TOP 10 : Mono Ha

[25/10/2013]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : Mono Ha

TOP 10 : Mono Ha
Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Ufan LEE 1 960 800$ From Point (1977) 26/11/2012 (Seoul Auction HONG KONG)
2 Ufan LEE 1 900 800$ From Line (1978) 15/09/2007 (Seoul Auction Center SEOUL)
3 Ufan LEE 1 700 000$ «78083», from Point Series (1978) 16/05/2007 (Sotheby’s NEW YORK NY)
4 Ufan LEE 1 618 650$ From Point (1970) 12/07/2007 (Seoul Auction Center SEOUL)
5 Ufan LEE 1 200 000$ “From Line 790294” () 09/05/2012 (Sotheby’s NEW YORK NY)
6 Ufan LEE 1 090 550$ From Line (1975) 28/11/2011 (Seoul Auction HONG KONG)
7 Ufan LEE 1 057 320$ From Line (1978) 15/09/2007 (Seoul Auction Center SEOUL)
8 Ufan LEE 990 000$ From Point () 25/03/2008 (Seoul Auction Center SEOUL)
9 Ufan LEE 970 200$ From point (1975) 18/06/2008 (Seoul Auction Center SEOUL)
10 Ufan LEE 900 000$ “From Line” (1979) 15/11/2012 (Christie’s NEW YORK NY)

Bien que confidentiel, le groupe Mono Ha, actifs dans les années 60 et 70 (que l’on peut traduire par « l’école des choses ») a marqué un tournant dans l’histoire de l’art japonais après la Seconde Guerre mondiale. Les évoquent parfois – du point de vue de l’histoire de l’art occidental – des questionnements proches de ceux de l’Arte Povera et du Land art. Les artistes ont effet travaillé sur des matériaux naturels et des produits culturels en pensant la symbolique et la dynamique propre de ceux-ci, et en créant notamment des installations propices à bouleverser les espaces. Tout commence véritablement en octobre 1968 avec l’ouverture de la première exposition de sculpture contemporaine en plein air de Kōbe et la réalisation, pour l’occasion, de l’oeuvre monumentale Phase-Mother Earth réalisée par Nobuo Sekine. Dans le sillage des installations sensibles de Nobuo SEKINE, Mono-Ha a compté dans ses rangs des artistes tels que Ufan LEE, Katsuro YOSHIDA, Susumu KOSHIMIZU, Koji ENOKURA, Kishio SUGA, Noboru TAKAYAMA et Katsuhiko NARITA. Leurs oeuvres sont particulièrement rares aux enchères, hormis pour Lee Ufan, unique élu véritable du marché.

Lee Ufan
Pétri de philosophie asiatique (Laozi et Zhuangzi) et occidentale (Nietzsche, Rilke, Martin Heidegger et Maurice Merleau-Ponty), le sud-coréeen Lee Ufan est tout autant penseur qu’il est écrivain et plasticien. Son histoire prend en tournant décisif lorsqu’il rencontre Nobuo Sekine en 1968. Il mène une expérience sensible sur les matériaux (pierre, verre, coton, plastique, métal…), sur les formes, et guette l’intensité dans les effets de lenteur ou d’accélération procurés par les connivences forme/matière/espace. En terme du marché, Lee Ufan est le seul artiste Mono-Ha a s’être véritablement envolé et se retrouve par ailleurs régulièrement classé dans le Top 3 des artistes coréens les plus cotés, toutes périodes de création confondues. Pas une foire d’art contemporain en Asie sans croiser ses oeuvres, que l’on retrouve tout aussi souvent dans les catalogues de ventes asiatiques. L’artiste intéresse en priorité les maisons de ventes japonaises et coréennes (86 % de ses ventes) tout en stimulant de plus en plus les cessions de ventes new-yorkaises. Lors de sa première vente newyorkaise, en 2002, Christie’s adjugeait une aquarelle de belles dimensions (79 cm x 109,2 cm) pour une broutille : 2 000 $, contre une fourchette d’estimation comprise entre 5 000 et 7 000 $ (18 septembre 2002, Untitled). La demande explose quatre ans plus tard, en 2006, avec le boom du marché de l’art asiatique. La société Sotheby’s est alors la première à faire le bénéfice de ce nouvel enthousiasme et cède une acrylique de 1982 pour 140 000 $, au double de son estimation haute… (l’oeuvre se paie 168 000 $ avec les frais, Untitled, 227 cm x 182 cm, 31 mars 2006, New York). En 2007, Lee Ufan passe le seuil du million de dollars, toujours chez Sotheby’s New York, avec une toile de 1978 issue de la série Point. Attendue entre 400 000 et 600 000 $, la toile termine à 1,7 m$ (soit 1,944 m$ frais inclus, «78083», from Point Series, 16 mai 2007) et demeure un record sur place. Aujourd’hui, Lee Ufan affiche sept enchères millionnaires à son palmarès (deux à New York et à Hong Kong contre trois à Séoul) et il tient surtout les 114 premières adjudications de Mono Ha… Il faut donc donc descendre à la 115ème place pour rencontrer un autre nom, celui de Jiro Takamatsu.

Jiro Takamatsu
L’artiste japonais Jiro Takamatsu est connu pour avoir influencé Mono-Ha avec un œuvre qui sonde la substance des choses, interrogeant l’ambiguïté entre le réel et sa représentation. Contrairement aux attentes, ce n’est pas à Tokyo – d’où l’artiste est natif – qu’il enregistre ses meilleurs coups de marteau, mais en Belgique et en France (record enregistré pour un travail sur l’ombre et l’objet réel : “No. 135”, 1966, adjugé 110 000 euros, environ 142 000 $ chez De Vuyst à Lokeren le 27 octobre 2012).

Hormis Lee Ufan et Jiro Takamatsu, les artistes de Mono Ha sont particulièrement abordables en salles, dans une fourchette moyenne comprise entre 500 et 5 000 $. Encore que les occasions se présentent car le marché est sous-alimenté : absence totale de lots pour Katsuro Yoshida et même régime pour Katsuhiko Narita ; un unique résultat enregistré pour Susumu Koshimizu (sculpture vendue l’équivalent de 733 $ en 2009, The Market, Tokyo) et pour Noboru Takayama (record équivalent à 2 081 $ avec la technique mixte sur carton Work, Mainichi Auction, Tokyo, 10 septembre 2011). Dix lots de Koji Enokura ont jusqu’à présent été distillés en salles (dont un record équivalent à 3 088 $ pour une acrylique sans titre de 1990, Augur Auction, Tokyo, 13 septembre 2009) et 43 pour Kishio Suga (avec un récent record équivalent à 5 262 $ pour Kaitai/Work/Behind the Surrounding, Mallet Japan, Tokyo, 29 septembre 2013).

Quant à Nobuo Sekine, signature essentielle, il compte quelques résultats en Europe – ou il est connu depuis sa présence à l’occasion de la Biennale de Venise de 1970 – en plus de l’Asie, mais il est encore absent des catalogues américains. Ses dessins sont aujourd’hui accessibles entre 2 000 et 5 000 $ en moyenne et il a passé à deux reprises les 10 000 $, dont un record signé non pas à Tokyo mais à Amsterdam, pour une sculpture en pierre et métal timidement estimée autour de 1 000 $… et finalement cédée plus de 31 500 $ en 2011 (Untitled, adjugée 22 000 euros chez Sotheby’s le 19 avril 2011).