Nicolas de Staël

[23/02/2003]

 

Le prix des œuvres de Nicolas de Staël, artiste phare de l’art moderne français, est aujourdh’ui au même niveau qu’il y a 5 ans. Néanmoins, des hausses de prix ne sont pas à exclure dans les prochaines années

Peintre français d’origine russe, Nicolas DE STAËL eut beaucoup de mal à imposer son style en début de carrière. Les années 40 marquent une sombre période d’incertitude et de privation. Comme toutes celles qui sont organisées jusque-là, son exposition de 1945 à la Galerie Jeanne Bucher est peu remarquée. Soutenu par Theodore Schempp aux Etats-Unis et Jacques Dubourg en France, il connaît le succès en 1950. Il voyage alors aux frontières de l’abstraction en travaillant au couteau, par empâtement, en créant des formes de couleurs structurées et lumineuses. Il passe un tournant entre 1951 et 1952 et se lance dans la composition de paysages et de natures mortes selon une approche de la réalité résolument nouvelle. Les derniers travaux de 1954-1955 semblent rechercher plus le genre liquide et transparent. Il met fin à ses jours en 1955, ne parvenant pas à supporter son succès soudain après des années de grande précarité.

Que trouve-t-on aux enchères ?

Son travail n’a en fait duré qu’une quinzaine d’années durant lesquelles il peint plus de 1000 toiles qui oscillent entre la figuration et l’abstraction. Avec Riopelle et Poliakoff, Nicolas de Staël est l’un des peintres de l’école de Paris qui se vend le mieux. Mais aujourd’hui encore, ce sont les toiles postérieures à 1953-1954 qui ont le plus de succès aux enchères. En vente publique, les peintures de cette brève période sont plus nombreuses que celles des 12 années qui précèdent. Aucune toile abstraite des années 40 n’a atteint le million de dollars, alors que l’actuel record à hauteur de 1,9 millions de dollars avec Syracuse, concerne une œuvre de 1954, aux larges aplats très lumineux, isolés entre abstraction et figuration, vendue chez Ader-Picard-Tajan en 1990. Les peintures représentent près de 45% des lots vendus aux enchères. 70% d’entre elles sont adjugées plus de 100 000 dollars. Ses dessins s’échangent généralement aux alentours de 10 000 dollars, mais il faut compter plus de 30 000 dollars pour certains collages sur papier de la fin de sa vie. Quant aux estampes, elles représentent 1/3 des productions de l’artiste proposées à la vente. Elles sont quasiment toutes vendues plus de 1000 dollars.

Les places de marché

Depuis la fin des années 80, son marché s’est ancré dans les pays anglo-saxons qui réalisent près de 90% du chiffre d’affaires. Néanmoins, Paris est la première place de vente en nombre de transactions : elle occupe 35% du volume des ventes. La

 moitié des dessins de l’artiste sont vendus en France. Quant aux estampes, elles sont essentiellement l’apanage de l’Allemagne.

Acheter / vendre

Le prix des œuvres de Nicolas de Staël est resté relativement stable ces dernières années. Même si en 2000, la cote de l’artiste a grimpé suite à quelques beaux résultats, comme Atelier vert, coin d’atelier (1954), adjugé 1,35 millions de dollars le 11 novembre 2000, chez Christie’s NY, depuis elle est retombée au niveau de 1997. Le pic exceptionnel de 2000 tient d’abord à la rareté de l’offre. En 2000, seulement 6 toiles ont été mises en ventes et les 3 qui ont été adjugées se sont véritablement arrachées. Ainsi, Le Havre, vue de la Côte d’Honfleur, estimée 300 000 – 400 000 FRF a trouvé un acquéreur à 1,1 millions de FRF le 21 juin 2000 chez Piasa. Aujourd’hui, il passe bien plus d’œuvres aux enchères ; la demande fait face à une offre et une gamme de produits plus larges qu’il y a trois ans.
Mais les prix atteints récemment sont loin d’être au niveau de 1990. Le 17 avril 2002, une huile de Nicolas de Staël intitulée Marine (1954) mesurant 24 x 33 cm a été vendue 170 000 euros par l’étude de Nicolay. La même œuvre avait été adjugée pour 274 408 euros en juin 1990. La rareté des productions disponibles sur le marché, ainsi que les prix déjà atteints 13 ans auparavant laissent présager de belles marges de progression pour celui qui se porte acquéreur aujourd’hui. Ce marché devrait être soutenu prochainement par une grande exposition au Musée National d’Art Moderne (Paris) (08/03/2003 – 30/06/2003).
Attention toutefois : les lithographies de l’artiste ont déjà été considérablement réévaluées à la hausse ces dernières années. Il fallait débourser 4 300 euros le 23 mars 2002 chez Dörling (Hambourg) pour acquérir Méditerranée, une lithographie de 1952, tirée à 200 exemplaires. La même œuvre était adjugée 1432 EUR en 2001 chez Hauswedell & Nolte, 2422 EUR en 2000 chez Auktionsverket, mais beaucoup moins encore quelques années plus tôt. On pouvait par exemple l’acheter l’équivalent de 543 EUR chez Bonhams en 1998 ! Avec ces récentes progressions, il n’est pas sûr que les estampes affichent des taux de rendement aussi importants que les pièces uniques dans les prochaines années.

    Nicolas de StaëlArtprice Index toutes catégories, base 100 en janvier 1997, devise : EUR   Nicolas de Staël Nombre de lots vendus aux enchères   Nicolas de Staël Parts de marché Répartition par pays du chiffre d’affaires réalisé entre 1992 et 2002 © Artprice