Space Invaders : l’invasion continue

[23/12/2022]

Jusqu’au 22 janvier, la galerie Over The Influence accueille le premier solo show parisien de Space Invader depuis 11 ans. Over The Influence, qui a ouvert cet été dans la capitale française, a été fondée à Hong Kong en 2015, s’est étendue à Los Angeles en 2018 puis à Bangkok en 2022. À Paris, la galerie présente 40 œuvres dans une exposition intitulée “Invader, 4000“ : 40 œuvres faisant écho à 40 créatures pixélisées installées par le Street artist à travers le monde. Chaque pièce est la réplique d’une œuvre in situ, un alias destiné au marché de l’art. Ces alias sont présentés avec les photographies des œuvres dans leurs environnements urbains : un parti pris important pour l’artiste car le choix d’implantation des mosaïques n’est jamais le fruit du hasard, il fait toujours sens.

 

L’emplacement des mosaïques est “un élément essentiel du processus qui est totalement subjectif, il s’agit pour moi de trouver les points névralgiques des villes que je parcours. Cela prend beaucoup de temps, c’est un long travail de repérage. Je compare souvent cela à une acupuncture urbaine.” Invader

 

Cette exposition fait événement depuis son ouverture le 10 décembre dernier, tant et si bien que pour gérer le flux de visiteurs, la galerie OTI reçoit sur rendez-vous uniquement. C’est que la popularité d’INVADER (1969) est immense. Sa signature immédiatement reconnaissable, et son répertoire issu de la culture visuelle populaire, ont conquis le monde entier. La longévité de ce travail et la pugnacité dont fait preuve l’artiste depuis déjà 25 ans ont pleinement joué dans cette reconnaissance sympathique et colorée. Les Space Invaders, ces mosaïques pixelisées inspirées de l’esthétique des premiers jeux vidéo, rythment les espaces urbains dans plus de 80 villes à travers le monde, avec plus de 4000 mosaïques déjà installées.

 

A quels prix ?

À la galerie Over The Influence, le prix des œuvres varient entre 38 000 euros pour les petits formats et 500 000 euros pour les plus importants, soit entre 40 400$ et 532 000$ : des prix conséquents, qui se trouvent être alignés sur des résultats de ventes aux enchères soutenus. Les mosaïques peuvent même susciter l’emballement. Exemple le 1er décembre dernier lors d’une vente d’art contemporain parisienne de Christie’s, où un petit format de 20 x 21,7 cm – BRC_13 (2013) – est monté jusqu’à 72 800$, contre une fourchette d’estimation comprise entre 37 000$ et 58 000$. Ce BRC_13 avait justement été acheté précédemment lors d’une exposition organisée par Over The Influence à Hong Kong. Lors de cette même vacation, Christie’s cédait un format un peu plus conséquent (MIA_09, 2010, 35 x 44 cm) au double de l’estimation basse, pour plus de 105 000$!

 

Invader, BRC_13 (2013). 72 809$ le 1er décembre 2022 chez Christie’s Paris.

 

Ces montants à six chiffres ne sont pas nouveaux pour Invader, le tout premier ayant été enregistré en 2015 chez Christie’s Hong Kong pour une imposante mosaïque de 210 x 240 cm (ALIAS HK-59, 2014) saisie à 345 000$. On constate cependant une accélération de ce type de résultats depuis trois ans. Depuis 2019 en effet, le marché du Street artist a pris une autre dimension, avec l’envolée époustouflante d’une mosaïque en hommage à la série manga japonaise emblématique Astro Boy : Tk_119 (2014), estimée entre 100 000$ et 150 000$ par Sotheby’s New York, a décollé jusqu’à dépasser le million de dollars. Prix final : 1,22m$.

 

Evolution du produit des ventes aux enchères de INVADER : premier pic en 2019 (copyright Artprice.com)

 

Cette année, les œuvres d’Invader ont généré plus de 3 millions de dollars aux enchères, sur un marché totalement international : France, Royaume Uni, Etats Unis, Hong Kong et Japon, mais aussi Suisse, Italie, entre autres pays d’Europe.

 

Qui est Invader?

“Je me définis comme un AVNI, un Artiste Vivant Non Identifié, j’ai pris Invader pour pseudonyme et j’apparais toujours masqué. Je peux ainsi me rendre à mes propres expositions sans que les visiteurs ne soupçonnent mon identité ou ne remarquent ma présence même lorsque je me tiens à leurs côtés! Depuis 1998 j’ai développé un projet de grande envergure qui répond au nom de code : Space Invaders.” Invader

Né en France en 1969, diplômé de la prestigieuse École des Beaux-Arts de Paris, Franck Slama a choisi le pseudonyme Invader, pour conserver l’anonymat, à l’image d’un autre célèbre Street artist, Banksy. Son visage n’est pas connu, mais ses petits personnages pixelisés nommés Space Invaders ont intégré notre environnement urbain depuis un quart de siècle. Invader commence à taguer à Paris à la fin des années 1990 auprès de ZEVS, avec qui il forme le groupe des @nonymous. Depuis l’installation du premier Space Invader en 1998, plus de 4000 mosaïques ont été installées dans le monde entier.

Les fans d’Invader ont leur application mobile depuis 2014 : FlashInvaders, un succès comptant plus de 140 000 utilisateurs. Cette application ludique consiste à photographier chaque Space Invaders que l’on croise, chacun étant reconnu par l’application à la manière d’un QR code. Ces collections d’images sur FlashInvaders génèrent des points, comme un jeu en ligne. Invader a trouvé le jalon manquant entre Street art, culture geek et déambulation urbaine…

 

Expositions 

Le travail d’Invader a notamment été exposé dans les institutions suivantes : MGLC de Ljubljana, Slovénie; Fondation HOCA, Hong Kong ; MOCA à Los Angeles, États-Unis ; MCASD à San Diego, États-Unis ; Musée Ingres à Montauban, France; Baltic Centre for Contemporary Art à Gateshead, Royaume-Uni ; Musée de Daejeon Arts, Corée du Sud.