Température du marché à Hong Kong après les dernière ventes de Sotheby’s

Au premier semestre 2021, les ventes d’art moderne Sotheby’s à Hong Kong affichaient un résultat spectaculaire de 1,3 milliard de dollars HK (167 millions de dollars), un record dans l’histoire de Sotheby’s en Asie… Même tendance chez Christie’s, dont les résultats montraient une nette évolution et un changement global des acheteurs, les clients asiatiques représentant 39 % (1 milliard de dollars) du produit des ventes de Christie’s à l’issue du premier semestre.

La tendance se poursuit cet automne. Et en plus des résultats soutenus pour les signatures asiatiques habituelles – dont les franco-chinois d’avant-garde tels que Sanuy, Zao Wou-Ki et Chu Teh Chun – le marché hongkongais ne cesse d’évoluer vers une offre plus internationale…

Vincent Van Gogh, Vase aux Glaïeuls

Le prix de ce tableau est passé de 5,8m$ à 9,1m$ en cinq ans

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Des modernes français très demandés

Les artistes français ont la faveur des collectionneurs à Hong Kong. Les sociétés de ventes étrangères comme Sotheby’s le savent bien et alimentent autant que possible leurs vacations de prestige avec ces artistes emblématiques de la modernité, à commencer par l’incontournable Pablo PICASSO (Femme Accroupie, 24,6m$). Le 9 octobre dernier, les signatures françaises étaient particulièrement nombreuses, sans compter les grands artistes franco-chinois.

Deux œuvres de Bernard Buffet, une couseuse de Renoir, une sculpture d’Auguste Rodin, une superbe gouache de Marc Chagall et une Nature morte de Vincent Van Gogh se sont vendues sans peine. Vase Aux Glaïeuls (51,2 x 38,8 cm) de Vincent VAN GOGH s’avérait être le premier tableau de l’artiste jamais présenté dans une vente aux enchères en Asie. Il est parti pour 9,1m$ contre 5,8m$ obtenus pour cette même toile en 2016 à New York.

Georges MATHIEU cartonne à Hong Kong et il y renouvelle son record. Les trois œuvres proposées sous sa signature le 9 octobre affichent un résultat global de 3,4m$. Trois autres cédées le lendemain (pour la vente de jour) totalisent 623 m$. Au total, plus de 4m$ d’œuvres du peintre abstrait ont été dispersées les 9 et 10 octobre à Hong Kong.

“Georges Mathieu renouvelle son record à Hong Kong avec 2,35m$ pour l’œuvre monumentale Tuz Gölü de 1978.”

Le précédent record de Georges Mathieu avait été enregistré le 2 décembre 2020, déjà par Sotheby’s Hong Kong : 2,2m$ pour Souvenir de la maison d’Autriche, une huile sur toile gigantesque (250 x 600 cm) qui enterrait alors de 400.000$ le précédent sommet de l’artiste. Ses toiles sont soumises aux enchérisseurs de la péninsule depuis 2014 par Sotheby’s et Christie’s mais l’artiste est devenu, en moins d’un an, l’une des signatures les plus prisées de ces ventes. La représentation de la succession du peintre par les galeries Perrotin et Nahmad n’est pas étrangère à la récente envolée des prix.

Georges Mathieu : progression de son produit des ventes aux enchères depuis 2000

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Artiste plus confidentiel : André BRASILIER, aujourd’hui âgé de 91 ans, est très soutenu depuis une quinzaine d’années et ses œuvres fonctionnent à merveille sur la place de marché hongkongaise. Brasilier y obtenait son record personnel à hauteur de 470 250 $ en avril dernier – au double des prévisions – avec une huile sur toile de 2002 intitulée Grande cavalcade camarguaise. Sotheby’s a vendu pas moins de quatre toiles de Brasilier les 9 et 10 octobre, la plus belle obtenant 154 000 $.

André Brasilier : évolution de son indice des prix depuis 2001 (copyright Artprice.com)

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72% d’artistes contemporains non asiatiques !

Le virage vers une offre internationale a été si bien négocié que Sotheby’s ne craint plus désormais d’offrir des artistes non asiatiques à ses ventes hongkongaises d’art contemporain. Ils étaient même en grande majorité sur leur dernière vente, avec 23 non asiatiques sur 32 artistes au catalogue. C’est-à-dire que les trois quart de l’offre hongkongaise d’art contemporain est désormais totalement tournée vers l’international !

Ce basculement nous renseigne sur deux choses : tout d’abord, les grands collectionneurs asiatiques sont très engagés sur le développement des prix de l’art contemporain international. Ils misent haut et juste. Cela nous renseigne aussi sur le fait que l’offre de Hong Kong se rapproche de celle de New York, première place de marché historique pour l’art contemporain. Dans le dernier rapport d’Artprice, nous développons cette évolution historique (notre dernier rapport sur le Marché de l’Art contemporain), en précisant que Hong Kong est devenue la première place du marché haut de gamme de l’art contemporain, avec 129 œuvres contemporaines millionnaires entre l’été 2020 et l’été 2021, soit six résultats millionnaires de plus qu’aux États-Unis.

Aujourd’hui, le marché hongkongais est capital pour les trois premières maisons de ventes mondiales: Phillips y enregistre le quart de son produit de ventes pour l’Art Contemporain, Christie’s 33% et Sotheby’s jusqu’à 38%. Les trois sociétés mettent tout en œuvre pour accélérer encore leur croissance sur ce marché dans les années à venir.

Podium contemporain du 9.10

Jean-Michel Basquiat : Untitled (Red warrior) (1982), 195,6 x 198 cm

Trois toiles remarquables de Jean-Michel BASQUIAT ont dépassé cette année à Hong Kong les 35m$ chacune. Ce grand guerrier étant moins puissant que les trois œuvres précédentes, il remporte “seulement” 20,9 millions de dollars, un prix cohérent compte tenu de sa fourchette d’estimation (Untitled (Red Warrior), 19-16m$).

Yoshitomo Nara : Under the Hazy Sky (2012), 194,8 x 162 cm

Yoshitomo NARA est l’artiste contemporain le plus performant en Asie selon son produit des ventes aux enchères (2020/21). Le cœur de son marché est Hong Kong qui génère 80% du résultat de l’artiste. La dernière grande acrylique offerte par Sotheby’s HK est partie pour 8,8m$, dans sa fourchette d’estimation. Rappelons que le record absolu de cet artiste a été établi en 2019 à près de 25m$ pour sa toile Knife Behind Back (2000).

Joan Mitchell : Untitled (c.1967), 200 x 150 cm

Joan MITCHELL est l’artiste femme la plus cotée du marché des enchères (voir notre article Joan Mitchell, première dame du Marché de l’Art). L’œuvre de 1967 vendue le 9 octobre a dépassé l’estimation haute pour s’établir à 8,4m$. Il s’agit du meilleur résultat obtenu en Asie pour l’artiste et de sa 15e meilleure adjudication mondiale. En 2004, à New York, la même toile se vendait pour 477 900$ chez Christie’s… Le prix de l’œuvre affiche une augmentation spectaculaire de 1 654 % en 17 ans !