Top 10 : Artistes Français

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les dix plus belles enchères réalisées ces huit derniers mois par des artistes français, toutes générations confondues.

L’importance du positionnement des artistes français modernes est peu étonnant tant ces artistes ont marqué l’histoire de l’art sur le plan mondial et sont des références absolues. L’art moderne, souvent considérée comme la période créative française la plus importante est aussi une valeur étalon pour le marché. Ces signatures modernes, qui sont des valeurs historiques et rassurantes, constituent d’ailleurs le cœur du marché des enchères en France (près de 130 m$ de ventes au premier semestre 2012 contre, par exemple 32 m$ de ventes pour l’art ancien). Il est ainsi naturel de trouver dans ce classement Claude MONET, chantre de l’impressionnisme, à trois reprises, à qui tiennent compagnie Paul CÉZANNE, Henri MATISSE et Paul SIGNAC, présent à deux reprises.
Il est par contre plus remarquable de constater la présence écrasante d’Yves KLEIN, qui fut cette année l’artiste français le plus performant en plus d’être le plus jeune du classement. D’autant que quatre ans plus tôt, avec un record d’enchère inférieur à 8 m$, le maître du bleu n’aurait pu prétendre à un ticket d’entrée dans un Top si solide.

Top 10 : Artistes Français

Yves Klein : le peintre de la sensibilité immatérielle, le nouveau réaliste à la carrière trop courte (décédé à l’âge de 34 ans) mais fulgurante, est ainsi l’un des artistes français les plus appréciés au monde. Cette année, il est même l’artiste français le plus apprécié, toutes disciplines créatives et toutes périodes confondues. Depuis mai 2012, ses meilleures enchères s’inscrivent désormais au-delà des 30 m$, loin devant les sommets annuels de Paul Cézanne (17 m$ pour le Joueur de cartes), Henri Matisse (même score pour Les pivoines), Paul Signac (12,3 m$ récompensent La Corne d’Or, Constantinople) et Claude Monet (11,5 m$ pour L’Entrée de Giverny en Hiver).

Klein au prix de Joan Miro
Yves Klein a définitivement la cote, comme en atteste sa progression impressionnante d’environ 100 % sur la décennie, et représente à lui seul près de la moitié du top 10 français en trois coups de marteau : les 3 œuvres de Klein réalisent 47,7 % du chiffres d’affaires de ce top 10.
Le record sera difficile à battre car, en atteignant 21 m£, soit 32,7 m$, le 27 juin 2012 chez Christie’s Londres, «Le Rose du bleu (RE 22) » se hisse au niveau record de l’un des plus grands modernes qui soit, à savoir Joan MIRO, qui décrochait lui-aussi son sommet à 21 m£ avec Peinture (Etoile Bleue) huit jours plus tôt chez Sotheby’s Londres (19 juin 2012).
Deuxième œuvre du classement : FC1 (signifiant Feu-Couleur 1) affichait une estimation de 30 m$ à 40 m$ lors de sa présentation en salle le 8 mai 2012 chez Christie’s. Cette fresque de trois mètres mêlant anthropométrie (empreinte de corps de femme), les couleurs Bleu IKB (International Klein Blue) et rose, ainsi qu’un travail au feu, comportait non seulement tous les grands principes de l’œuvre mais présentait de surcroît une provenance irréprochable, puisque directement issue de la collection de l’artiste.
Cette année, le Français Yves Klein signait par ailleurs sa plus belle enchère jamais enregistrée en France avec une toile issue de la collection de l’industriel Philippe Dotremont, dont une partie était dispersée le 4 avril 2012 chez Millon & Associés, Paris. Le monochrome proposé atteignait 1,8 m€, soit 2,4 m$… un record en France certes, mais un record loin derrière ceux de Londres et New York. On pourrait en effet s’attendre à un marché plus performant en France où sont réalisées 33 % des transactions de l’artiste. Mais la place de marché française manque de prestige et de pouvoir, ne parvenant à réaliser que 5 % du chiffres d’affaires de l’artiste en salles car les plus belles œuvres partent se vendre à Londres et New York, les deux capitales occidentales du marché qui représentent 91 % du volume d’affaires de l’artiste.

Le record de Klein est d’autant plus important qu’il rivalise désormais avec quelques-unes des plus belles enchères américaines : Andy WARHOL ne passait pas les 33 m$ cette année avec Double Elvis [Ferus Type], vendu chez Sotheby’s New York le 9 mai dernier, et le nouveau record de Roy LICHTENSTEIN, signé lors de la même vacation, n’est pas si loin (40 m$, Sleeping Girl)). Signe, peut-être, d’un rattrapage de cote entre les Français d’après-guerre et leurs homologues anglais et américains…