Ventes Essl : des taux de rentabilité de plus 100 % par an

[21/10/2014]

 

Nouveau Graal des investisseurs et trophée des collectionneurs les plus fortunés de la planète, l’art contemporain peut, en moins de 20 ans, afficher des retours sur investissements de l’ordre de 500 %, 1 000 %, 2 000 % voire 4 000 %… Retour sur quelques cas avec la récente vente « Essl ».

La vente Essl organisée à Londres le 13 octobre 2014 par la grande société Christie’s s’est imposée comme un véritable « off » de la Frieze Art Fair (du 15 au 18 octobre), tant la qualité de la quarantaine d’oeuvres mises à l’encan n’avait rien à envier à la prestigieuse foire londonienne. Celles et ceux qui ne connaissent pas l’ampleur de la collection du couple Agnès et Karlheinz Essl n’ont pas visité les 3 200 m2 du musée Essl situé près de Vienne, en lisière de la forêt de Klosterneuburg. Il s’agit de la plus grande collection privée d’Autriche d’art moderne, d’après-guerre et contemporain, comptant plus de 7 000 oeuvres. Le couple se défait de cette formidable collection suite à une tentative d’expansion infructueuse de la société BauMax de Karlheinz Essl. L’apparition de ces oeuvres aux enchères est aussi une opération de sauvetage pour cette compagnie qui emploie plusieurs milliers d’individus.

La qualité des oeuvres a fait le reste : les signatures de ce premier volet de vente Essl par Christie’s affichait les noms de Gerhard RICHTER, Sigmar POLKE, Georg BASELITZ, Martin KIPPENBERGER du côté des maîtres allemands, tout en présentant des œuvres majeures d’artistes internationaux tels que Cindy SHERMAN, Frank STELLA, Louise BOURGEOIS et Morris LOUIS. Christie’s n’avait jamais enregistré un tel succès : 91% des 43 lots offerts se sont vendus, pour un chiffre d’affaires de 46 861500 £ / 75 306 431 $ frais inclus. Certains oeuvres se sont vendues deux, voire cinq fois au-dessus des estimations préalables.
Parmi les grands atouts de la vente, les cinq oeuvres majeures de Sigmar Polke offertes se sont bien, très bien vendues mêmes. L ‘année 2014 est en somme « l’année Polke » aux enchères comme au musée. Après son décès en 2010 en effet, une importante rétrospective itinérante réunissant plus de 250 oeuvres est lancée à travers l’Europe et les Etats-Unis. Le bal s’est ouvert à Grenoble (France) avant de faire escale au Museum of Modern Art à New York. Elle à cours actuellement à la Tate Moderne de Londres et s’achèvera au Museum Ludwig à Cologne (14 mars-5 juillet 2015). Ces cinq oeuvres dispersées par Christie’s quelques jours après l’ouverture de l’exposition londonienne avaient toutes déjà testé les enchères quelques années plus tôt. Voici les performances incroyables de Polke à l’issue de la vente du 13 octobre :

Untitled (Summer pictures I-IV) réalisée en 1982 est passée de 361 860 £ en 1998 à 3,5 m£. . Taux de rentabilité : 867 % en 16 ans. Arcimi Boldi réalisée en 1984 est passée de 82 848 £ en 2000 à 900 000 £. Taux de rentabilité : 986 % en 14 ans. Für den Dritten Stand bleiden nur noch die Krümel (For the third rank, there are only crumbs) est passée de 235 000 £ en 2003 à 3,8 m£. Taux de rentabilité : 1 517 % en 11 ans. Liebespaar (Lovers) réalisée en 1988 est achetée 72 000 £ en 1995 puis revendue 1,45 m£ le 13 octobre 2014. Taux de rentabilité : 1 914 % en moins de 20 ans. Et enfin, Indianer mit Adler (Indian with eagle) réalisée en 1975 est passée de 106 128 £ en 1997 à 4,5 m£. Taux de rentabilité : 4 140 % en 17 ans.

Le record de Polke s’est établi à 8,15 m$ en 2011, peu après sa mort, avec la toile Dschungel (Jungle) vendue chez Sotheby’s Londres. En mai 2014, le marteau est tombé à 7,5 m$, confirmant une demande volontaire et une haute tenue des prix (Familie II, vendue chez Christie’s New York le 13 mai 2014). La cote de Polke flambe et l’artiste fait désormais partie du marché très haut de gamme de l’art contemporain au même titre que Gerhard Richter, dont une toile affiche une hausse aussi phénoménale que celles de Polke. Il s’agit chez Richter de l’oeuvre intitulée Wolken (Fenster) (Clouds (Window)). Réalisée en 1970, elle atteignait, le 13 octobre dernier, son estimation basse de 500 000 $ en 1997 pour se revendre 5,5 m£ / 8 844 000 $.

Les autres chef-d’oeuvres de la collection Essl signés Rosemarie TROCKEL, Lucio FONTANA, Pierre SOULAGES, Frank STELLA ou Morris LOUIS vendus le même jour affichent tous des taux de rentabilité annuel de plus de 100 % par rapport à leur première année d’acquisition aux enchères.