Shcontemporary : une nouvelle foire d’art est née à Shanghai

[03/09/2007]

 

Shanghai et Pékin sont de nouveaux pôles d’attraction : les galeries s’y multiplient et des collectionneurs du monde entier sont invités a découvrir in-situ le dynamisme de la scène asiatique, stimulés par l’effervescence de l’art chinois dont le produit des ventes a été décuplé en 2006.

Des collectionneurs de plus en plus nombreux sont happés par la scène asiatique : au boom spectaculaire de l’art contemporain chinois se joint désormais des foires d’art de grandes envergures, comme Shcontemporary qui réunit pas moins de 125 galeries venues du monde entier entre le 6 et le 9 septembre 2007. L’objectif de cet événement est certes d’offrir un panorama de la création actuelle sur le plan international, mais aussi de proposer un focus sur la création asiatique.

En tête de liste de cette création chinoise, ZHANG Xiaogang s’impose comme l’une des nouvelles stars du marché. Porté par 9 enchères supérieures au million de dollars en moins d’un an et un produit des ventes de 38 millions de dollars (soit 11 de plus que la star américaine Jeff Koons), Xiaogang écrase le marché de l’art contemporain. Introduit pour la premier fois en vente en 1998 avec Blood Lines Series No.54 & No.55, un diptyque adjugé 5000 £ (7 117 €) chez Christie’s, son marché a pris une autre dimension avec une première série d’enchères millionnaires en octobre dernier chez Christie’s Londres avec Big Family Series. Son record est désormais de 16 millions de HKD (1,59 millions d’€) pour Tiananmen Square, une large toile de 1993 présentée chez Christie’s Hong-Kong le 26 novembre dernier. Lors de la même vente, un dessin de l’artiste, Amnesia and Memory, a décuplé son estimation pour s’envoler à 1,4 million de HKD (134 000 €)!

Si l’artiste devient familier des enchères millionnaires, il ne détient pas pour autant le record pour une toile d’art contemporain chinois. A Pékin, le 21 novembre 2006, une toile de LIU Xiaodong intitulée Newly displaced Population déclenchait une autre bataille d’enchères mémorable. Cette œuvre de démesure (300 x1 000 cm) doublait son estimation optimiste pour un coup de marteau à 20 000 000 CNY, soit 1 982 600 €, chez Poly International Auction Co.,Ltd ! Aujourd’hui, le ticket d’entrée pour une de ses toiles de plus d’un mètre se situe autour de 50 000 €, alors qu’en 2000 certaines étaient accessibles pour moins de 10 000 € comme Drunk (130×100 cm) vendue 55 000 HKD, soit 7 750 € chez Christie’s Hong-Kong. Mais les prix les plus élevés ne sont pas l’apanage exclusif des auctioneers anglo-saxons, Christie’s et Sotheby’s. Le record absolu dans le domaine a été décroché en mai par CHEN Yifei avec Eulogy of the Yellow River : 36 millions de yens (3,47 millions d’euros) sous le marteau de China Guardian.

Nombre de maisons de ventes asiatiques soutiennent ce marché et décrochent de très belles enchères. Soulignons par exemple les 11 millions de CBY obtenus le 27 juin 2006 par Chen Yifei chez Shanghai Hosane Auction pour Warm Spring in the Jade Pavillon. Du même artiste, mais chez China Guardian, le 13 mai dernier, a été placée une enchère de 3,6 millions de CNY (347 000 €). Chez Ravenel (Taipei), une œuvre de Zhang Xiaogang est aussi partie pour 30 millions de TWD en décembre 2006. Le 31 mai 2007, Poly International Auction (Beijing) tombait le marteau à 8 millions de CNY sur une œuvre de ZENG Fanzhi intitulée Mask N°14. A Singapour, chez Borobudur Chinese Contemporary Auctions, le 28 avril dernier, une enchère de 900 000 SGD a été décrochée par YUE Minjun pour Lofty Sentiments. A Séoul, deux maisons de ventes obtiennent, elles aussi, d’excellents résultats : K Auctions et Seoul Auctions.

En Europe, plusieurs les maisons de ventes profitent de cet engouement international pour orchestrer quelques ventes thématiques. Le mois de juin 2007 fut, par exemple, riche en œuvres asiatiques : Artcurial proposait à Paris une centaine de lots, dont seulement 40 ont trouvé preneurs. Les collectionneurs sont restés prudents en se concentrant sur des valeurs établies comme Zhang Xiaogang dont le Camarade A : Boy (40×30 cm) qui faisait la couverture du catalogue est parti pour 130 000 €, tandis que son pendant féminin Camarade A : Girl trouvait acheteur pour 135 000 €. Autres valeurs sures : WANG Guangyi faisait tomber le marteau à 42 000 € pour Great Criticism n°007 et le Mao de YAN Pei-Ming atteignait 90 000 €.

En suisse, Koller a consacré un catalogue garni de 95 œuvres dispersées le 23 juin 2007. Afin de s’assurer un rayonnement vers la clientèle chinoise, la maison s’est par ailleurs associée avec Emperor‘s Ferry International Auction. A l’image de Sotheby’s et Christie’s, l’auctioneer anglais Bonhams n’a pas hésité à ouvrir une antenne à Hong Kong, avec une première vente le 26 mai dernier, mais des résultats peu encourageant puisque 65% des 147 lots n’ont pas trouvé preneur ! A première vue, seules les figurent de proue telles que Rong Rong, Cang Xin, Wang Guangyi, Zhang Xiaogang ou Yue Minjun y assurent le show. Le marché tendrait-il actuellement a plus de raison et à un recentrage vers les valeurs les plus sures ?