Ventes d’automne 2010 : reprise de la compétition !

[16/11/2010]

 

Le produit des ventes de novembre 2010 a doublé par rapport à celui de 2009.
Les vacations new-yorkaises de novembre 2010 ont en effet généré 1,1 milliard de dollars (contre 524 m$ en novembre 2009) et cinq cessions ont dépassé les 100 m$ de recettes (hors frais) cette année contre une seule en 2009 (vente impressionniste et moderne de Sotheby’s). Les ventes new-yorkaises n’avaient plus atteint de tels sommets depuis mai 2008 (1,5 M$).
Parmi les faits marquants de cet automne aux enchères, nous retiendrons la meilleure vente jamais réalisée chez Phillips de Pury & Company, des taux d’invendus sous le seuil des 10% pour les vacations contemporaines de Sotheby’s et Christie’s, le retour des prix garantis et des signatures stars de l’art contemporain.

L’effet Warhol
En déchaînant les passions millionnaires, Andy WARHOL est devenu une valeur étalon du marché de l’art. C’est sous cette signature que les acteurs du marché prédisaient une sortie imminente de la crise de l’art d’après guerre et contemporain le 11 novembre 2009. Ce jour-là, une grande toile du roi Pop art (dont le volume d’affaires fut réduit de moitié entre 2008 et 2009) intitulée 200 One Dollar Bills, triplait généreusement son estimation haute pour une enchère gagnante de 39 m$ (Sotheby’s New York). Le succès de Warhol, considéré comme la première valeur sûre de l’art contemporain, allait entraîné dans son sillage des signatures plus fraîches et sensibles 12 mois plus tard.
Entre octobre et novembre 2010, les enchères millionnaires de Warhol sont au nombre de 24 et l’une de ses pièces majeures, issue de la collection Jose Mugrabi, s’affiche comme le clou du spectacle des ventes de prestige : Men in her life, chef d’œuvre de la cession Phillips orchestrée par Phillipe Ségalot, enterrait une estimation haute de 52 m$, faisant grimper les enchères à 56,5 m$ et signant la seconde meilleure enchère de l’artiste. Ce seul coup de marteau dégageait prêt de la moitié du produit des ventes Phillips ce 8 novembre.
C’est donc grâce à Warhol et à l’opération carte blanche orchestrée par Philippe Segalot que Phillips enregistrait la meilleure vente de son histoire (plus de 119 m$ de recettes ce jour). Ce produit des ventes enterrait de 7 m$ l’ancien record de l’opérateur, enregistré le 7 mai 2001 pour une vacation d’art impressionniste et moderne (New York).
Autres coups de marteau retentissants : une grande bouteille de Coca-Cola décrochait 31,5 m$ le 9 novembre (Sotheby’s), 6,5 m$ au-dessus des estimations tandis qu’une autre icône Pop, Big Campbell’s Soup Can with Can Opener se vendait quant à elle 8,75 m$ sous son estimation basse le lendemain, à 21,25 m$ (Christie’s).
Deux jours après la performance de Men in her life, Roy LICHTENSTEIN confirmait les records du Pop art chez Christie’s avec une la toile de 1964 Ohhh…Alright… cédée 38 m$. A l’instar de Men in her life, l’œuvre provenait d’une collection particulièrement médiatique, celle de Steve Wynn.

L’art contemporain bat les impressionnistes et modernes
L’art contemporain a regagné sa vigueur perdue. Rappelons qu’il fut le segment le plus touché par la crise avec des recettes sombrant de 62% entre 2008 et 2009. En novembre 2010, il rapportait plus à Christie’s et Sotheby’s que des vacations impressionnistes et modernes pourtant pourvues en chefs-d’œuvre.
Le grand retour des signatures stars de l’art contemporain advint le 14 octobre 2010 : Christie’s affichait en lot phare de sa cession Post-War & Contemporary Art la plus grande Butterfly painting de Damien HIRST jamais parue en salles. Malgré une enchère gagnante loin derrière l’estimation basse fournie par la firme, la fresque aux lépidoptères intitulée I am Become Death, Shatterer of Worlds (213.4 x 533.4 cm.) a dépassé le million de livres sterling. Adjugée 1,735m£ contre une estimation de 2,5-3,5 m£, l’oeuvre s’est tout de même affichée comme le meilleur résultat de la vente.
Le mois suivant, Damien Hirst, Takashi MURAKAMI, Maurizio CATTELAN, Cindy SHERMAN et Jeff KOONS reprenaient la compétition : la carte blanche de Philippe Ségalot chez Phillips poussait au-delà du million de dollars deux sculptures de Maurizio Cattelan (Charlie, 2,6 m$ et Stephanie, 2,1 m$), une de Takashi Murakami (Miss ko², 6 m$), Untitled #153 de Cindy Sherman (nouveau record à 2,4 m$). Richard PRINCE qui enregistrait un unique résultat millionnaire en novembre 2009, en a généré quatre les 9 et 10 novembre chez Christie’s et Sotheby’s (Untitled (Check Painting) #12, White Woman, De Kooning, Untitled).

Quant à Jeff Koons, Christie’s osait renouer avec des pièces majeures et sensibles en présentant Balloon Flower (Blue). Vendue 15 m$, l’immense sculpture bleue est certes le troisième prix historique de l’artiste mais la version rouge de cette même œuvre se payait 8 millions de dollars de plus en juin 2008 (Balloon Flower (Magenta), Christie’s Londres, 11,5 m£).
En novembre à New-York, il s’est vendu pour 21 m$ et ravalé entre 8 et 11m$ d’œuvres de Jeff Koons, contre 42 m$ d’œuvres koonsiennes adjugées en novembre 2007. L’un des déboires les plus importants de l’artiste lors de ces ventes 2010 fut celui de Caterpillar Ladder, un fleuron de la vente Phillips dans son estimation de 5,5 m$ – 7,5 m$.

Ces beaux résultats relayent à l’arrière plan des taux d’invendus pourtant importants pour les ventes moins haut de gamme (plus de 39% d’invendus chez Christie’s le 11 novembre et 42% chez Sotheby’s la veille). Les résultats millionnaires donnent pourtant la tendance selon les maisons de ventes et l’action Sotheby’s poursuit sa remontée (près de 45 $ contre un plus bas de 6,89 $ en février 2009), tandis que l’indice de confiance d’Artprice (AMCI) se maintient dans le vert. Les succès du marché haut de gamme agissent comme un stimulant pour l’ensemble du marché de l’art et les intentions d’achat dépassent les 71%.