Top des Maîtres anciens
[22/02/2019]Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications pour vous permettre de décrypter les grandes tendances du Marché de l’Art. Retour cette semaine sur les 10 œuvres anciennes les plus chèrement acquises au cours de l’année 2018.
Rembrandt, Brueghel, Cranach, Canova, Rubens… Des noms pour des musées dont quelques œuvres circulent encore de nos jours sur le marché des enchères. Un peu plus de 40 000 œuvres anciennes sont ainsi passées sous le coup des enchères l’an dernier en Occident. C’est peu en regard de près de 183 000 lots modernes dispersés sur la même période, un peu plus pour la création d’après-guerre et contemporaine. Les maîtres anciens représentent aujourd’hui 9% du Marché de l’Art occidental en terme de lots vendus pour 5% du volume d’affaires. Des ratios ténus qui ne sont pas le signe d’une désaffection des grands musées ou des collectionneurs, mais d’une raréfaction des chefs-d’oeuvre en circulation. Si ce critère de rareté explique pourquoi le secteur de l’art ancien génère de menues performances comparé au chiffres de l’art moderne ou contemporain, il a aussi un effet levier sur les prix. Lorsqu’une œuvre bien sentie se présente, elle est susceptible d’atteindre un résultat bien supérieur aux attentes, et cela indépendamment de la dimension de l’oeuvre convoitée. Ce sont souvent les petits formats et les œuvres sur papier qui génèrent de très belles batailles d’enchères.
Les résultats marquants
595 m$ : c’est le montant réalisé en 2018 par la vente de quelques 40 000 œuvres anciennes, un marché essentiellement porté par les œuvres peintes (76% du volume d’affaires), par quelques œuvres en trois dimensions, ainsi que par des œuvres sur papier, dessins et estampes, qui représentent 42% de ce segment de marché. Ce n’est d’ailleurs pas à une peinture mais bien à un dessin que l’on doit la plus belle adjudication de l’année 2018 : 14,5m$ obtenus pour A young man standing, dessiné à la pierre noire sur une feuille de 27,9 x 13,2 cm par Lucas Van Layden. Une œuvre rare de cet artiste néerlandais du XVIe siècle (seuls 28 dessins de l’artiste sont parvenus jusqu’à nous), estimée autour de 1,5m£ et finalement payée 11,48 m£. C’est dire combien l’effet de rareté est susceptible de stimuler les amateurs et de créer la surprise. Ce résultat n’établit pas seulement le nouveau record mondial de Lucas Van Layden aux enchères, il fait de lui l’un des rares maîtres anciens – avec Raphael et Léonard de Vinci – a passer le cap des 10 millions. Même la superbe étude de nu de Rubens vendu le 30 janvier dernier n’a pas atteint ce niveau de prix, bien que la feuille soit de dimensions plus importantes (Rubens, Nude Study of a Young Man with Raised Arms, 49,1 x 31,5 cm, vendu 8,2 m$ chez Sothebys New York le 30 janvier 2019).
Stijn Alsteens, spécialiste de l’art ancien chez Sotheby’s, rappelait que Van Layden a ouvert la voie à Rembrandt et à Rubens, deux artistes parmi les plus convoités du monde, qui apparaissent tous deux au classement. Rembrandt avec une petite huile de 25,5 cm, vendue pour 12 m$, soit deux millions au-dessus des attentes les plus optimistes. Voici un autre exemple d’une rareté d’un géant de la peinture que les collectionneurs ne sont pas près à laisser passer. Pour Rubens, l’oeuvre de l’année est le portrait d’un noble vénitien, lui-aussi parti 2 m$ au-dessus de l’estimation haute, pour un résultat final de 7,1m$ obtenu en juillet dernier à Londres.
Au total, seules quatre œuvres anciennes ont atteint des adjudications supérieures à 10m$ l’an dernier. Outre le record mondial obtenu pour Lucas Van Layden et la belle envolée de la petite toile de Rembrandt, les artistes Frans I Hals et Gilbert Stuart se classent parmi ces meilleures adjudications. Le résultat le plus marquant est celui obtenu par le peintre américain Gilbert Stuart car son portrait de George Washington a permis un record mondial inattendu pour l’artiste, étant parti 10 fois au-delà de son estimation la plus haute (prix final 11,5 m$). Un tel engouement n’est pas seulement le fait du prestige du sujet George Washington, il est aussi dû à la provenance, puisque l’oeuvre faisait partie de la très prestigieuse collection Rockefeller, dispersée en mai 2018 chez Christie’s à New York… Par-delà l’histoire des peintures, celle de leur provenance et de leur transmission peut constituer un atout supplémentaire, et l’impact peut s’avérer très important sur le prix final.