Top 10 des artistes latino-américain

[09/02/2018]

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Découvrons cette semaine les 10 meilleures enchères obtenues l’en dernier pour des artistes latino-américains de moins de 50 ans.

Le marché des jeunes latino américains se trouve considérablement ralenti comparé aux records très élevés enregistrés entre 2013 et 2015. Cette période clef fut marquée par un enthousiasme sans précédent, un intérêt appuyé de la part de grandes institutions culturelles, comme de la part de galeries prestigieuses. Au cœur de ces années marquées par l’exposition Pangaea: New Art from Africa and Latin America à la Saatchi Gallery (2014), des records d’enchères non réitérés se sont enchainés : ceux de Bosco SODI et de Ivan NAVARRO, mais aussi celui des grapheurs brésiliens Osgemeos et de la nouvelle star du marché Oscar MURILLO.

Rang Artiste Adjudication ($) œuvre Vente
1 Oscar MURILLO (1986) 244 700$ Just Dreams 06/10/2017 Phillips Londres
2 OSGEMEOS (1974) 76 871$ Cantar Ciranda È Como Se Aventurar… 08/12/2017 Sotheby’s Hong Kong
3 Christian ROSA (1982) 75 000$ Untitled 28/02/2017 Phillips New York
4 Ivan NAVARRO (1972) 68 750$ Untitled 17/11/2017 Sotheby’s New York
5 Alexandre ARRECHEA (1970) 62 500$ Sherry Netherlands
21/11/2017 Phillips New York
6 Carlos AMORALES (1970) 52 500$ The horny ghost 25/05/2017 Sotheby’s New York
7 Bosco SODI (1970) 51 815$ Untitled 29/06/2017 Sotheby’s Londres
8 Federico HERRERO (1978) 47 500$ Amansalva 22/03/2017 Christie’s New York
9 Angel OTERO (1981) 42 678$ SK HX 05/10/2017 Phillips Londres
10 LOS CARPINTEROS (1991) 32 500$ Plano de la Habana 03/03/2017 Christie’s New York
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Bien qu’Oscar MURILLO reste sans conteste l’artiste latino américain le plus coté de sa génération, très loin devant les autres talents recueillis dans ce Top 10, le rythme de ses enchères a fortement baissé, avec des recettes annuelles qui chutent de près de 4 m$ à 1 million entre 2013 et 2017. Sa meilleure enchère annuelle pour Just Dreams plafonne à 244 700$. Pourtant, l’artiste a décroché 400 000$ il y a quatre ans.

Même cas de figure pour Ivan NAVARRO. Lumière, jeux d’optique et esthétique minimaliste marquent le travail de cet artiste d’origine chilienne qui vit et travaille à New York depuis 1997. Son œuvre singulière, à la lisière de l’art, de l’architecture et du design, a déjà emporté deux résultats supérieurs à 100 000 $, là encore dans les années 2013 et 2014. Certaines œuvres au néon, limitées à trois exemplaires seulement, s’échangent entre 15 000 et 30 000 $.

L’artiste Angel OTERO loge à la même enseigne. Lors de son introduction aux enchères en 2013, plusieurs œuvres sont parties d’emblée pour plus de 50 000$ à New York et à Londres. Ses résultats se sont un peu essoufflés en 2017. Les meilleurs toiles se vendent désormais entre 40 000 et 42 000 $. Né à Puerto-Rico en 1981, Angel OTERO vit à New York, où il est défendu par la galerie Lehmann Maupin. Ses œuvres majoritairement abstraites sont bien reçues par le milieu institutionnel.

Autre travail abstrait remarqué, l’oeuvre du brésilien Christian ROSA est guidée par une forme d’automatisme non pressé. Il fut introduit pour la première fois aux enchères en juillet 2014 à Londres, soit stratégiquement pendant la grande exposition Pangaea à laquelle il prenait part au cœur de l’influente Saatchi Gallery. Pour cette première pierre dans l’édifice constitutif de sa cote, Christian Rosa fut très bien soutenu. Plusieurs enchérisseurs ont porté très haut sa toile Ruff Nec, jusqu’au seuil des 170 000$, soit 10 fois son estimation basse. Cette rapide envolée fut confirmée par d’autres toiles vendues à plus de 100 000 $ les mois suivants, puis par un record établi à 209 000 $ en novembre 2014, cette fois à New York (Christie’s). Au printemps 2015, la prestigieuse White Cube Gallery proposait la première exposition solo de l’artiste au Royaume-Uni. La voie Royal s’ouvrait alors. Mais lorsque les prix flambent si rapidement pour de jeunes artistes, sous l’influence des galeries prescriptrices, d’amis-marchands et de puissantes sociétés de ventes, les résultats ressemblent bien souvent à un jeu de montagnes russes. C’est ici le cas, avec des adjudications à six chiffres obtenues il y a trois ou quatre ans, suivies par des échecs de ventes ou par des prix nettement révisés à la baisse. En 2017, on pouvait emporter pour moins de 30 000 $ des œuvres de même qualité que celles précédemment portées aux nues.

Certes, la scène latino-américaine a le vent en poupe. Mais les marchands devront investir sur le long terme sur leurs jeunes recrues pour les soutenir dans les années à venir, sans quoi les envolées de la première heure pourraient rapidement tomber dans les oubliettes. Ce rééquilibrage ne concerne pas toute la scène latino, mais seulement les artistes dont les prix se sont emballés trop rapidement. A contrario, l’artiste mexicain Carlos Amorales dont les œuvres ne passent que trop rarement aux enchères mais dont la cote se construit depuis 13 ans, vient d’emporter un nouveau record absolu en 2017. Par ailleurs, certaines toiles de très belles dimensions sont encore accessibles autour de 10 000 $ pour cet artiste, dont les œuvres ont intégré les collections d’importants musées, à l’image du Guggenheim et du MoMA de New York.