Le palmarès mondial des maisons de ventes
Christie’s se taillait la part du lion l’an dernier avec les exceptionnelles ventes Paul Allen, (1,6 milliard de dollars), Bass et Amman qui dopaient son résultat à 5,8Mrd$. Sans vente de telle envergure, le résultat de Christie’s (Fine Art + NFT) se replie de plus de deux milliards, à 3,5Mrd$. La baisse est de l’ordre de -40%, ou de -16% si l’on exclut l’exceptionnelle vente Paul Allen. Dans le même temps, la société de Patrick Drahi, Sotheby’s, affiche un résultat stable à 3,8Mrd$ (-2% seulement) et prend la première place mondiale. Avec un produit des ventes cumulées de 7,3Mrd$, Christie’s et Sotheby’s réalisent un peu moins de la moitié du résultat mondial (14,9Mrd$), contre plus de 70% au début du millénaire, c’est-à-dire avant la montée en puissance du marché chinois.
Flexibilité requise pour Christie’s et Sotheby’s
Les deux sociétés ont fait preuve d’agilité pour éviter de faire subir aux vendeurs, comme au marché des artistes, le manque d’intérêt pour certains lots. Elles ont préféré baisser des prix de réserve, voire retirer in extremis plusieurs lots des ventes de mai, pour contrer le risque d’invendus ou de résultats trop décevants. Ainsi, la session The Now de Sotheby’s s’est finalement déroulée sans son lot phare, une toile de Yoshitomo NARA annoncée en couverture de catalogue et estimée entre 12m$ et 18m$.
La prudence, l’anticipation, la patience dont ont fait preuve les grands auctionneers dès les ventes de printemps ont permis de traverser une phase de transition aux signaux contradictoires. Finalement, c’est au mois de novembre que Christie’s comme Sotheby’s réalisent leurs plus belles sessions annuelles (640,8m$ pour la vente du soir d’art du 20e siècle de Christie’s et 406,4m$ pour la collection Landau de Sotheby’s).
Les 7 principales maisons de ventes aux enchères par produit des ventes Fine Art et NFT (2023)
Phillips affiche des taux de ventes remarquables
Phillips reste la troisième maison de ventes mondiale avec un résultat de 573m$. Sa performance ralentit tout de même de -21%, après une année 2022 exceptionnelle qui a vu la plus belle adjudication de son histoire : 85m$ pour une toile de Jean-Michel BASQUIAT. La société parvient, depuis quelques années, à proposer des œuvres importantes d’artistes de premier ordre. Cette fois, sa meilleure adjudication va à une œuvre de RICHTER cédée pour 34,8m$ (Abstraktes Bild (636), 1987). Ce tableau faisait partie d’une vente de novembre ayant établi le deuxième résultat le plus élevé de l’histoire de Phillips : 155m$ (en hausse de +11% par rapport à novembre 2022). Par ailleurs, Phillips élargit encore sa clientèle – environ la moitié des acheteurs en 2023 sont des primo-accédants, dont un tiers des collectionneurs du millénaire et de la génération Z – et annonce des taux de réussite de vente supérieurs à 90% pour l’art du 20e siècle et contemporain.
Bonhams vend plus d’œuvres que Christie’s monde
Quatrième société de ventes aux enchères occidentale parmi les dix meilleures mondiales, Bonhams n’a aucunement souffert des aléas du marché et progresse même légèrement comparé à l’an dernier, avec 219m$ annuel. Il faut ajouter à ce résultat 54m$, suite à l’acquisition récente des sociétés d’enchères Bukowskis, Skinner, Bruun Rasmussen et Cornette de Saint-Cyr. Celles-ci forment un vaste réseau de salles de ventes qui renforce l’activité de Bonhams sur les segments de marchés abordables et intermédiaires en pleine croissance (prix inférieur au million de dollars). Avec plus de 19 000 œuvres vendues à travers son réseau mondial, Bonhams s’impose par ailleurs comme la société la plus dynamique quant au volume de transactions réalisées.
Les meilleures sociétés chinoises
China Guardian et Poly Auction, les deux sociétés d’enchères les plus puissantes de Chine, totalisent 1,2Mrd$ pour 15 000 lots vendus au total, dont huit à plus de 10 millions. La meilleure vente annuelle atteint 40,5m$ pour Inkstone washing de WANG Meng, immense artiste actif au 14e siècle dont l’œuvre se vend fin novembre chez China Guardian. Les adjudications les plus remarquables ne sont pas seulement l’apanage de ces deux sociétés leaders car Yongle parvient à vendre pour 33m$ un dessin de CUI Ruzhuo (Rafting In Wind And Rain). Yongle cède finalement peu d’œuvres au regard de ses concurrentes (dont Beijing Rongbao et Xiling) mais elle présente des artistes chinois très suivis par les collectionneurs du pays (aussi bien classiques que contemporains), tout en s’investissant dans la vente aux enchères d’œuvres occidentales, notamment depuis son alliance avec Phillips en 2022.