Ventes Impressionnistes et modernes : la qualité contre la quantité

[25/01/2009]

 

Dans un climat incertain, les auctioneers Christie’s et Sotheby’s ont pris le parti de réduire le nombre d’œuvres de leurs vacations Impressionnistes et modernes et de miser en retour sur la qualité. Le 3 février, la vente du soir Impressionnist & Modern Art de Sotheby’s présente une maigre sélection de 27 lots, soit 3 fois moins d’œuvres que l’an dernier pour la même vente thématique.

Christie’s emboîte le pas le lendemain en réduisant de moitié le nombre de lots proposés (47 lots) par rapport à l’année dernière à la même date. Parmi les œuvres phares, Edgar DEGAS est à l’honneur chez Sotheby’s, Claude MONET chez Christie’s.

Le Degas attendu chez Sotheby’s le 3 février au soir est une sculpture mythique : la Petite Danseuse de 14 ans. Cette œuvre emblématique fut acquise chez le même auctioneer il y a cinq ans. L’adjudicataire fit alors grimper les enchères à 4,5 millions de livres sterling (le 3 février 2004). Elle est estimée aujourd’hui entre 9 et 12 millions de livres. Sotheby’s espère un nouveau record pour ce sujet, loin devant les 7 millions de livres sterling atteints en 2000. L’optimisme des 12 millions espérés s’appuie sur une hausse de 67% de l’indice général des prix de Degas (entre janv. 2001 et janv. 2009) et sur son récent record de 33 millions de dollars pour une Danseuse au repos (soit 20,58 millions de livres sterling). Cette technique mixte de 1879 était adjugée lors des précédentes vacations Impressionnistes de novembre 2008 chez Sotheby’s.

Parmi les autres lots phares de Sotheby’s, un Ernst Ludwig KIRCHNER expressionniste orne la couverture du catalogue : Strassenszene (Street Scene) est attendu entre 5 et 7 millions de livres. Un sujet similaire, de la même année mais beaucoup plus grand, détient le record de Kirchner, à 34 millions de dollars, soit 17,8 millions de livres. La toile Cariatide d’Amedeo MODIGLIANI est estimée 6 à 8 millions de livres. La fourchette de prix est ambitieuse puisque sa cariatide la plus chère jusqu’alors fut frappée 3,1 millions de livres en juin 2006 (Christie’s, London). L’estimation de La Partie de campagne de Fernand LÉGER est quant à elle sévèrement revue à la baisse. Le 12 mai 2008, Sotheby’s espérait la vendre au moins 12 millions de dollars mais ne trouvait aucun acheteur à ce prix. Le 3 février, la fourchette d’estimation est divisée par deux (4 millions de livres sterling, soit 5,5 millions de dollars).
La réussite de la vacation de Christie’s le 4 février repose sur deux œuvres du chef de file de l’impressionnisme Claude MONET : La Promenade d’Argenteuil (1872) et Dans la Pairie (1876). Bien vendues, ces deux toiles pourraient rapporter plus de 20 millions de livres sterling. La plus aboutie des deux, Dans la Pairie, met en scène Camille, l’épouse de Monet. Chapeautée et ombrelle à portée de main, elle est absorbée par sa lecture dans un champ de fleurs. Le sujet est complet, à la fois biographique, intimiste et paysager. Il fut exposé en 1877 pour la troisième exposition Impressionniste. Si sa qualité et son pedigree attisent irrémédiablement la convoitise, son estimation de 15 millions de livres est en revanche très optimiste. Dans la Pairie n’en est pas à sa première présentation en salle, elle décrochait l’équivalent de 8,6 millions de livres sterling en 1999 chez Sotheby’s. Christie’s propose également une toile Nabi d’Édouard VUILLARD, Les Couturières entre 5.5 et 7.5 millions, L’Abandon (Les deux amies) d’Henri DE TOULOUSE-LAUTREC entre 5 et 7 millions de £, ou encore un double portrait féminin d’Amedeo Modigliani, proposé entre 3 500 000 – 5 500 000£.

Les résultats de ces vacations vont donner la tendance des impressionnistes et des modernes pour 2009. Fin 2007 et début 2008, l’indice de l’impressionnisme était au plus haut, renouant en janvier 2008 avec le niveau de prix atteint au pic de la bulle de 1990. Depuis ce sommet, l’histoire semble se répéter : on assiste en effet au déclin brutal de l’indice impressionniste renouant en janvier 2009 avec les chiffres de 1991. A l’époque, la chute des prix fut vertigineuse, accusant 55% de baisse en deux ans.