Trois résultats enflammés pour l’Art Contemporain

[24/08/2021]

Ils sont jeunes, talentueux, et ont enflammé les enchères de Tokyo, Londres et Hong Kong… retour sur trois artistes contemporains nous ayant offert quelques-uns des adjudications les plus inattendues de l’année…

 

Tatsuhiro IDE (1984)
Two of us (2019)
estimation basse : 9 493 $
Prix : 480 345,8 $
SBI Art Auction Co, Ltd, Tokyo

Estimée pour moins de 10 000$ et cédée à près de 500 000 ! La vente de Two of us de Tatsuhiro IDE est l’une des plus déconcertantes des derniers mois… Il s’agit bien évidemment d’un record personnel pour cet artiste japonais de 37 ans. Il est vrai que la toile était plus grande, plus importante que ce qu’il est habituellement proposé en salles sous la signature de cet artiste basé à Tokyo, dont le sujet d’élection est un chat en colère (Angry cat) inspiré des cartoons et des mangas avec une grande économie de couleurs (blanc,  gris et noirs…) Le petit chat – aussi identifiable que le Campanion de Kaws – est tout comme lui décliné en peinture, sérigraphie, sculptures et divers objets d’édition. Il est devenu le nouveau companion favori des jeunes collectionneurs nippons !

(image: Tatsuhiro Ide, Angry cat, courtesy Tatsuhiro Ide).

 

Emily Mae SMITH (1979)
Broom Life (2014)
estimation basse : 51 548 $
Prix : 1 591 544 $
Phillips & Poly, Hong Kong

L’envolée de Broom Life n’est pas un cas isolée pour l’américaine Emily Mae SMITH, dont toutes les œuvres offertes aux enchères cette année ont été disputées bien au-delà des estimations. Souvent 10 fois au-delà des prix attendus. En juin dernier cependant, à Hong Kong, Broom Life n’a pas multiplié par 10 mais par 20 son estimation haute, jusqu’à dépasser le millions de dollars, pour finir au prix faramineux de 1,6 m$, frais acheteur inclus. Un record impressionnant pour cette artiste représentée par les galeries Rodolphe Janssen et Perrotin, qui l’a exposé à Tokyo en 2019, à New York en 2020 et à Paris cet été dans le cadre d’une collective. Sur le site du galeriste français, on peut lire à propos du travail de Mae Smith que son iconographie récurrente est “ un manche à balai, dérivé de celui que l’on retrouve dans le Fantasia de Disney (1940). En clin d’œil au Symbolisme, au Surréalisme et au Pop Art, il devient alors son avatar, se référant simultanément au pinceau du peintre, à l’outil domestique associé aux femmes, et au phallus.” Féministe, l’artiste raconte ses histoires en picorant dans toute l’histoire de l’art, autour de ses thèmes clefs que sont l’érotisme, le genre, la corruption, les rapports de forces et de domination.

 

Michael ARMITAGE (1984)
Early portrait (Friend from Bryanston) (2004)
estimation basse : 19 644$
Prix : 574 279
Sotheby’s, Londres

Dans un article publié en avril 2021 (Michael Armitage, brève histoire d’un succès fulgurant), nous décrivons l’arrivée fracassante de Michael ARMITAGE sur la scène internationale. Depuis l’acquisition de l’une de ses toiles par le Metropolitan de New York auprès de la White Cube (Necklacing), les collectionneurs se sont braqués sur celui que l’on considère désormais comme l’un des meilleurs représentants de la nouvelle peinture kényane. En 2019, ses oeuvres ont fait sensation à la 58e Biennale de Venise (May you live in interesting times) et au MoMA à New York (Projects 110: Michael Armitage), tandis que l’une de ses oeuvres (The Conservationists, 2015) s’envolait pour plus d’un million et demi de dollars – 25 fois l’estimation moyenne ! – chez Sotheby’s à New York. Il n’est donc pas si étrange, a priori, de voir une autre de ses toiles partir à plus de 570 000$ contre une estimation basse donnée à moins de 20 000$ fournie par la même maison de ventes… si ce n’est que la toile en question – justement intitulée Early portrait (voir illustration) – est datée de 2004. Il s’agit donc d’une toile “précoce” achevée par Armitage l’année de ses 20 ans… Un tel emballement du prix paraît alors étourdissant, venant récompenser un travail où l’artiste se cherche et n’a pas encore défini le style qui fait la saveur de son travail actuel…