Sotheby’s New York : petite sélection de chefs-d’oeuvre parmi les plus attendus pour les ventes de mai

[05/05/2023]

L’un des moments les plus forts de l’année se prépare : dans dix jours s’ouvrira la saison des ventes de prestige new-yorkaises. Voici, en bref, une sélection de quelques chefs-d’œuvre mise en exergue par Sotheby’s.

Une toile de la fameuse série de L’Empire des lumières de Magritte annoncée à 55 millions de dollars (estimation haute), une Nature morte aux pivoines de Gauguin estimée entre 10 et 15 millions de dollars, autant pour une Vue du Cap Martin peinte par Monet, un promeneur en haut-de-forme de Manet et une Femme assise sur un balcon de Matisse valorisés entre 2 et 3 millions chacun… tous les grands noms de l’art moderne sont bien présents au catalogue de la vente du 16 mai de Sothebys, avec un petit plus anachronique : un portrait d’homme de Pierre Rubens estimé au même prix que le plus important Picasso de cette vente (Femme nue couchée jouant avec un chat), soit entre 20 et 30 millions.

Suivra, deux jours plus tard, la grande vente d’art contemporain de Sotheby’s, dont une sélection d’abstractions américaines et européennes d’après-guerre, d’œuvres minimalistes,  Pop Art, et les grandes signatures des années 1980 et 1990. 

Sur son site Internet, Sotheby’s met en avant les œuvres offrant les estimations les plus conséquentes, ainsi que celles dont les ventes devraient se distinguer comme les plus marquantes de la saison.

Une première pour Gustav Klimt

Un point de vue rabattu sur le lac Atter dont les reflets colorés offrent des accents impressionnistes : cette œuvre au format carré réalisée vers 1901 fut la pièce maîtresse de la toute première exposition de Gustav Klimt aux Etats-Unis (en 1959 à la galerie St. Etienne de Otto Kallir). Intitulée Insel im Attersee, elle arrive d’une importante collection privée américaine et il s’agit du seul sujet de ce type encore en mains privées. Une vue similaire et antérieure du lac Atter est conservée au Musée Leopold de Vienne. 

Pour ce lumineux paysage encore vierge de toute enchère, Sotheby’s espère obtenir autour de 45 millions de dollars. Rappelons-nous que l’année dernière, Gustav KLIMT signait son record absolu avec la toile Birch Forest (1903), partie pour 104,6m$ lors de la vente aux enchères de la collection du cofondateur de Microsoft, Paul Allen, orchestrée par Christie’s.

Trois Hopper en direct du Whitney

Le Whitney a fait appel à Sotheby’s pour se séparer de plusieurs œuvres, dont trois de Edward HOPPER (1882-1967), qui seront mises en vente le 16 mai. Contrairement à l’inaliénabilité des collections muséales en France, la vente d’œuvres issues de musées est une pratique autorisée aux États-Unis, sous le nom de deaccessioning. Le Whitney Museum de New York, qui a déjà vendu des oeuvres de sa collection en 2018 pour renforcer son budget d’acquisition, cède cette fois sa toile Cobb’s Barns, South Truro (1930-1933), estimée entre 8 et 12 millions de dollars, ainsi que trois aquarelles de Hopper.

Le peintre danois Vilhelm Hammershøi renouvellera-t-il son record ?

Le plus immobile et le plus silencieux de tous les peintres danois est attendu chez Sotheby’s avec Interior. The Music Room, Strandgade 30, représentant un piano, un violon et une contrebasse, lors de la vente d’art moderne du 16 mai. Ce fleuron de l’art danois possède un atout majeur pour s’approcher du record personnel d’HAMMERSHOI : sa provenance, car la toile a été conservée sur le même mur pendant plus de 75 ans, dans l’ancien appartement que l’artiste occupa à Copenhague avec sa femme Ida, de 1898 à 1908. Jamais une peinture d’Hammershøi n’avait été estimée si haut : elle est annoncée entre 3 et 5 millions de dollars. Si les enchères s’enflamment au-delà, elle pourrait approcher les 6,2m$ obtenus en 2017 pour Interior with woman at piano, Strandgade 30 (1901), où une femme de dos – certainement Ida – joue sur le même piano que celui de notre Chambre à musique.

Une araignée géante de Louise Bourgeois attendue autour de 40m$

Il s’agit de la l’incarnation la plus ambitieuse du sujet-signature de Louise BOURGEOIS (1911-2010) : une  araignée monumentale en bronze, dont la présence surnaturelle pourrait transporter les enchères jusqu’à 40 millions de dollars le 18 mai. Son corps en spirale s’érige à trois mètres de haut, et ses huit pattes frêles et tordues libèrent en leur centre un espace-refuge de six mètres d’envergure. Il s’agit de l’une des 42 araignées monumentales connues de Louise Bourgeois, dont plus d’un tiers se trouvent dans des collections muséales. L’œuvre mise en vente provient de l’Instituto Itaú Cultural et à résidé dans la prestigieuse collection du musée de São Paulo pendant plus de vingt-cinq ans. Spider a été réalisée en 1996 pour la vingt-troisième Biennale de São Paulo, dont elle fut la pièce maîtresse. Une sœur jumelle de cette Spider détient le record actuel de l’artiste franco-américaine à hauteur de 32m$, depuis 2019.

 

  • 16 mai : La collection Mo Ostin, dont L’Empire des lumières de Magritte et Vente de soirée d’art moderne, dont le paysage de Klimt
  • 17 mai : Vente du jour d’art moderne
  • 18 mai :  Vente d’art contemporain The Now Evening auction et Vente du soir d’art contemporain, dont la Spider de Louise Bourgeois
  • 19 mai :  Vente d’art contemporain du jour