembre 2008 en effet, Christie’s présentait à New-York Studie zu Improvisation 3, une toile de 1909 témoignant du passage historique de Kandinsky de la figuration à l’abstraction. L’œuvre fut frappée 15M$ et devint le deuxième plus beau coup de marteau pour l’artiste, derrière Fugue, vaste toile de 1914 adjugée 19M$ en 1990. L’Improvisation de 1909 était cependant pressentie pour déclasser Fugue et aurait certainement atteint son estimation haute de 20M$ six mois plus tôt.

L’année 2008 fut le plus beau millésime que Kandinsky ait connu sur le marché des enchères. Les 15M$ décrochés par Studie zu Improvisation 3 lui ont permis de gagner 28 places dans le classement des artistes les plus cotés en 2008, avec un chiffre d’affaire annuel de 39,2M$, contre 25,6M$ l’année précédente. Il tenait, au terme de l’année 2008, la 28ème position du classement des artistes établi par Artprice et signait son record pour un dessin avec une technique mixte très rythmée de 1922 frappée 2,55M$ le 24 juin 2008 à Londres (Christie’s).

Les petits formats à l’huile, d’une vingtaine ou d’une trentaine de centimètre, s’échangent entre 300 000 et 600 000$ en moyenne. Des travaux abstraits sur papier (encre, aquarelle ou crayon) sont néanmoins accessibles dans une fourchette de prix 10 fois moindre. Le 5 février 2009, Christie’s proposait à Londres quatre œuvres sur papier, dont une encre de chine de 1925 (Zichnung für Punkt und Linie zu Fläche). Très pure et très dynamique, elle triplait son estimation basse malgré un papier endommagé par l’humidité. A 28 000£, soit 40 412$, cela demeure une belle acquisition pour l’un des artistes les plus révolutionnaires et les plus prisés du XXème siècle. Certains dessins aquarellés, bien datés et en bon état peuvent être mieux cotés qu’un travail à l’huile. Le prix d’un petit format (20cm) est même susceptible de s’envoler s’il s’avère que le sujet et la date en font une œuvre historiquement clef dans l’évolution artistique du peintre. Ce fut par exemple le cas en décembre 2005, lors de la présentation de Entwurf zu Komposition IV, une aquarelle réalisée à l’heure de la fondation de Der Blaue Reiter en 1911. Estimée 140 000€, le précieux papier s’envolait à 430 000€ (506 798$) à Hambourg, chez Hauswedell & Nolte.

Soumis aux aléas des rares chef-d’œuvre proposés aux enchères, la progression de la cote de Wassily KANDINSKY sur la dernière décennie est en dents de scie. Entre 1998 et 2008, la progression enregistrée est assez belle pour être soulignée : 100 euros investis sur une œuvre du maître abstrait en 1998 valaient en moyenne 234 euros en décembre 2008. L’envolée de ses prix s’est dynamisée entre 2006 et 2007, avec une hausse de près de 30% sur cette brève période, avant de fléchir l’an dernier, souffrant des incertitudes et de l’état de fébrilité du marché.