Une vision de l’art contemporain au Chili
[23/03/2020]Elodie Fulton, directrice de Ch.ACO – foire annoncée comme reportée le 12 mars pour contrer la propagation de la pandémie de COVID-19 – nous explique comment a évolué l’art contemporain au Chili.
L’idée d’organiser une foire d’art au Chili est née en 2007. Un petit groupe de personnes du monde de l’art, habituées des foires internationales et convaincues du caractère essentiel de ce type d’événement pour stimuler le marché de l’art, ont uni leurs forces et organisé la première édition de Ch.ACO/Chile Arte Contemporáneo (Chili Art Contemporain) en 2009. Celle-ci a connu un franc succès, avec plus de 25 000 visiteurs. Depuis, la foire a développé de manière importante l’industrie des arts visuels au Chili et en Amérique latine. Elodie Fulton, l’une des fondatrices du projet, aujourd’hui directrice de la foire, nous éclaire sur l’évolution et l’avenir du marché de l’art au Chili.
Elodie Fulton, directrice de Ch.ACO
Quelle était l’ambition de la foire Ch.ACO à l’époque de son lancement ?
Ch.ACO a vu le jour à une époque où le Chili tentait de mettre en place des institutions autour de la culture et des arts visuels. Nous avons donc pensé qu’il serait important pour les galeries et les artistes de pouvoir compter sur un marché où il existerait des relations solides entre les différents acteurs du monde de l’art. Non seulement grâce à des institutions promouvant la culture, mais aussi par le biais d’une entité qui donnerait une visibilité internationale au travail des artistes et participerait au rayonnement de l’art chilien dans le monde entier. L’objectif n’était pas nécessairement d’exporter cet art mais d’attirer un large public ici au Chili, et dans le même temps, de démocratiser l’accès à l’art contemporain. Ces dix dernières années, le Chili a connu des évolutions importantes au niveau culturel, de la création d’un ministère des cultures, des arts et du patrimoine en 2018, à l’émergence de nombreux collectionneurs privés, qui ont conscience de l’importance du mécénat public et privé pour le patrimoine du pays. De plus en plus, les institutions privées et publiques comprennent que collectionner est un devoir, et qu’il est important de transmettre, de faire découvrir l’art au grand public.
Comment se porte le marché de l’art au Chili ?
Au Chili, le marché de l’art, entendu comme la relation entre l’offre et la demande, est dans une dynamique très positive. L’art chilien ayant acquis une réputation internationale, la création artistique chilienne suscite un vif intérêt. De nombreux artistes chiliens sont représentés par des galeries étrangères, ce qui bénéficie au marché local. Ces galeries viennent à Ch.ACO pour mieux connaître le travail des artistes chiliens ; c’est donc grâce à la foire s’ils sont ensuite représentés par des galeries internationales. Ce qu’il faut souligner également, c’est qu’avec le marché mondial, les artistes chiliens ont produit des œuvres plus complexes, et élargi leurs perspectives de création. Ceci est très important. Il y a dix ans, l’art chilien s’orientait ou se définissait quasi exclusivement à travers le politique, or, grâce au marché, les expressions sont beaucoup plus diverses.
Quels sont les artistes chiliens les plus convoités par les collectionneurs internationaux ?
De nombreux artistes chiliens sont remarquables, mais avant de répondre à cette question, il faut préciser que pour qu’un collectionneur international s’intéresse à un artiste chilien, il est indispensable qu’un collectionneur national en fasse la promotion. Il y a dix ans, cette règle n’était pas aussi systématique. Il est très important que la Fondation Engel expose en ce moment à la Sala Alcalá 31 de Madrid, parallèlement à ARCO, des œuvres de plus de 30 artistes chiliens. Citons également le cas de l’artiste Paz Errázuriz, dont l’œuvre « La manzana de Adán » a été cédée par le collectionneur Juan Yarur à la Tate Modern de Londres il y a quelques années, ce qui lui a permis d’acquérir une reconnaissance internationale. Cette façon de procéder permet aux artistes chiliens d’intégrer un système, plutôt que d’attendre d’être repérés de manière plus aléatoire. Il est évident que tous les artistes qui ont participé à la Biennale de Venise ont suscité l’intérêt des collectionneurs internationaux. L’idée de la foire est d’inciter ces collectionneurs internationaux à venir voir les œuvres de plus de 150 artistes nationaux.
Et parmi la jeune génération d’artistes chiliens, quels sont ceux qui se démarquent le plus, selon vous ?
Certains artistes nationaux comme Voluspa Jarpa, ont participé à la Biennale de Venise ; nous avons plus de 150 artistes nationaux : des artistes émergents, d’autres en milieu de carrière, des artistes établis, des artistes dans différents milieux.
>La foire avait déjà été reportée de novembre 2019 à mars 2020, à cause des manifestations de l’automne dernier. Plus d’informations sur l’identité du salon : https://www.chaco11.com/