Taipei Dangdai, entretien avec Magnus Renfrew

[07/01/2020]

Fort d’une expérience de plus de 20 ans dans le monde de l’art international et d’une haute expertise de son écosystème en Asie, Magnus Renfrew lançait l’an dernier une nouvelle foire d’art à Taiwan : TAIPEI DANGDAI. Après une première édition réussie, Monsieur Renfrew exprime à Artprice les enjeux d’une foire de qualité à Taiwan, face à Hong Kong…

Magnus Renfrew, photo credit Taipei Dangdai, photo by Sean Wang(1)

Magnus Renfrew – Photo by Sean Wang, photo credit Taipei Dangdai

Après une expérience à Hong Kong où vous avez fondé et dirigé le salon ART HK: Hong Kong International Art Fair, puis de la Art Basel HK de 2012 à 2014, comment Taiwan est apparue comme la plateforme idéale pour une nouvelle foire ?

MR: Les collectionneurs taïwanais ont toujours joué un rôle clé dans le succès des foires de Hong Kong et les galeries ont toujours souligné le rôle des collectionneurs taïwanais dans leur succès à ART HK comme à Art Basel Hong Kong. Outre les collectionneurs déjà actifs sur le plan international, qui ont déjà l’habitude d’acheter auprès de galeries et de foires d’art, il existe un gros potentiel auprès des nombreux collectionneurs qui n’achètent encore actuellement qu’exclusivement aux enchères. Taipei Dangdai leur permet d’élargir leur horizon en découvrant d’importantes galeries venues du monde entier. Outre le potentiel de collectionneurs, Taipei possède l’un des réseaux de galeries les plus établis d’Asie, des institutions exceptionnelles et l’une des biennales les plus importantes de la région. Notre ambition est de mettre en exergue une effervescence déjà bien ancrée dans la région.

Taipei Dangdai se tient au mois de janvier, inaugurant le calendrier annuel des foires internationales. Pourquoi cette période plutôt qu’une autre ?

MR: Choisir le meilleur moment dans le calendrier annuel est toujours un défi… Cependant, le mois de janvier est un moment où l’ambiance à Taipei est assez positive. De plus, en inscrivant le premier événement du calendrier artistique international, nous espérons pouvoir relancer l’intérêt du monde de l’art dans la création Asiatique pour toute l’année à venir.

Selon le dernier rapport sur le Marché de l’art contemporain d’Artprice, les résultats d’enchères obtenus pour l’art contemporain à Taiwan sont en berne (-29% en 2018-2019), les collectionneurs taiwanais trouvent-ils une offre plus stimulante sur la foire qu’aux enchères ?

MR: Ces chiffres ne reflètent pas une image complète. Sotheby’s, Christie’s et Phillips soulignent tous l’importance des collectionneurs taïwanais en tant que consignataires et acheteurs dans leurs ventes, non seulement à Hong Kong, mais aussi au plus haut niveau dans les grandes ventes d’art impressionniste, moderne, d’art d’après-guerre et contemporain, à Londres et aussi à New-York. En présentant un salon de qualité, avec une sélection scrupuleuse et conforme aux normes internationales, nous souhaitons élargir les possibilités offertes aux collectionneurs taïwanais pour acheter des œuvres de premier plan auprès de galeries, comme ils le font aux enchères. En même temps, nous voulons élargir le marché en ouvrant une voie de grande qualité aux nouveaux collectionneurs de Taiwan.

Les collectionneurs les plus actifs sur le salon sont-ils taiwanais ? Constatez-vous la venue d’autres collectionneurs asiatiques, et peut-être occidentaux ?

MR: En effet, les collectionneurs taïwanais étaient très actifs à la foire l’an dernier, de même que les collectionneurs japonais et hongkongais. Notre premier objectif est de consolider les contacts avec la base de collectionneurs taïwanais, mais nous souhaitons également nouer des relations commerciales avec des collectionneurs venus d’autres régions d’Asie et du monde entier.

Taipei Dangdai, January 2019. Courtesy Taipei Dangdai (5)(1)

Des galeries internationales de premier plan sont présentes pour cette deuxième édition, telles que David Zwirner, Gagosian, Thaddaeus Ropac, Continua, Hauser & Wirth, Lehman Maupin, la Pace gallery ou encore la Lisson gallery. Comment créez-vous l’équilibre entre galeries asiatiques et occidentales sur le salon ?

MR: Taipei Dangdai présente les principales galeries du monde entier à côté des principales galeries d’Asie. Toutes les galeries que vous avez mentionnées ont une forte présence dans la région, soit à travers un espace physique, soit par le biais de représentants basés dans la région.

Plusieurs solo show sont mis à l’honneur cette année – Bernard Piffaretti chez Frank Elbaz, Nam June Paik à la galerie Bhak, Dan Flavin par la galerie Bastian, Takeo Hanazawa chez la tokyoïte Side 2… en quoi cette politique du solo show constitue un atout pour la foire ?

MR: J’aime beaucoup le secteur des solos sur le salon car il donne l’occasion de voir une sélection très soignée du travail des artistes. Les solos show permettent aussi une appréciation plus approfondie du travail d’un artiste en particulier, de ses idées et de ses techniques.

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots Robin Peckham, qui se joint à vous pour la co-direction du salon cette année ?

M.: Je suis ravi que Robin ait rejoint l’équipe. Je le connais depuis longtemps et il possède unehiroshige connaissance exceptionnelle du paysage culturel de la Grande Chine. Robin a été basé en Chine et à Hong Kong pendant plus de 15 ans, avant de s’installer à Taipei cet été pour occuper son poste de co-directeur. Sa maîtrise du putonghua (mandarin) et sa présence sur le terrain contribuera à élargir et à approfondir considérablement nos liens avec la ville et avec la communauté culturelle. Nous avons des expériences, des compétences et des réseaux très complémentaires et nous collaborons déjà ensemble dans un excellent rythme de travail.

Pour terminer en beauté : si vous étiez une œuvre d’art, laquelle seriez-vous aujourd’hui ?

MR: Aujourd’hui, je serais le Jardin des Pruniers à Kameido par Utagawa Hiroshige.

 

Entretien avec Magnus Renfrew

co-fondateur et co-directeur de la foire Taipei Dangdai (17-19 janvier 2020)