Top 10 : Adjudications au Moyen-Orient

[09/11/2012]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les dix plus belles enchères frappées au Moyen-Orient

Depuis 2005/2006, le marché de l’art au Moyen-Orient est au centre des attentions. Ses premiers balbutiements, d’abord centralisés à Dubaï, sont dès lors largement soutenus par les maisons de ventes occidentales, Christie’s en tête. Les foires d’art fleurissent dans un même temps, avec Art Dubaï en précurseur qui organise sa première édition en 2006 et réussi rapidement à assoir une visibilité internationale. Tandis que le Moyen-Orient continue d’ancrer ses fondations dans le panorama du marché de l’art international, et ce malgré des hauts et des bas parfois radicaux, quelles sont les dix plus belles enchères frappées jusqu’alors dans la région ?

Top 10 : Adjudications au Moyen-Orient

Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Parviz TANAVOLI 2500000$ The wall (oh, persepolis) (1975) 30/04/2008 (Christie’s DUBAI)
2 Mahmoud SAID 2200000$ The Whirling Dervishes (1929) 26/10/2010 (Christie’s DUBAI)
3 Mahmoud SAID 2100000$ Les Chadoufs (1934) 27/04/2010 (Christie’s DUBAI)
4 Charles Hossein ZENDEROUDI 1400000$ Tchaar-bagh (1981) 30/04/2008 (Christie’s DUBAI)
5 Robert INDIANA 1000000$ Love (1966-1999) 30/04/2008 (Christie’s DUBAI)
6 Mohammad EHSAI 1000000$ “He is the merciful” (2007) 30/04/2008 (Christie’s DUBAI)
7 Farhad MOSHIRI 900000$ Eshgh (Love) (2007) 03/03/2008 (Bonhams DUBAI)
8 Parviz TANAVOLI 850000$ Poet And Cage (2008) 27/04/2010 (Christie’s DUBAI)
9 Anish KAPOOR 810000$ Sans titre (2003) 18/03/2009 (Sotheby’s DOHA)
10 Rameshwar BROOTA 800000$ «Numbers» (1979) 24/05/2006 (Christie’s DUBAI)

L’année 2008 est la plus faste, comme le démontre la moitié des résultats de ce Top. Notons que sur ces cinq enchères 2008, quatre ont été signées lors de la vente du 30 avril chez Christie’s Dubaï. Une vente de tous les records qui a permis à Christie’s d’entrer dans l’histoire des enchères du Moyen-Orient en réalisant la meilleure vente pour une œuvre d’art cédée dans la région grâce aux 2,5 m$ atteints par The wall (oh, persepolis) de l’artiste iranien Parviz Tanavoli.

Dubaï et Doha
Quant aux huit résultats affichés pour Christie’s Dubaï, ils confirment la place prépondérante de la maison de ventes au Moyen-Orient où elle organise deux vacations par an depuis mai 2006 (en avril et octobre). Rappelons qu’après Christie’s, la maison anglaise Bonham’s, d’ailleurs à l’origine de la 7ème place de ce classement, a également choisi Dubaï pour ses vacations débutées en 2008. Principale place de marché, Dubaï rassemble aujourd’hui encore ses principaux acteurs. Néanmoins la tendance évolue et s’étend de plus en plus vers le Qatar et Doha, sa capitale, où Sotheby’s s’est stratégiquement implantée en 2009. Ambitieuse, Doha l’est avant tout pour s’inscrire comme un centre culturel fort sur l’échiquier mondial. Entendons par là que l’essor artistique de la capitale, menée par la fille de l’Emir, la jeune Sheikha Al Mayassa, concentre d’abord son énergie sur l’acquisition d’œuvres et la construction de musées.

Un marché en baisse de régime
Ce top expose la dégringolade de 2009 ainsi que la baisse de régime du marché, décelable depuis lors. L’année 2009 réussit tout de même à emporter une 9ème place grâce à l’engouement créé par la première vacation de Sotheby’s à Doha (le 13 mars) et à l’adjudication d’une sculpture Sans titre de la star de l’art contemporain d’origine indienne, Anish Kapoor, pour la coquette somme de 810 000 $ ! Après l’année 2008, c’est donc 2010 qui tire son épingle du jeu grâce aux ventes records de trois œuvres réalisées par deux artistes modernes originaires du Moyen-Orient : Mahmood Said (1897-1964) et Parviz Tanavoli (1937).

Des ventes d’artistes majoritairement locaux
Parmi les nationalités représentées, ce sont avant tout les pays de la région tels que l’Egypte (Mahmood Said) et l’Iran qui sortent grands vainqueurs, surtout l’Iran grâce à quatre artistes réunissant cinq des dix places de ce top : Parviz Tanavoli, Charles Hossein Di Zenderou, Mohammad Ehsai ainsi que le benjamin Fara Moshiri (né en 1963). De son coté, l’Inde n’est pas en reste grâce à l’artiste moderne Rameshwar Broota et à Anish Kapoor. Enfin, les États-Unis avec Robert Indiana sont timidement mais sûrement présents à la 5ème place.

 

Les artistes
Avec des ventes essentiellement réalisées à Dubaï aux Émirats Arabe Unis (30 lots mis en vente sur 52), le sculpteur iranien Parviz TANAVOLI enregistre à ce jour six adjudications au-delà de 200 000 $. Considéré comme le père fondateur de la sculpture moderne iranienne, ce n’est pas un hasard qu’il soit l’auteur depuis 2008 de la plus belle enchère jamais réalisée au Moyen-Orient grâce à l’adjudication par Christie’s The wall (oh, persepolis). Mesurant 2 mètres de haut et recouverte de signes cunéiformes, cette tablette en bronze est un hommage rendu aux origines, celles des empereurs perses. Néanmoins, quelque 1,6 m$ séparent ce record de sa deuxième plus belle enchère, preuve que ce résultat reste encore exceptionnel. D’autant plus qu’en 2012, sa meilleure adjudication s’enregistrait à 50 000 $ pour la sculpture The Poet’s Family II chez Christie’s Dubaï, le 17 avril.

Les toiles de l’Égyptien Mahmoud SAID décédé en 1964, signent leur plus belle année en salles en 2010. Grâce aux vacations d’avril et d’octobre de Christie’s, ses œuvres enregistrent deux records d’affilé qui leur ouvrent les 2ème et 3ème places de ce classement. L’huile sur toile les Chadoufs, une scène de vie égyptienne traditionnelle, ouvre le bal le 27 avril en trouvant preneur pour 2,1 m$ soit plus de 10 fois sont estimation haute (Christie’s Dubaï) ! Puis c’est une deuxième toile de celui que l’on considère comme le fondateur de la peinture moderne égyptienne, The Whirling Dervishes, qui surenchérit une poignée de mois plus tard ce record grâce à une adjudication de 2,2 m$ chez Christie’s Dubaï, le 26 octobre. Les peintures de Mahmoud Said n’ont pas signé de nouvelles enchères millionnaires depuis 2010.Les plus emblématiques trouvent néanmoins encore acquéreur à plusieurs centaines de milliers de dollars, à l’image de Pêcheurs à Rashid (Rosette) adjugée 680 000 $ le 23 octobre 2012 chez Christie’s Dubaï.

Le marché de l’Iranien Charles Hossein ZENDEROUDI, en plein boom en 2007 et 2008, enregistre durant ces deux années 16 ventes entre 180 000 $ et 1,4 m$. Parmi elles, l’adjudication de l’huile sur toile Tchaar-bagh signe son record avec 1,4 m$ (Christie’s Dubaï, 30 avril 2008). Actuellement, les résultats de ventes pour les calligraphiques gestuelles de l’artiste n’ont pas le même goût. En effet, parmi les 12 lots passés à l’encan ces douze derniers mois, la moitié ont été ravalés incluant les deux seuls lots proposés chez Christie’s Dubaï. Les six autres lots ont tous été adjugés en Europe entre Paris, Londres et Amsterdam, et seule une toile a trouvé preneur au-delà de 100 000 $ : Faka + Lamlam, adjugée près de 124 000 $ chez Christie’s Paris, le 31 mai 2012.

Le Pop Art de l’Américain Robert INDIANA a réussi à se frayer un chemin parmi les meilleures ventes réalisées au Moyen-Orient grâce à une sculpture de près de deux mètres par deux de son universel Love adjugée 1 m$ chez Christie’s Dubaï, le 30 avril 2008. Malgré ce beau résultat ajouté à la vente de tous les lots passés à l’encan dans la région (six au total, vendus entre 2007 et 2008), les commissaire-priseurs réservent leurs pièces pour le marché occidental.

De même génération que Charles Hossein Zenderouri, son compatriote Mohammad EHSAI est lui aussi présent dans ce classement, à la 6ème place, grâce à l’huile sur toile He is the merciful cédée à 1 m$ chez Christie’s Dubaï, le 30 avril 2008, soit la même vacation que celle où fut adjugée Tchaar-bagh de Charles Hossein Zenderouri à 1,4 m$. Le marché de ses toiles calligraphiques suit d’ailleurs peu ou prou le même cheminement que celui de Charles Hossein Zenderoudi avec quelques récents résultats à plus de 100 000 $ malgré une baisse de régime depuis 2009.

S’il n’est plus à présenter dans la catégorie art contemporain sur la place de marché internationale, le benjamin de ce top, l’Iranien Farhad MOSHIRI, doit sa plus belle enchère à la brillante Eshgh (love). C’est lors de la vente inaugurale de Bonhams à Dubaï le 3 mai 2008 qu’elle fut cédée à 900 000 $, soit plus de quatre fois son estimation haute. Ce résultat est jusqu’alors à part dans l’histoire des adjudications de Farhad Moshiri, sa seconde meilleure enchère culminant à 650 000 $, soit 250 000 $ en dessous de son record, établi avec les œuvres I love you until eternity, cedée chez Christie’s Dubaï le 30 avril 2008, et 095TTV, adjugée chez Sotheby’s Doha le 16 décembre 2010. Cependant la cote de l’artiste reste dynamique et enregistre ces douze derniers mois douze ventes au delà de 50 000 $ !

Aux 9ème et 10ème places de ce classement, l’Inde est à l’honneur avec la star du marché de l’art contemporain Anish KAPOOR, ainsi que l’artiste moderne Rameshwar BROOTA. Si l’adjudication à 810 000 $ de la sculpture-miroir Sans Titre est seulement la 26ème meilleure vente pour une œuvre d’Anish Kapoor, les 800 000 $ de l’huile sur toile Numbers de Rameshwar Broota correspondent eux au record de l’artiste. Numbers est un des deux lots de Rameshwar Broota mis à l’encan au Moyen-Orient. Son résultat record étonne de prime abord tant l’esthétisme et les thématiques politiques de cet artiste indien incontournable semblent loin des préférences des acheteurs issus du Moyen-Orient. Rappelons néanmoins que l’adjudication a été frappée lors de la première vente de la maison Christie’s à Dubaï en 2006 et qu’en 2006 Dubaï, en enclave sûre et libérale, attirait aisément les indiens sur ses terres. Même si les deux artistes enregistrent une majorité de résultats en Occident, la cote d’Anish Kapoor est au beau fixe tandis que les résultats de vente de Rameshwar Broota ont baissé et ne dépassent pas les 200 000 $ depuis 2008.

En l’absence de résultats de 2011 et 2012, ce classement confirme la baisse de régime des ventes réalisées au Moyen-Orient. Il confirme également que depuis 2010 aucun lot n’a été frappé au-delà de 800 000 $. On est donc loin des records millionnaires régulièrement enregistrés dans les places fortes du marche de l’art, la Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni…