Top 2024 : Les 10 adjudications qui ont marqué le monde

Magritte, Monet, Klimt, Warhol… En 2024, leurs œuvres ont décroché les plus beaux coups de marteau. Que révèlent ces résultats d’exception sur les forces et les tendances du marché de l’art ?

Le marché de l’art en 2024 s’est révélé avare en chefs-d’œuvre, bien loin du faste de 2022, année mémorable grâce à la collection Paul Allen dont cinq tableaux avaient franchi la barre des 100 millions de dollars. Pourtant, l’année n’a pas été dépourvue de surprises. Une toile magistrale de René Magritte est venue raviver un segment premium en perte de souffle, redonnant espoir à un marché en quête d’éclat.

Replongeons dans cette vente qui a marqué les esprits et découvrons les autres grands noms de l’année, dont une surprise de taille : Ed Ruscha surpassant pour la première fois le maître impressionniste Claude Monet.

Sommaire

René Magritte : roi des enchères en 2024
Ed Ruscha : son record bondit de 30%
Claude Monet : deux toiles dans le Top 10
Jean-Michel Basquiat : une vente marquante pour Phillips
Gustav Klimt : un portrait historique pour un record en Autriche
Mark Rothko : la meilleure adjudication de Hong Kong cache une forte moins-value
Andy Warhol établit un nouveau record avec ses “flowers”
Van Gogh, une rareté précieuse

René Magritte : roi des enchères en 2024

C’est une première historique : le surréaliste belge René Magritte s’impose en tête des ventes mondiales, avec un produit annuel atteignant 312 millions de dollars. Il détrône des poids lourds comme Picasso, Monet et Warhol, porté par un record exceptionnel : 121 m$ pour L’empire des lumières, adjugée en novembre chez Christie’s New York.

Cette toile emblématique, souvent exposée et abondamment documentée, n’avait pourtant jamais été mise aux enchères. Mais ce n’est pas seulement son statut inédit sur le marché qui explique cet exploit. Le centenaire du surréalisme et l’ascension fulgurante des prix de MAGRITTE – avec un indice des prix en hausse de +80 % sur la dernière décennie – ont joué un rôle décisif.

La réussite repose également sur le travail stratégique de Christie’s, qui a sécurisé une garantie ambitieuse de 95 m$ avant la vente, assurant ainsi dès le départ un prix d’exception pour ce chef-d’œuvre.

Lire : Centenaire du Surréalisme : les collectionneurs s’enflamment [26/11/2024]

Top 10 des oeuvres vendues aux enchères en 2024

Ed Ruscha : son record bondit de 30%

Seul artiste vivant du classement, Ed Ruscha a marqué les esprits en novembre avec un record fracassant de 68 m$ chez Christie’s pour Standard Station, Ten-Cent Western Being Torn in Half (1964). Cette œuvre, qualifiée de “grande synthèse et point culminant de ses chefs-d’œuvre des années 1960” par Max Carter, vice-président de Christie’s, confirme l’importance déterminante de RUSCHA sur le marché de l’art américain.

La toile appartient à l’une des séries les plus emblématiques de l’artiste, consacrée aux stations-service Standard Oil qu’il croisait lors de ses voyages en voiture entre Los Angeles et l’Oklahoma. Avec humour et modestie, Ruscha déclarait : “Je n’ai pas de Seine comme Monet ; j’ai juste la route 66 entre l’Oklahoma et Los Angeles.”

Mais cette vente dépasse le simple cadre de l’art. Elle signe une petite révolution dans le duel symbolique entre la côte Est et la côte Ouest américaines : pour la première fois, un artiste de Los Angeles devance ses illustres homologues new-yorkais. En 2024, Ruscha s’offre même le luxe de surpasser Basquiat et Warhol. Une victoire éclatante pour l’art de la côte Ouest !

Résultats annuels de Ed Ruscha aux enchères

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Claude Monet : deux toiles dans le Top 10

Habitué des classements annuels, Claude Monet s’impose à nouveau comme une référence absolue avec deux œuvres majeures parmi les meilleures adjudications de 2024 : des Nymphéas cédés pour 65,5 m$ et Meules à Giverny pour 34,8 m$.

Ces résultats soulignent l’aura indéfectible du maître impressionniste. Meules à Giverny se distingue en devenant la troisième meilleure adjudication jamais enregistrée pour une toile issue de cette série iconique, tandis que les Nymphéas décrochent la cinquième place parmi les 145 œuvres de la série Nymphéas passées aux enchères au cours des trois dernières décennies.

Le record absolu de Claude Monet, cependant, reste inégalé : 110,7 m$ pour une toile exceptionnelle vendue en 2019, où la fusion magistrale des couleurs et de la lumière avait captivé les collectionneurs chez Sotheby’s.

Jean-Michel Basquiat : une vente marquante pour Phillips

Une œuvre majeure de Jean-Michel Basquiat, Untitled (ELMAR), propulse la maison de vente Phillips dans le top 5 des meilleures adjudications de l’année, en décrochant la quatrième place.

Cette toile incarne l’essence des œuvres les plus emblématiques de BASQUIAT, avec de multiples atouts : une provenance prestigieuse et un historique d’expositions impressionnant. ELMAR a été présentée lors de l’exposition commémorative du 10e anniversaire de la mort de l’artiste, à Gagosian Los Angeles en 1998, puis mise en lumière à la rétrospective de 2018 à la Fondation Louis Vuitton à Paris.

L’estimation de Phillips ayant placé l’œuvre entre 40 et 60 m$, son prix final de 46,4 millions pourrait paraître en deçà des attentes. Toutefois, il convient de noter que Basquiat n’a franchi la barre des 60 mm$ qu’à quatre reprises, et toujours dans des périodes particulièrement dynamiques du marché de l’art, ce qui n’était pas le cas cette année.

Malgré un marché plus modéré, Basquiat continue d’affirmer sa domination : pour la quatorzième année consécutive, il reste le leader incontesté du marché de l’art contemporain, représentant à lui seul 13 % du résultat mondial en Art Contemporain en 2023-2024.

Lire : Les piliers du Marché de l’Art Contemporain, Rapport du Marché de l’art contemporain 2024

Gustav Klimt : un portrait historique pour un record en Autriche

Le Portrait de Fräulein Lieser (1917) de Gustav Klimt a été cédé pour 41,1 m$ lors de la vente organisée par la maison im Kinsky à Vienne, le 24 avril 2024. Bien que l’estimation de l’œuvre atteignait 53 m$ et que les récentes adjudications de Klimt aient dépassé ce montant, cette vente, au profit d’une une collection privée à Hong Kong, est d’autant plus remarquable qu’elle a été réalisée dans le pays d’origine de Klimt. Jusqu’alors, ses œuvres les plus emblématiques se retrouvaient principalement à New York ou à Londres.

Cette vente établit un record historique pour le marché de l’art autrichien. Un an plus tôt, en juin 2023, La Femme à l’éventail, un autre portrait emblématique de Klimt, avait pulvérisé les records mondiaux en s’adjugeant pour 108,7 m$ chez Sotheby’s. Cette même Femme à l’éventail avait déjà été prisé aux enchères, en 1994, pour 10 m$. Sa revente en 2023 a marqué l’une des plus importantes plus-values de l’histoire du marché de l’art.

Andy Warhol établit un nouveau record avec ses “flowers”

Trois tableaux de la série Flowers dominent les ventes annuelles de Warhol, mais c’est l’une d’elles, datant de 1964, qui a fait sensation. Représentant trois fleurs oranges et une rouge éclatante, cette œuvre a été exposée pour la première fois à New York par Leo Castelli la même année, avant de changer de mains à plusieurs reprises sans jamais être mise aux enchères jusque-là.

Ce tableau a largement surpassé son estimation initiale de 5 m$ et établi, à 35,5 millions, un nouveau record historique pour la série Flowers. Le précédent record (en 2022), avait à peine frôlé la moitié de ce montant, avec 15,8 millions. La série Flowers de WARHOL suscite un intérêt croissant, s’affirmant progressivement comme une alternative précieuse aux séries de portraits iconiques de l’artiste, tels que Marilyn, Mao ou Basquiat.

Mark Rothko : la meilleure adjudication de Hong Kong cache une forte moins-value

Le 11 novembre 2024, Sotheby’s a enregistré la plus belle enchère hong-kongaise de l’année avec Untitled (Yellow and Blue), une œuvre magistrale de Mark ROTHKO (1903-1970) datant de 1954, adjugée pour 32,4 $. Cette toile, d’une éclatante intensité lumineuse, avait notamment figuré dans la prestigieuse Collection de François Pinault avant d’être proposée aux enchères à New York en 2015, où elle avait alors atteint 46,45 m$, soit 14 millions de plus !

Cet écart de 14 millions par rapport à sa précédente vente illustre parfaitement l’essoufflement du marché haut de gamme en 2024, où les records se sont révélés plus difficiles à atteindre, notamment à Hong Kong, autrefois habituée à des enchères souvent plus spectaculaires qu’à New York ces dernières années.

Lire : Que se passe-t-il à Hong Kong ?

Évolution de la position de Rothko au classement mondial

Van Gogh, une rareté précieuse

En 2024, seulement quatre tableaux de Van Gogh ont été mis aux enchères, mais l’un d’entre eux s’est distingué par une adjudication exceptionnelle. Le Coin de jardin avec Papillons a fait forte impression, dépassant les 33m$.

Inspiré par l’avant-garde parisienne, Van Gogh opère dans ce tableau de 1887 une révolution stylistique en adoptant une palette plus lumineuse et des techniques influencées par l’impressionnisme et le pointillisme. Il abandonne peu à peu les tons sombres qui marquaient ses premières œuvres pour offrir une touche plus légère et raffinée, où la nature et le paysage deviennent les véritables protagonistes.

Cette toile a une provenance remarquable. Elle a été transmise au sein de la famille du peintre, passant de son frère Théo à Johanna van Gogh-Bonger, puis à Vincent Willem van Gogh. L’œuvre a ensuite enrichi des collections de premier plan, dont celles de Joseph et Lily Reinach à Paris. Après un passage chez Wildenstein & Co. à New York en 1987, elle a été acquise en 1998 par un propriétaire anonyme avant de rejoindre les enchères chez Christie’s en mai 2024. Bien que l’œuvre n’ait jamais été mise aux enchères auparavant, elle a figuré dans une dizaine d’expositions majeures consacrées à Van Gogh à travers le monde.

L’histoire de cette œuvre – dont on retrouve même la trace dans des échanges épistolaires entre Vincent et son frère Théo – et l’éclat nouveau de son “impressionnisme” bucolique ont été ses meilleurs atouts.

Ce top 10 met en lumière quelques tendances marquantes du marché de l’art : des records potentiels pour des œuvres inédites à la provenance impeccable, mais aussi des ventes en demi-teinte, comme celle, décevante, du Rothko à Hong Kong. Pourtant, le monde des enchères n’a pas encore livré tous ses secrets. En attendant de découvrir toutes les clés d’analyse dans le prochain Rapport mondial sur le marché de l’art d’Artmarket by Artprice. Restez connectés !

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