Top 10 : les œuvres les plus chères du monde

[11/10/2013]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les dix plus belles enchères du monde.

Artprice revient sur les prix les plus spectaculaires de l’histoire des enchères, quelques semaines avant les grandes ventes de New York ou sont attendus d’autres records, lesquels – sans prétendre entrer dans le Top 10 mondial – bousculeront certainement les classements d’après-guerre et contemporain.

Les œuvres les plus chères du monde sont d’abord le fait d’artistes européens des périodes impressionnistes et d’après-guerre. Face à Pablo Picasso – avec trois des dix meilleures enchères mondiales – Edvard Munch, Alberto Giacometti, Gustav Klimt, Francis Bacon, Vincent Van Gogh et Claude Monet, l’Américain Mark Rothko est le seul artiste non européen. Soulignons au passage que le marché de l’art chinois est encore un peu jeune pour se mesurer à ces mastodontes.

Top 10 : les dix plus belles enchères du monde.

Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Edvard MUNCH 107 000 000 $ The scream (1895) 02/05/2012 (Sotheby’s NY)
2 Pablo PICASSO 95 000 000 $ Nude, Green Leaves and Bust 04/05/2010 (Christie’s NY)
3 Pablo PICASSO 93 000 000 $ Garçon à la pipe (1905) 05/05/2004 (Sotheby’s NY)
4 Alberto GIACOMETTI 92 521 600 $ L’homme qui marche I (1960) 03/02/2010 (Sotheby’s LONDON)
5 Pablo PICASSO 85 000 000 $ Dora Maar au chat (1941) 03/05/2006 (Sotheby’s NY)
6 Gustav KLIMT 78 500 000 $ Portrait of Adele Bloch-Bauer II 08/11/2006 (Christie’s NY)
7 Mark ROTHKO 77 500 000 $ Orange, Red, Yellow (1961) 08/05/2012 (Christie’s NY)
8 Francis BACON 77 000 000 $ “Triptych ” (1976) 14/05/2008 (Sotheby’s NY)
9 Vincent VAN GOGH 75 000 000 $ Portrait du Docteur Gachet 15/05/1990 (Christie’s NY)
10 Claude MONET 71 846 600 $ Le bassin aux nymphéas 24/06/2008 (Christie’s LONDON)

 

Numéro 1 : The Scream Edvard Munch
L’œuvre la plus chère est l’unique dessin du classement et la seule œuvre de l’histoire des enchères qui a fait tomber le marteau à plus de 100 m$. Il s’agit de l’une des quatre versions du Cri d’Edvard MUNCH (1895, 79 cm x 59 cm), la seule encore en circulation sur le marché. Elle a été proposée le 2 mai 2012 chez Sotheby’s New York pour une estimation tenue secrète. Plus qu’un thème emblématique d’Edvard Munch, c’est l’un des sujets les plus forts de l’histoire de l’art que Sotheby’s offrait. Son adjudication de 107 m$ (119 922 500 m$ frais inclus) témoigne du primat de la tension artistique d’une œuvre sur la traditionnelle hiérarchie des genres, qui tendait jusqu’alors à valoriser davantage une huile sur toile qu’un pastel sur carton. Dès lors qu’une œuvre s’avère emblématique, c’est-à-dire qu’elle constitue un chaînon essentiel de l’histoire de l’art, les enchères millionnaires pleuvent nécessairement et les estimations ne veulent plus dire grand chose. Le phénomène commençait en 1990 avec des œuvres de Van Gogh et de Renoir, adjugées plus de 20 m$ au-delà des prévisions.

L’impressionnisme détrôné par le XXème siècle
L’année 1990 reste gravée dans les mémoires pour les enchères impressionnantes portées par quelques investisseurs japonais, notamment par l’homme d’affaires Ryoei Saito. A deux jours d’intervalle, Saito se porte acquéreur de deux chefs-d’œuvre, à commencer par le Portrait du Docteur Gachet de Vincent VAN GOGH. Chez Christie’s New York, le 15 mai 1990, il est adjudicataire de cette oeuvre à 75 m$ (82,5 m$ frais inclus), soit 25 m$ au-dessus des prévisions. Cette huile sur toile de 66 x 57 cm devenait à l’époque l’œuvre la plus chère au monde. Il existe deux versions de ce portrait peint à Auvers-sur-Oise en 1890. La seconde se trouve dans les collections du Musée d’Orsay à Paris.

Deux jours après l’acquisition du Van Gogh, Ryoei Saito emporte un chef-d’œuvre impressionniste signé Pierre-Auguste RENOIR. Il s’agit de Au Moulin de la galette (1876, 78 x 114 cm), considérée comme l’une des œuvres les plus importante de Renoir et présentée lors de l’exposition du groupe impressionniste de 1877. Cette fois encore, Saito enchérit au-delà de toutes les attentes et enterre de 21 m$ l’estimation haute pour un prix marteau de 71 m$ (78,1 m$ frais inclus) le 17 mai 1990 chez Sotheby’s. A l’instar du Portrait du Docteur Gachet, il en existe deux versions, dont l’une se trouve au Musée d’Orsay. Sans faire partie de ce Top 10, Au Moulin de la Galette est en 11ème position des œuvres les plus chères du monde.
L’impressionnisme était en effet la valeur étalon du marché haut de gamme à la fin des années 1980 et dans les années 1990. Avec l’assèchement du marché en pièces majeures, les maîtres du XXème siècle ont pris position sur le marché haut de gamme dans les années 2000. Aujourd’hui, huit des dix œuvres les plus chères du monde sont du XXème siècle, dont trois réalisées après 1950 : L’Homme qui marche I d’Alberto GIACOMETTI (1960), Orange, Red, Yellow de Mark ROTHKO (1961) et Triptych de Francis BACON (1976).

Picasso, le grand favori
Pablo PICASSO tient trois des dix meilleures enchères du monde et représente à lui seul 32 % du chiffre d’affaires de ce Top. Avant de culminer à 95 m$ (106 482 500 $ frais inclus) avec sa toile Nude, Green Leaves and Bust (1932, 162 x 130 cm) le 4 mai 2010 et avant le record d’Edvard Munch, Pablo Picasso est resté l’artiste le plus cher du monde grâce au Garçon à la Pipe (99,7 x 81,3 cm), une œuvre peinte en 1905 alors que l’artiste avait 24 ans et vendue 93 m$ (104 168 000 $ frais inclus) le 5 mai 2004 chez Sotheby’s New York.

Le marché de l’art très haut de gamme récompense des œuvres emblématiques, et souvent celles où l’histoire de l’art rejoint l’histoire personnelle de l’artiste (Picasso et ses femmes par exemple) ou la Grande Histoire. Au vu de ce Top 10, on constate que le marché de l’art prend une revanche sur les fatras idéologiques du passé qui ont tenté de museler les plus grands artistes européens. Il en va ainsi du Portrait du docteur Gachet de Van Gogh taxé d’art dégénéré et confisqué avant de transiter par les mains d’Hermann Göring ; du Portrait d’Adèle Bloch-Bauer II, qui fut l’objet de lourdes procédures de restitution (œuvre confisquée en 1939 après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne) avant d’être acheté 78,5 m$ par le magnat new-yorkais des cosmétiques Ronald Lauder le 8 novembre 2006 ; et bien sûr du Cri d’Edvard Much, l’artiste marginal, taxé de « dégénéré » sous l’Allemagne nazie et inapte au bonheur dont les angoisses ont bouleversé l’histoire de l’art.