Un Rembrandt d’exception attendu pour 20m$

[16/06/2020]

Il est temps de rompre avec les habitudes et d’innover ! Le calendrier, bouleversé par la pandémie du coronavirus, a permis à Sotheby’s de repenser le format des ventes d’été. Fini le découpage par styles et par époques, place à une vente d’exception réunissant les 500 œuvres des quatre grands domaines de collection: les maîtres anciens, l’art impressionniste et moderne, l’art britannique moderne et d’après-guerre et l’art contemporain. Une telle soirée a pour but de réunir l’ensemble des grands collectionneurs de la planète, quelque soit leur domaine d’élection.

Le décloisonnement des genres et des époques ne fait plus peur depuis la vente record d’un Leonard de Vinci mis en exergue lors d’une session contemporaine (Salvator Mundi, 450m$, Christie’s). Pour les experts de Sotheby’s, les collectionneurs au sens large sont « moins concernés par les catégories du marché de l’art traditionnel et cherchent plutôt à acquérir des œuvres belles et importantes, peu importe où et quand elles ont été réalisées. »

Point d’orgue de ce nouveau format de vente le 28 juillet : une toile rarissime de REMBRANDT pourrait passer les 15 millions de dollars. Ce petit « bijou » de 15 cm sur 20 cm est l’un des trois autoportraits du maître encore en mains privées. Le tableau est daté de 1632. Il représente ainsi Rembrandt à l’âge de 26 ans, en tenue d’apparat, avec un chapeau en feutre et une grande collerette blanche. Selon George Gordon, coprésident des Maîtres anciens pour Sotheby’s, l’œuvre aurait été peinte rapidement, certainement en une seule journée, à une époque où l’atelier de Rembrandt prenait de l’importance. La rapidité d’exécution est trahie par l’analyse de la signature : « il a posé en arrière-plan en premier, mais quand il l’a signé à la fin, le fond était encore mouillé, la signature est donc incrustée dans le fond par son pinceau », toujours selon l’expert de Sotheby’s.

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Rembrandt Harmensz. van Rijn, Self-portrait, half-length, wearing a ruff and a black hat (1632)

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Cet autoportrait a changé de main plusieurs fois au cours de l’histoire. Il a été acquis par le vendeur actuel en 2005 auprès du marchand d’art néerlandais Robert Christiaan Noortman (Noortman Master Paintings). C’est la première fois qu’il est mis aux enchères depuis 1970, année de sa vente à Londres par Sotheby’s à Londres pour 650 £ seulement au collectionneur parisien J.O. Legenhoek. A l’époque, le tableau n’était pas encore attribué à Rembrandt. Il ne le fut avec certitude qu’au milieu des années 1990.

Bien que n’aimant pas son image, Rembrandt a réalisé de nombreux autoportraits, environ 80 qui le décrivent entre l’âge de 22 et de 63 ans à travers différents médiums et techniques. On trouve régulièrement des gravures, mais les œuvres sur toile sont extrêmement rares et un seul autoportrait peint a été vendu aux enchères sur les 30 dernières années.

Un seul autoportrait vendu en 30 ans :

Self-Portrait with shaded Eyes (1634), vendu pour 11,4m$ en 2003.

Record actuel de Rembrandt :

Portrait of a man with arms akimbo (1658), vendu pour 33,2 m$ en 2009.

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Si celui proposé le 28 juillet par Sotheby’s emporte les enchères dans l’estimation fournie, il deviendrait alors l’autoportrait de Rembrandt le mieux coté aux enchères. Monsieur Gordon est confiant car « les collectionneurs sont totalement ouverts à de nouvelles méthodes de transaction numériques » et les résultats de ces dernières semaines troublées se sont avérés encourageants. « Au cours des deux derniers mois, nous avons organisé – poursuit-il – deux ventes en ligne dédiées aux Maîtres anciens, dont la première a doublé son estimation, la seconde l’a triplé ». Le précieux tableau de Rembrandt a donc toutes les chances de devenir un jalon important des enchères 2020.