Ventes de Paris du 3 au 5 décembre : les incontournables

[25/11/2013]

 

Christie’s et Sotheby’s ouvrent leurs ventes d’art contemporain, impressionniste et moderne entre le 3 et le 5 décembre à Paris : 320 lots au total des plus belles signatures de la scène française et internationale vont être dispersées pour des estimations annoncées entre 1 000 et 10 millions d’euros.

Le clou des ces trois jours de vente est l’apparition d’une toile d’Amedeo MODIGLIANI estimée entre 7 et 10 m€ chez Sotheby’s le 4 décembre. Il ne s’agit pas d’un portrait de femme, œuvres les plus cotées de l’artiste dont le record culmine à 61,5 m$ avec La Belle romaine, mais de Roger Dutilleul qui s’avéra un véritable pionnier dans la collection d’œuvres d’art moderne de la première moitié du XXème siècle. En 15 ans d’achats méthodiques, Monsieur Dutilleul s’est constitué un trésor incluant Braque, Picasso, Klee, Kandinsky, Soutine, Miro et quelques œuvres fauves parmi tant d’autres. La toile de Modigliani offerte, datée de 1919, n’est pas pressentie pour détrôner le record pour un portrait masculin, détenu depuis 2006 par Le Fils du concierge adjugé 21,8 m€ (27,75 m$, Sotheby’s New York, 7 novembre 2006), mais il pourrait devenir son 3ème ou le 4ème record d’enchère dans le genre.

Sept autres œuvres phares sont attendues pour passer le seuil du million d’euros entre le 3 et le 4 décembre chez Sotheby’s. Trois œuvres pour la cession contemporaine avec Pierre Soulages, Zao Wou Ki et Joan Mitchell puis quatre le lendemain avec Tamara de Lempicka, Wassily Kandinsky, Pablo Picasso et Joan Miro.

Parmi ces propositions, deux raretés sont à souligner : les Deux nus en perspective de Tamara DE LEMPICKA et la sculpture en bronze intitulée Souvenir de la Tour Eiffel de Joan MIRO. La première est une denrée rare : ces deux nus féminins de 1925 estimés 1,3-1,8 m€ sont issus dune collection parisienne dont ils n’avaient pas bougé depuis 1980. Ce lot est la toile la plus importante de Tamara de Lempicka proposée depuis un an aux enchères. La dernière œuvre de ce niveau, Nu sur une terrasse, datée de la même année 1925, atteignait 1,56 m€ (2 m$) chez Sotheby’s le 8 novembre 2012.

Autre rareté, Souvenir de la Tour Eiffel est une sculpture de plus de trois mètres de Joan MIRO fondue en 1977 sur 6 exemplaires seulement. Elle pourrait, dans sa fourchette d’estimation de 1,4 à 1,8 m€, s’inscrire comme la quatrième meilleure enchère de l’artiste en sculpture.

Les deux maisons de ventes se font concurrence avec Joan MITCHELL mais l’œuvre proposée par Christie’s est la plus attendue : un tableau majestueux de près de 5 mètres (163 x 488 cm) intitulé Aquarium et achevé en 1967. Il s’agit également d’un cas de revente à 20 ans d’intervalle qui témoigne de l’impressionnante flambée des prix de l’artiste. Car Aquarium a été adjugé une première fois en 1993 l’équivalent de 207 000 € (230 000 $, 10 novembre 1993, Sotheby’s New York) et se voit proposer aujourd’hui dans une fourchette d’estimation comprise entre 2,2 et 3,3 m€… 2 à 3 m€ de plus-value en 20 ans, un indice de prix en hausse de près de +250% sur la décennie, Joan Mitchell est l’une des artistes les plus prisées de la scène occidentale et attirera autant les collectionneurs européens qu’américains début décembre.

L’autre bijou de Christie’s est une œuvre majeure signée Martial RAYSSE: Quinze août, est une toile de 1964 exécutée dans une palette vibrante, dont l’intensité du orange est augmentée par la présence d’un néon. Cette œuvre est pressentie pour figurer sur le podium des enchères de l’artiste dans son estimation de 1,5 à 2 m€… il s’agirait là de son cinquième résultat millionnaire et le second frappé à Paris, car Martial Raysse est l’un des rares artistes français très demandé par les anglo-saxons (près de 41% du produit de ventes annuel est enregistré à Londres). Sa cote explose depuis 2008 et Raysse affiche déjà une hausse de prix de l’ordre de +890% à l’échelle de la décennie.

Paris oblige, d’autres Nouveaux Réalistes seront présents lors de ces vacations, notamment Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely ; quelques surréalistes (Miro, Magritte) ou proches comme l’ancien compagnon de route Simon HANTAÏ (Etude de 1971, 235 x 208,3 cm, pliage bleu tranchant sur fond blanc vif estimé 400 000-600 000 €).

Autres raretés : un petit Nicolas DE STAËL bien daté de 1952, qui n’avait pas bougé de sa collection depuis 1959, est proposé entre 120 000 et 180 000 € et une toile de l’artiste américain Peter SAUL – qui vécu à Paris entre 1958 et 1962 – est annoncée entre 100 000 et 150 000 €. Elle pourrait établir le nouveau record de Saul sur la place de marché parisienne.