Top 10 : Photographie

[23/11/2012]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les dix plus belles enchères frappées pour des photographies entre janvier et novembre 2012.

Depuis 1980, tous les deux ans, le mois de novembre se met à l’heure de la photographie dans la capitale parisienne. Même si le succès est devenu européen sous le sigle EMoP (European Month of Photography) depuis déjà 5 éditions, Paris demeure la place centrale avec la fervente volonté d’être LA capitale de la photographie. Face à cette détermination d’abord institutionnelle, le marché s’est rapidement mis au diapason. Sous sa 17ème édition, la foire internationale Paris-Photo est le point d’orgue de la saison, d’autant que nombre de critiques l’introduisent comme la plus importante de ce genre. En plus d’accueillir les plus grosses pointures et les amateurs du monde entier, Paris-Photo attire aussi une déferlante de vacations spécialisées en photographies. Les maisons de ventes prennent de plus en plus le pas à la manifestation et ont proposé cette année plus d’un millier de clichés à l’encan. Le marché des enchères spécialisées en photographies se divise généralement en deux temps, incluant les ventes printanières à New York et les automnales à Paris. Néanmoins, en 2012, l’effervescence automnale est-elle confirmée par les plus beaux résultats de ventes ?

Le Top 10 des lots échangés entre janvier et novembre 2012 répond d’emblée à cette question. 80% des plus belles enchères ont trouvé preneur lors des ventes printanières, les 20% restants ont été frappés en février. Néanmoins, l’autre point soulevé par ce classement est le poids réel des ventes spécialisées en photographie car aucune ne figure dans le tableau. En effet, les dix résultats proviennent tous de ventes du soir d’art contemporain ou d’après-guerre et contemporain pour Christie’s. Les maisons de ventes réservent donc toujours leurs plus belles pièces pour ces évènements et ne comptent pas sur les ventes spécialisées pour réaliser des records.
Du coté des signatures, le top met presque uniquement en lumière des photographes contemporains (nés après 1945). Seuls Gilbert & Georges, avec une belle 3ème marche du podium, appartiennent à la période dite d’après-guerre. Parmi les lauréats, pas de surprise ; cinq noms, cinq mastodontes habitués des records : Jeff Wall, Cindy Sherman, Gilbert & Georges, Andreas Gursky et Richard Prince.

Top 10 : Photographie

Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Jeff WALL 3200000$ Dead Troops Talk (A Vision after an Ambush of a Red Army Patrol, near M (1992) 08/05/2012 (Christie’s NEW YORK NY)
2 Cindy SHERMAN 2500000$ Untitled #96 (1981) 08/05/2012 (Christie’s NEW YORK NY)
3 GILBERT & GEORGE 1736790$ “Bloody Life No. 13” (1975) 14/02/2012 (Christie’s LONDON)
4 Andreas GURSKY 1700000$ Untitled VI (1997) 09/05/2012 (Sotheby’s NEW YORK NY)
5 Richard PRINCE 1200000$ Untitled (Cowboy) (1980/84) 10/05/2012 (Phillips de Pury & Company NEW YORK NY)
6 Andreas GURSKY 942899$ James Bond Island I (2007) 15/02/2012 (Sotheby’s LONDON)
7 Andreas GURSKY 934260$ “Rhein” (1996) 27/06/2012 (Christie’s LONDON)
8 Richard PRINCE 780350$ Untitled (Cowboys) (1986) 28/06/2012 (Phillips de Pury & Company LONDON)
9 Andreas GURSKY 750000$ May Day V (2006) 09/05/2012 (Sotheby’s NEW YORK NY)
10 Cindy SHERMAN 700000$ Untitled #91 (1981) 09/05/2012 (Sotheby’s NEW YORK NY)

Le Canadien Jeff WALL, d’abord encensé par la critique, l’est désormais par le marché avec l’adjudication à 3,2 m$ de l’immense Dead Troops Talk (A Vision after an Ambush of a Red Army Patrol, near M (1992) en mai 2012 (229,2 x 417,2 cm). Après une rude bataille en salle, c’est à 1,2 m$ au-dessus de son estimation haute que Dead Troops Talk a trouvé preneur, devenant par la même occasion le nouveau record de l’artiste. Néanmoins, ce résultat demeure un cas isolé car depuis mai 2012 aucune nouvelle enchère millionnaire n’a été enregistrée pour l’artiste. Les photographies de Jeff Wall passées jusqu’alors à l’encan n’ont pas dépassé les quelques 300 000 $ enregistrés par Pleading en octobre 2012 (Sotheby’s Londres) !

Plus habituée aux prix astronomiques que Jeff Wall, l’Américaine Cindy SHERMAN est présente à la 2ème place grâce aux 2,5 m$ d’un Untitled #96 (1981) issu de sa fameuse série Centerfolds. Une belle enchère tout de même cédée en-dessous de l’estimation basse qui envisageait un minimum de 2,8 m$. La maison de ventes Christie’s ne s’était pourtant pas emballée pour fixer l’estimation car un autre exemplaire décrochait chez eux pas moins de 3,4 m$ en mai 2011, devenant de loin son record en salles. Encore issue de sa série la plus cotée Centerfolds, Untitled #91 (1981) et ses 700 000 $ offre la 10ème marche à Cindy Sherman. Ce clichet de l’artiste qui s’échange une fois de plus sous l’estimation basse (fixée à 800 000 $) devient la plus belle enchère pour un Untitled #91.

Les dandys trublions GILBERT & GEORGE, s’offrent la 3ème place de ce top avec “Bloody Life No. 13” (1975) cédé plus de 1,7 m$ en février 2012. Cette œuvre grand format datée de 1975 compte parmi les premiers photomontages du duo, une technique devenue la marque de fabrique des lauréats du tant convoité prix Turner en 1986. Cette belle performance de Bloody life No.13, l’est d’autant plus qu’elle correspond aussi à la deuxième plus belle enchère des artistes derrière To her Majesty qui s’est envolée à près de 3,3 m$ en juin 2008 (Christie’s Londres).

On ne pouvait imaginer un top 10 sans l’auteur de la plus haute enchère pour une photographie : Andreas GURSKY. Même si sa première œuvre n’arrive que 4ème, c’est tout de même à quatre reprises qu’il impose sa présence. Habitué des enchères millionnaires, il en comptabilise 16 depuis l’adjudication pour 2 m$ de 99 cent II en mai 2006 (Sotheby’s New York). Parmi les quatre œuvres présentes dans ce classement, seule Untitled VI (1997) affiche un résultat millionnaire (1,7 m$, Sotheby’s New York). James Bond Island I (2007) et “Rhein” (1996) ne sont cependant pas loin du compte, elles enregistrent respectivement plus de 940 000 $ et plus de 930 000 $.

Les Cowboys de Richard PRINCE ne cessent d’exciter les enchères et d’afficher de beaux résultats. Le top le confirme en incluant deux d’entre eux à la 5ème et 8ème place. Untitled (Cowboy) (1980/84) a ainsi trouvé preneur pour 1,2 m$ en mai dernier (Phillips de Pury & Company New York). Quant à Untitled (Cowboys) (1986), elle s’est échangée au-delà de 780 000 $ en juin 2012 (Phillips de Pury & Company Londres). Également peintre, habitué des records millionnaires aussi bien en photographie qu’en peinture, Richard Prince était encore en 2011 le 63ème artiste le mieux vendu au monde.

Si le pari est réussi quant à l’effervescence créée autour du mois de la photographie à Paris, les résultats aux enchères sont loin de confirmer que Paris est la capitale de la photographie puisque c’est toujours entre Londres et New York que se signent les plus belles ventes. Face à un marché dominé par la Chine, il est néanmoins curieux de noter à quel point le médium ne fait pas mouche en Asie puisque aucune des meilleures ventes de photographie enregistrées entre janvier et novembre 2012 n’y ont été frappées !