Top 10 de l’art d’après-guerre et contemporain depuis janvier

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications pour vous permettre de décrypter les grandes tendances du Marché de l’Art. Retour cette semaine sur les artistes à qui l’on doit les coups de marteau les plus retentissant en matière d’art d’après-guerre et contemporain.

Les sessions de prestige de février et mars mettent en exergue quatre œuvres cédées à plus de 10 millions de dollars chacune. Verdict sur les quatre artistes les plus cotés de ce premier trimestre : David Hockney devance Magritte, Richter et Basquiat.

David Hockney reste le grand numéro 1 des sessions d’art d’après-guerre et contemporain grâce à la vente, pour 49,5 m$, du double portrait de Henry Geldzahler et Christopher Scott, une oeuvre très attendue présentée le 6 mars dernier chez Christie’s. Porté par une année 2018 exceptionnelle, le marché de Hockney est en pleine ébullition: le résultat de la vente de ses oeuvres a atteint 206,5m$ au cours de l’année dernière, dont un record exceptionnel à hauteur de 90,3m$ (Portrait of an Artist (Pool with Two Figures)) chez Christie’s le 15 novembre 2018. L’artiste vivant le plus désiré et le plus coté du moment obtient par ailleurs la sixième place du classement mondial derrière Basquiat et Warhol, deux stars incontestées du Marché de l’Art d’après-guerre et contemporain. A l’issu de ce premier trimestre de ventes aux enchères, David Hockney n’est pas seulement l’artiste vivant le plus performant aux enchères en terme de produit de ventes, il est sans rival… Ses performances – qui s’avèrent supérieures à celles de Monet, de Picasso et de tous les autres – font de lui le grand numéro 1 de ce début d’année.

Sur le segment le plus contemporain toujours, Jenny Saville confirme son statut d’artiste femme la plus cotée du moment. La britannique est en effet la plasticienne vivante la plus chère du monde. Quelques mois après le sacre de David Hockney en novembre dernier, Saville atteignait un record de 12,5 m$ pour sa toile Propped (1992) chez Sotheby’s à Londres. La vente de ses rares oeuvres a généré 13,2 m$ au cours de l’année dernière, et 2019 démarre fort avec 7,1m$ récoltés le 5 mars dernier chez Sotheby’s. Un tel résultat confirme la désirabilité dont l’artiste bénéficie actuellement, même si Sotheby’s espérait un meilleur score pour ce nu monumental pourvu d’une estimation haute de 9,2 m$.

Autre cote au beau fixe, celle de Lucian Freud, dont le record absolu culmine, rappelons-le, à 56,1 m$ depuis la vente de son très charnel Benefits Supervisor Resting il y a quatre ans (le 15 mai 2015, Christie’s New York). Les œuvres de Freud sont si recherchées que même les petits formats suscitent des enchères millionnaires. Ce fut le cas le 5 mars dernier chez Sotheby’s : vendue pour 7,6 m$, Head of a Boy est une petite huile sur toile de 1956 d’un format carré de 18 centimètres de côté ! Ce résultat marque un record pour une œuvre de si petites dimensions signée par le petit-fils du fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud.

Notons aussi la présence de Kerry James Marshall, artiste noir-américain le plus cher après Jean-Michel Basquiat depuis l’an dernier. Son œuvre Past Time revisitant le célèbre Déjeuner sur l’herbe de Manet, achetée 25 000 $ par le The Metropolitan Pier and Exposition Authority en 1997 se vendait au prix record de 21,1m$ en mai 2018 à New York (Sotheby’s). Cette grande toile a été acquise par le très populaire Sean Combs, alias Puff Daddy. Marshall a donc le vent en poupe ! Son œuvre engagée est portée par d’importants collectionneurs américains qui ne rechignent pas à faire monter les enchères. Le 1er mars dernier, sa toile Untitled (Painter) triplait l’estimation haute de Sotheby’s, pour atteindre 7,3 m$ frais inclus. Voici sa deuxième meilleure adjudication, avant qu’elle ne soit détrônée par une composition plus imposante.

Un autre résultat remarquable provient de la société Phillips, à qui l’on doit le meilleur coup de marteau tombé pour Gerhard Richter en ce mois mars : 20,4 m$ pour la toile Düsenjäger, (1963). La vente de cette oeuvre constituait un challenge important pour la société de ventes, Düsenjäger ayant une histoire tumultueuse aux enchères. Cette toile était déjà mise en vente par Paul Allen (co-fondateur de Microsoft, décédé en octobre dernier) en novembre 2016 avec un prix garanti de 24 m$ qu’elle ne parvenait pas à atteindre… Phillips dû verser au vendeur les 24 m$ promis suite au refus d’un tiers garant d’honorer sa part d’obligation. Cette fois, la vente réussie de Düsenjäger permet à Phillips de récupérer une partie de la somme engagée suite à la vente ratée de 2016.

Richter est un grand incontournable des ventes de prestige. Son produit de ventes annuel (143 m$) – plus élevé que celui de Joan Miro et de Francis Bacon en 2018 – en font le 11e artiste le plus performant du monde. Phillips maintient une position forte sur cet artiste emblématique et organise en ce moment à Hong Kong une exposition-vente consacrée à ses gravures (Gerhard Richter: Editions 2005-2018, du 25 mars au 12 avril).

Ce top du premier trimestre sera révisé avec les nouveaux chefs-d’oeuvre annoncés à l’occasion de grands ventes new-yorkaises de mai. Une toile de la fameuse série des Meules de Claude Monet est notamment attendue autour de 55 m$ au catalogue de la vente d’art impressionniste et moderne de Sotheby’s, qui se tiendra le 14 mai prochain.