Takis le magicien – collection Eileen et I.M. Pei – 15 œuvres de Bouguereau en vente à Lyon

[06/09/2019]

Takis le magicien (1925-2019)

Le monde de l’art a perdu deux de ses plus illustres représentants durant ce mois d’août. Peu de temps après le décès de Carlos CRUZ-DIEZ (1923-2019), Vassilakis TAKIS (1925-2019) a disparu à l’âge de 93 ans.

Un clou qui flotte immobile dans l’espace ; un cylindre et une boule qui semblent danser au son d’une musique onirique : c’est effectivement une certaine « magie » qui vient à l’esprit. Il n’y a cependant pas de truc dans l’art de Takis, il n’essaie pas de tromper l’œil. Au lieu de dépeindre des triangles et des cylindres dans un espace imaginaire, il construit une relation entre des objets solides dans l’espace réel, sans cacher l’espiègle processus magnétique par lequel il y parvient.

Né Panayotis Vassilakis près d’Athènes en 1925, Takis partage le sort de son pays natal, décimé par la guerre perdue contre la Turquie et la Seconde Guerre mondiale. Mi-inventeur, mi-artiste, passionné de son monde moderne, il ne veut pas faire sans le son, sans l’électricité, sans les nouvelles technologies de son époque. « Je ne peux penser mon travail que comme mon travail uniquement. Dans un sens je ne suis qu’un émetteur, je baigne tout simplement dans l’énergie ».

Celui qui était parti se former à Paris, auprès du vieux Constantin BRANCUSI (1876-1957), est inspiré par les signaux de transport lumineux alors qu’il attend le train en gare de Calais en 1955. C’est le début des Signaux, des pièces qui s’inspirent des jungles de fer du paysage industriel moderne. Elles seront suivies des Télésculptures quand il découvre l’énergie électro-magnétique, et des Télélumières pour intégrer l’électricité à ses sculptures. Viendront le son, puis le mouvement, qui l’associent à de nombreux courants – Art Cinétique, Fluxus, Nouveaux Réalistes – sans qu’il se laisse enfermer par aucun. Il est également adoubé par Marcel DUCHAMP (1887-1968) lors d’un séjour aux États-Unis, qui voit en lui « un gai laboureur des champs magnétiques ».

A Londres, avait lieu depuis le 3 juillet la plus grande rétrospective de Takis au Royaume-Uni lorsque l’artiste est décédé. Elle se poursuit sous forme d’hommage jusqu’au 27 octobre 2019, emportant le visiteur dans un voyage spatial, au gré des 70 œuvres rassemblées. Ils pourront tour à tour traverser des forêts de signaux – dont le superbe Magnetic Field de 1969, qui n’a pas été exposé depuis plus de 70 ans, déambuler parmi les ovnis activés par des radars, flotter au son du Gong et des sphères musicales.

Takis hante également les salles de vente : Christie’s, Phillips et Piasa proposent toutes les trois des œuvres de l’artiste en ce mois de septembre. Son record absolu, frappé chez Sotheby’s en octobre 2012 pour un Signal à plus de 143 000$ pourrait fort être surpassé dans les prochains mois.

25m$ attendus pour la collection Eileen et I.M. Pei

Paris, Hong Kong, Los Angeles, New York sont les quatre étapes d’exposition de la superbe collection du sino-américain Ieoh Ming Pei et de sa femme Eileen Loo avant sa dispersion par Christie’s.

Récompensé par le Prix Pritzker 1983, l’immense architecte à qui l’on doit la fameuse Pyramide du Louvre, la tour de la Banque de Chine à Hong Kong et le musée d’Art Islamique à Doha, Ieoh Ming Pei est décédé le 16 mai dernier à New York à l’âge de 102 ans, cinq ans après son épouse. Les héritiers ont décidé de faire appel à la prestigieuse société de ventes Christie’s pour s’occuper au mieux de la vente de leur collection, constituée au grès des rencontres amicales avec les plus grands artistes de la seconde moitié du XXème siècle.

Un supplément d’âme anime ainsi cet ensemble. Johanna Flaum, en charge des ventes d’Art Contemporain et d’Après-Guerre chez Christie’s, explique que « l’œuvre de Barnett Newman provient de sa femme Annalee Newman quelques années après le décès de l’artiste et certaines œuvres de Jean Dubuffet étaient spécialement dédicacées au couple Pei. Leur collection faisait partie intégrante du décor de leur maison, qu’ils avaient eux-mêmes pensé et qui illustre parfaitement le dialogue entre ces grands artistes du 20ème siècle et l’œil avisé de leur contemporain dans le domaine architectural ».

La collection comprend notamment deux œuvres de Barnett NEWMAN (1905-1970), Untitled 4 et Untitled 5, qui appartiennent à une série de six peintures exécutées en 1950, dont trois sont actuellement dans les collections du MoMA, de l’Institut d’Art de Chicago et de la Collection Menil à Houston. Des œuvres de Jean DUBUFFET, ZAO Wou-Ki, Franz KLINE, ZHANG Daqian, Willem DE KOONING, Jacques LIPCHITZ, Isamu NOGUCHI ou encore LI Keran seront mises aux enchères dans diverses sessions d’Art Impressionniste et Moderne, Art d’Après-Guerre et Contemporain, d’Art Chinois du 20ème siècle et Peintures chinoises ,notamment à New York et à Hong Kong au cours des prochains mois. L’ensemble pourrait dépasser les 25 millions de dollars, selon Christie’s.

Expositions de la collection Eileen et I.M. Pei par Christie’s :

  • du 13 au 17 septembre à Paris
  • du 3 au 8 octobre à Hong Kong
  • du 15 au 19 octobre à Los Angeles
  • du 1er au 12 novembre à New York

15 œuvres de Bouguereau en vente à Lyon

Grand maître de la peinture académique, William Adolphe BOUGUEREAU (1825-1905) est particulièrement apprécié par les collectionneurs américains depuis toujours. Les meilleurs résultats de ce premier Prix de Rome 1850 proviennent d’ailleurs tous de New York, où une trentaine de ventes millionnaires ont été enregistrées jusqu’à présent. Mais c’est à Lyon que les amateurs du peintre convergeront le 13 octobre prochain. La société Conan s’est en effet vue confier la vente d’un rare ensemble de 15 œuvres restées dans l’atelier de l’artiste avant de rejoindre la collection des actuels propriétaires. Maître Cécile Conan précise que « ces œuvres inédites sur le marché ont toutes appartenu à un même collectionneur lyonnais, ami de Monsieur Vincens-Bouguereau, petit-fils de l’artiste, de qui il les tint ». La provenance est donc idéale, et la gamme de prix intéressante.

Les estimations commencent à 2 000 euros avec une aquarelle de l’un des plus beaux sujets mythologiques, Léda et le cygne. L’oeuvre la plus valorisée est la « réduction » d’une œuvre célèbre intitulée Loin du pays. Il s’agit de la deuxième réduction connue à ce jour de cette œuvre. Elle a été peinte en 1867, donc par l’artiste lui-même et non par ses élèves, comme c’est le cas des réductions plus tardives. Bouguereau a en effet peint plusieurs réductions de ses peintures les plus fameuses à la demande des marchands, afin de diffuser son œuvre dans diverses dimensions et gammes de prix. Cette huile sur panneau, attendue entre 40 000 et 60 000 euros, devrait intéresser aussi bien des collectionneurs privés, français ou américains, que des musées, de même ses superbes portraits attendus entre 10 000 et 20 000 euros en moyenne.