Terne résultat des impressionnistes face au triomphe des modernes

[16/11/2003]

 

Le marché américain a scintillé lors des ventes « impressionism & moderne art ». Grâce à quelques riches collectionneurs américains, plusieurs lots importants ont dépassé les estimations hautes. Résultat : 75 des 102 lots mis en vente les soirs du 4 et 5 novembre ont trouvé preneur, pour un chiffre d’affaires global de 216 millions de dollars. Il faut remonter à novembre 2000 pour retrouver un tel niveau de produit de ventes (242 millions de dollars avaient été capitalisés par Sotheby’s et Christie’s les 8 et 9 novembre 2000).

Soirées exaltées par les modernes : grâce à une sélection soignée de quelques œuvres exceptionnelles d’artistes modernes, 7 records ont été battus : Amedeo MODIGLIANI, Fernand LÉGER, Gustav KLIMT, Henry MOORE, Andreas JAWLENSKY, Georg SCHOLZ et Jean METZINGER. Peut-on pour autant en conclure que le marché soit relancé ou qu’il soit animé par un regain d’optimisme ?

Les gammes de prix du marché de l’art Répartition du volume de transaction par segment de prix (janvier-octobre 2003)

Le noyau dur et le plus dynamique du marché est représenté par les œuvres adjugées moins de 10 000 euros (près de 90% des enchères), loin des projecteurs et des médiats. N’oublions pas que les enchères millionnaires représentent à peine 1/1000ème du volume de transactions. Cette part infime du marché, dépendante d’un nombre très restreint de collectionneurs et de la qualité très variable des pièces mises en vente en quelques heures peut-elle réellement servir de référent au reste du marché ?

De plus, au-delà des belles performances pour Klimt avec Landhaus am Attersee (c.1914), un paysage adjugé 26 millions de dollars chez Christie’s, pour Fernand Léger avec La femme en rouge et vert (20 millions de dollars chez Sotheby’s) et pour Modigliani grâce aux 24 millions de dollars couronnant son Nu couché (sur le côté gauche), plusieurs résultats ont déçu.
Parmi les mauvaises surprises, on retrouve essentiellement des impressionnistes ou des postimpressionnistes. Notons les deux Vincent VAN GOGH adjugés bien en dessous de leurs estimations : estimé 12 – 18 millions de dollars par Christie’s, L’Allée des Alyscamps n’a trouvé preneur qu’à 10,5 millions de dollars et l’aquarelle intitulée La moisson en Provence, estimée 10 – 12 millions de dollars, n’a atteint que 9,2 millions de dollars. Son propriétaire l’avait acquise que 14,5 millions de dollars 6 ans plus tôt ! A signaler aussi les maigres 9,3 millions de dollars obtenus par la version des Nymphéas de Claude MONET estimée 10-15 millions de dollars par Christie’s. Même sort pour la nature morte de Paul CÉZANNE (7,8 millions de dollars pour Nature morte : Pommes et poires, estimée à 8 – 12 millions de dollars). Du même artiste, Une Moderne Olympia (La Pacha), achetée 5,4 millions de dollars en 1997 a été ravalée à hauteur de 4,3 millions de dollars. Nombreux sont aussi les Pierre-Auguste RENOIR adjugés sous les estimations basses ou ravalés. Sombres soirées pour les impressionistes.