Top 10 : Indonésie nouvelle génération

[08/11/2013]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les dix plus belles enchères des artistes indonésiens de moins de 35 ans.

Top 10 : Indonésie nouvelle génération
Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Samsul ARIFIN 113 560$ Main Coret Begitu Saja (2009) 07/08/2011 (Masterpiece Fine Art Auction SINGAPORE)
2 Arin Dwihartanto SUNARYO 113 520$ Cmyk 8 (2011) 06/10/2013 (Sotheby’s HONG KONG)
3 Samsul ARIFIN 96 450$ Terapung di laut asia (2008) 30/05/2011 (Christie’s HONG KONG)
4 Ariadhitya PRAMUHENDRA 92 807$ Holy Mass (2008) 04/10/2010 (Sotheby’s HONG KONG)
5 Samsul ARIFIN 83 590$ Lupa Cara Berpikir (Forget How To Think) () 04/04/2011 (Sotheby’s HONG KONG)
6 Samsul ARIFIN 77 280$ Kontes Para Pemikir (The Contest for the Thinkers) (2009) 02/04/2012 (Sotheby’s HONG KONG)
7 Samsul ARIFIN 70 731$ Mencari Ujung Lautan (Searching for the Edge of the Ocean) (2009) 23/10/2011 (Borobudur Auction Ptd.Ltd. SINGAPORE)
8 Samsul ARIFIN 64 449$ The Thinker #01 (2007) 04/10/2010 (Sotheby’s HONG KONG)
9 Samsul ARIFIN 64 250$ Main Coret Begitu Saja (To scribble without thinking) (2010) 03/10/2011 (Sotheby’s HONG KONG)
10 Samsul ARIFIN 54 180$ Tumbangnya Sebuah Pemikiran (The Fallen Thought) (2012) 07/10/2012 (Sotheby’s HONG KONG)

 

Ils sont jeunes, indonésiens, et profitent d’un marché en plein boom : celui de l’Asie sud-pacifique. Les sociétés de ventes implantées à Hong Kong et à Singapour se chargent de faire grimper la cote de ces nouvelles stars de l’art contemporain, d’autant que quelques prescripteurs du marché affichent des signaux positifs, Charles Saatchi notamment. Souvenez-vous, en 2011, la galerie Saatchi de Londres accueillait l’exposition Indonesian Eye: Fantasies and Realities, laquelle s’annonçait comme étant une sélection des grands artistes contemporains indonésiens. Après un mois d’exposition à Jakarta, les 18 artistes d’Indonesian Eye se sont donc retrouvés à Londres (1er septembre-9 octobre 2011). Parmi eux, Samsul Arifin et Ariadhitya Pramuhendra était présents. Ils avaient tous deux déjà testé le marché des enchères avant l’exposition, chacun en 2008. Depuis, ils font l’objet de fortes convoitises et leurs prix grimpent.

Les trois artistes de ce classement témoignent, en Indonésie (et plus généralement en Asie) d’un goût poussé pour les grands formats et pour un langage plastique visuellement efficace. Ainsi, les toiles de Samsul Arifin les plus prisées sont des oeuvres figuratives au style immédiatement reconnaissable. Elles mettent en scène des fournitures scolaires – crayons 2B, gommes à effacer Staedtler Boxy, stylos, papiers brouillons – considéré par l’artiste comme des icônes visuelles familières à celles et ceux qui furent scolarisés dans les années 80 et 90, avant l’émergence des technologies numériques dans la vie des enfants issus des classes supérieures indonésiennes. La recette fonctionne bien puisque ces oeuvres ont déjà été exposées à Jakarta, à Bali, Pékin, Java et Melbourne et qu’Arifin tient huit des dix meilleures adjudications de ce Top. Sa première introduction aux enchères en 2008 s’avérait déjà concluante avec une toile intitulée The Thinker laquelle, soutenue par plusieurs enchérisseurs, fit tomber le marteau pour l’équivalent de 12 200 $ contre moins de 1 700 $ d’estimation (chez Masterpiece Fine Art Auction, Singapour le 1er mars 2008). Trois ans plus tard, l’artiste passait déjà le seuil des 100 000 $. En effet, son record équivaut à 113 560 $ pour une grande acrylique vendue en 2011 – soit l’année de son exposition au sein de Indonesian Eye – au double des estimations (Main Coret Begitu Saja, 2009, chez Masterpiece Fine Art Auction à Singapour).
Le marché est plus compliqué à Jakarta… ou seules de petites pièces se vendent, quand elles parviennent à se vendre, exception faite d’une toile parvenue à 20 020 $ en 2012 chez Masterpiece Auction House (une toile de 2007 intitulée Innocent, adjugée le 29 avril 2012).

Ariadhitya Pramuhendra à la conquête de l’Occident
Bien qu’il se trouve être le plus jeune artiste du classement, Ariadhitya Pramuhendra est aussi celui dont le rayonnement international est déjà le plus probant… il n’a pas encore soufflé ses 30 bougies, a intégré la galerie Perrotin (ce qui lui promet une visibilité à New York et à Paris) et se hisse déjà en quatrième position des meilleures adjudications face à ses compatriotes.

Pramuhendra a un langage de prédilection immédiatement identifiable, utilisant principalement du fusain pour composer des fresques réalistes et théâtrales, très contrastées, qui résonnent avec toute l’iconographie chrétienne. L’art de Pramuhendra questionne donc le sacré, au coeur d’une société indonésienne syncrétiste ou les forces religieuses sont capitales. Sa résonance en Occident est forte car son style photographique, ses influences occidentales, son goût pour l’autoportrait (ils incarnent souvent les personnages de ses fresques), sa maîtrise du clair-obscur et son sens dramatique le rapproche d’un Georges de la Tour ou d’un Caravage. Pour l’heure, ses meilleures adjudications (entre 20 000 et 93 000 $) sont enregistrées entre Hong Kong et Singapour.

Arin Dwihartanto Sunaryo
Né en 1978 à Bandung, Arin Dwihartanto Sunaryo a étudié l’art au Bandung Institute of Technology avant d’obtenir sa maîtrise au Saint Martins College of Art and Design, à Londres, en 2005. Sunaryo se consacre à la peinture, repoussant ses limites avec des techniques innovantes. Il distille une passion pour la bande dessinée, la science fiction et les mangas japonais en compositions abstraites. Après quelques années de travail à l’huile sur toile, l’artiste opte pour la résine colorée. Il a trouvé ici une arme parfaitement adaptée à sa verve expressive, qui lui permet d’être rapide et fluide dans le geste. Sunaryo exploite ce matériau autant que possible, multiplie les plans, lui inclut des images numériques, et mène diverses expérimentations afin de tester ses réactions… l’insatiable créativité du jeune et prolifique indonésien est en train d’affoler les enchères. La preuve par l’exemple : en six mois cette année, son record d’enchère est passée de 31 000 $ à plus de 113 000 $ (record d’avril 2013 avec Volcanic Ash Series vendue l’équivalent de 30 912 $ chez Sotheby’s, Hong Kong puis record d’octobre 2013 avec Cmyk 8 vendue l’équivalent de 113 520 $, plus de 141 000 $ frais inclus, chez le même Sotheby’s).