Top France
[13/10/2017]Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Retour sur les résultats forts obtenus par le marché de l’art français depuis le début de l’année 2017.
Tenue entre un marché hyper-concurrentiel et une demande globalisée, la France reste hautement qualifiée pour la vente d’oeuvres d’art. Son histoire de l’art parmi les plus denses et les plus riches du monde, couplée à une tradition de mécénat et de collection, en fait une place de marché toujours essentielle et hautement qualitative, même si de nombreux chefs-d’oeuvre nationaux quittent le territoire pour se vendre dans les salles de Londres ou de New York.
Depuis le début de l’année 2017, une quinzaine d’oeuvres majeures ont passé le seuil des 2 m$ dans des salles de ventes françaises, une réussite révélant à la fois le bon maillage de diffusion de l’information sur le territoire, et la puissante attractivité des catalogues de ventes français auprès des amateurs étrangers. Avec un ticket d’entrée à 2,86 m$ et une première place à 7,12 m$ pour une œuvre de Francesco Guardi – laquelle signe le meilleur résultat français des 20 dernières années en matière d’art ancien – le niveau des meilleures enchères en France est bien supérieur à celui constaté en Allemagne (Top 10 de 505 000$ à 1,68m$ maximum), en Italie ( Top 10 de 665 000$ à 1,71m$ maximum) ou en Belgique ( Top 10 de 160 000$ à 846 000$ maximum).
Ce Top 10 compte trois nouveaux records établis en France pour des oeuvres signées Pierre Soulages, Francesco Guardi et Diego Giacometti, qui tient à lui seul quatre places de ce classement, grâce à la vente triomphale réservée à la dispersion de ses oeuvres issues de la collection du célèbre couturier Hubert de Givenchy (Christie’s, le 6 mars, taux de réussite de 100%). Une table aux cariatides et atlantes de Giacometti s’est alors vendue pour l’équivalent de 4,4 m$, signant là le nouveau record français de l’artiste aux enchères, son record absolu étant tenu depuis le 16 mai dernier par la vente d’une bibliothèque vendue 6 312 500 $ chez Sotheby’s à New York. Le nouveau record français de Diego est d’autant plus remarquable qu’il enterre de près d’un million le sommet français de son frère Alberto, habituellement bien plus coté. Les remarquables résultats de la vente Givenchy permettent à la société Christie’s d’assoir quatre adjudications parmi les 10 meilleures de l’année. Pour avoir par ailleurs vendu La place Saint-Marc avec la basilique et le campanile de Guardi, Christie’s tient la moitié de ce Top 10 France, devant Sotheby’s (deux résultats), Pierre Bergé & Associés, Artcurial et Tajan.
L’année 2017 consacre aussi la grande abstraction française du XXème siècle, hissant deux toiles abstraites parmi les 10 meilleurs coups de marteau français, sous les signatures de Pierre Soulages et de Zao Wou Ki. Le maître de l’Outre-noir Pierre Soulages confirmait la montée en puissance de sa cote le 6 juin chez Sotheby’s à Paris, enregistrant un nouveau record mondial à 6,2 millions d’euros (près de 6,9m$), un prix au double de l’estimation haute, pour une majestueuse toile bleue datée de 1962 ravalée l’an dernier chez Phillips à Londres (le 9 février 2016). Que Pierre Soulages, dont les oeuvres sont demandées dans le monde entier, obtienne son record sur le sol français à plus de 6 millions démontre le bon répondant et l’attractivité du marché français, ici face à Londres.
Cette vente du 6 juin marque par ailleurs un joli coup double pour Sotheby’s, qui vendait une autre oeuvre abstraite réalisée la même année que le Soulages bleu : une puissante toile de Zao Wou Ki cédée pour 3,64m€ (4,1m$), soit au double de son estimation basse. Véritable fer de lance des marchés Chinois et Français, le prix des œuvres de Zao est en hausse de 833% depuis 2000. La clef de ce succès phénoménal passe majoritairement par les collectionneurs asiatiques (63% du produit de ventes de Zao se joue à Hong Kong, près de 11% à Taiwan et 9% en Chine continentale), sans omettre une demande enthousiaste dans toute l’Europe et jusqu’aux Etats-Unis.
Auguste Rodin et Claude Monet complètent dignement ce classement, car le marbre d’Andromède de Rodin (4,099 m$) et Plage et falaises de Pourville de Monet (4,74m$) signent, pour chaque artiste, leur troisième meilleure enchère en France.
Ce classement révèle une vitalité et un pouvoir d’attraction particulier du marché français, dont la première ressource reste l’art moderne (49% du produit de ventes global), contre 14% pour l’art du XIXème et 27% pour un art contemporain alliant la scène abstraite à des domaines aussi performants que celui de la BD ou de l’art africain, dont les prix sont en forte hausse.