Vente Sotheby’s et Phillip’s de Pury & Company : arrêt sur quelques coups de marteau

[20/03/2012]

 

Les 8 et 9 mars, Phillips de Pury & Compagny puis Sotheby’s donnaient leurs cessions d’art contemporain de prestige à New York. Pas de chefs-d’œuvre millionnaires à la clef mais de forts résultats confirment les appétits des collectionneurs sur des signatures très ciblées.

Cindy Sherman. Une valeur sûre
On doit à Cindy SHERMAN le meilleur résultat des 2 jours de vacations pour l’un de ses portraits fictifs les plus célèbres, Untitled Film Still #21 (éd. 1/10, 20,3×25,4 cm), dont un exemplaire a trouvé place dans la collection du Museum of Modern Art de New York. Un collectionneur de Philadelphie l’avait acheté directement à l’artiste et en espérait entre 150 000 et 200 000 $ sur l’estimation donnée par Sotheby’s. L’œuvre a explosé ses attentes pour une enchère gagnante à 620 000 $. La veille chez Phillips de Pury & Company, c’est une œuvre plus récente de l’artiste qui enregistrait le meilleur résultat de la vente : Untitled #426, cédée 370 000 $. Sa fourchette d’estimation initiale particulièrement ample, entre 300 000 et 500 000 $, témoignait de l’emballement auquel on peut s’attendre sur une signature aussi brûlante.
L’indice des prix de Cindy Sherman a en effet progressé de 171 % depuis 2007, année de ses 2 premières enchères millionnaires. Depuis, 5 autres photographies de l’artiste ont dépassé le seuil du million de dollars, dont un record de 3,4 m$ frappé chez Christie’s, New York le 11 mai 2011 (Untitled, 1981, 61 x 121,9 cm) qui faisait d’elle, pendant quelques mois, la photographe contemporaine la plus chère du monde (Andreas Gursky reprenant la première place du podium 6 mois après ce record).

Gehard Richter. Artiste vivant le plus valorisé au monde
Pas de vente d’art contemporain de prestige sans œuvre signée Gerhard RICHTER. Classé n°8 au rang mondial des artistes les mieux vendus en 2011 (derrière Daqian Zhang, Baishi Qi, Andy Warhol, Pablo Picasso, Xu Beihong, Wu Guanzhong, Fu Baoshi), Gerhard Richter est le seul artiste vivant présent au Top 10 des artistes mondiaux classés par produit de ventes (devant Fancis Bacon et Li Keran). C’est donc sans surprise que son huile sur papier Montag (1983) décrochait 105 000 $ de plus que son estimation optimiste, soit 455 000 $.
Comme Cindy Sherman, sa cote et ses records se sont envolés au cours de l’année 2011, à tel point que 100 $ investis sur une toile de Gehard Richter en 1998, valent 933 $ en moyenne en 2012 ! Le 9 novembre 2011, quelques heures après qu’Andreas Gursky se soit imposé comme le photographe contemporain le plus cher du monde, son compatriote Gehard Richter plantait un record de 18,5 m$ pour une abstraction de 1997, Abstaktes Bild, chez Sotheby’s New York avant de voir s’envoler, quelques minutes plus tard, sa toile Gudrun à 16 m$, contre une estimation préalable de 5,5 – 7,5 m$. Outre ces récents records, une belle actualité entoure Richter avec l’exposition rétrospective itinérante Panorama (Tate Modern Londres, 6 octobre 2011-8 Janvier 2012; Staatliche Museen Berlin, 12 février – 13 mai 2012; Centre Pompidou Paris, 6 juin – 24 septembre 2012). Cet hommage à 5 décennies de création devrait maintenir une cote au beau fixe.

Au palmarès de Sotheby’s le 9 mars, suivent les trois valeurs sûres : Alexander CALDER (Wichita Mobile vendue 350 000 $, 20,3 x 29,2 x 24,1 cm), Hans HOFMANN (Suspended Shapes, 275 000 $), Keith HARING (Untitled, 235 000 $), quand Roy LICHTENSTEIN (Brushstroke Still Life with Lamp, 250 000 $) Dan COLEN (The Son of a White Man (Air Force Pilot-Plantation Owner), 170 000 $), Dan FLAVIN (Untitled (To Pat and Boo Rohm), 50 000 $), Andy WARHOL (Vesuvius, 200 000 $) et Jean-Michel BASQUIAT (Untitled (Skoll), 180 00 $) attiraient les collectionneurs chez Phillips.

Plus confidentielle pour l’heure, Ruth ASAWA (née en 1926) continue, imperturbable, à s’imposer en salles des ventes. Ses sculptures légères et poétiques, évoquant les lampes Akari d’Isamu NOGUCHI, étaient abordables pour moins de 10 000 $ dans les années 90. Elles atteignent désormais des prix à mesure de son talent, dont cette adjudication de 230 000 $ chez Sotheby’s pour Untitled (S.407), contre une estimation de 120 000 – 180 000 $.

Par ailleurs, Phillips de Pury & Company s’applique à remettre au goût du jour des œuvres plus actuelles et volatiles de Tim & Sue NOBLE & WEBSTER. Le duo anglais, héritier des Young British Artists, fut quelque peu délaissé après un grand emballement de leur cote en 2007. Depuis, Phillips de Pury continue d’intégrer des œuvres importantes à leurs catalogues : le 8 mars dernier, l’installation lumineuse Puny Undernourished Kid/Girlfriend from Hell (3 exemplaires) se vendait timidement à 200 000 $, soit 50 000 $ sous son estimation basse. En 2007, au plus fort du marché, Phillips tentait de vendre cette même pièce au double du prix… échouant malgré la ferveur du moment.
Autre déboire démontrant que les excès 2007-2008 ont laissé des traces : l’acrylique Eye Love SUPERFLAT (2004) de Takashi MURAKAMI se voyait ravalée face à une estimation de 400 000 – 600 000 $. Or, en 2008, des œuvres plus petites de cette série (1 mètre contre 1 mètre et demi ici), se vendaient entre 340 000 et 360 000 $.