Sanyu pressenti dans le Top 10 de 2020

[04/12/2020]

La dernière grande vente de Christie’s Hong Kong a reposé sur SAN Yu (1901-1966). Mercredi 2 décembre, Christie’s donnait sa dernière vacation de prestige de l’année, une vente transversale couvrant l’art du 20ème siècle à travers toutes les grandes nationalités du Marché. De ZAO Wou-Ki à Joan MITCHELL, de Yayoi KUSAMA à Joyce PENSATO, de Tsuguharu FOUJITA à Amoako BOAFO… des œuvres d’artistes asiatiques, européens et américains étaient réunies pour ce premier chapitre d’une vente qui a démarré sous le fuseau horaire de Hong Kong. Avant que le relai ne soit passé à New York,109m$ d’œuvres avaient été vendues, et le tiers de ce résultat repose sur l’artiste franco-chinois Sanyu. Star de cette vente, l’artiste était représenté avec trois natures mortes, ou plutôt, trois vies silencieuses : deux représentant des Chrysanthèmes, et une des poissons rouges.

Les prix sont allés crescendo

  1. 1,7m$ pour le lot 122, une toile de 46 centimètres représentant des Chrysanthèmes blanches. L’œuvre partait au double de son estimation moyenne.
  2. 17,8m$ pour le lot 123 : une toile plus grande (92 x 60 cm) représentant cette fois des Chrysanthèmes roses
  3. 21,9m$ pour la toile Goldfish en clôture de vente.

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Sanyu portait

 

Un tableau de 90cm de Sanyu surpasse de 5m$ un triptyque de 4 mètres de Zao Wou ki !

Vendues pour 17,8m$, Les Chrysanthèmes roses avait été achetées pour 420.000$ en 2005 (Christie’s Hong Kong). Surtout, cette toile de 90 centimètres est partie 5m$ au-delà d’un triptyque de Zao Wou Ki de près de quatre mètres, proposé lors le 2 décembre (15/01/82, 12,2m$). Voici une preuve supplémentaire de la place désormais tenue par Sanyu sur le marché.

L’œuvre la plus attendue, Goldfish, était une rare toile aux poissons rouges sur laquelle Christie’s avait fondé beaucoup d’espoirs. Elle est partie dans sa fourchette d’estimation, pour 21,9m$. Christie’s avait accordé un catalogue indépendant d’une soixantaine de pages  à cette oeuvre. L’occasion de rappeler combien Sanyu offre “une interprétation visionnaire de l’art chinois, fusionnant des éléments et une esthétique disparates: de l’ancien au moderne, de l’est à l’ouest, de l’encre et de l’huile, du trait et de la couleur. En tant que telles, peut-on encore lire dans le catalogue, elles occupent une position essentielle dans l’histoire de l’art moderne chinois.”

Christie’s a aussi insisté sur la rareté des œuvres de l’artiste (environ 300 peintures à l’huile), et de ce sujet en particulier. Seules 11 toiles représentant des poissons ont en effet été portées à notre connaissance. Celle présentée le 2 décembre avait déjà fait l’objet de deux passages en salle de ventes au cours des 25 dernières années. 

Dans ce laps de temps, la perception de l’œuvre de Sanyu a profondément changé. Désormais célébré comme l’un des prodiges artistiques de sa génération, sa cote a littéralement explosé ces dernières années. Le prix de Goldfish, par exemple, a été multiplié par 88 depuis sa première vente en 1997 chez Sotheby’s Taiwan.        

Le prix de Goldfish a été multiplié par 88 depuis 1997.

Goldfish est venue clore une année exceptionnelle pour Sanyu, dont la vente d’œuvres aura généré environ 140m$ aux enchères sur 12 mois. Il n’est pas impossible qu’il se retrouve classé dans le TOP 10 des artistes les plus performants de l’année. Ce serait une première pour ce peintre aussi jubilatoire que délicat, mais ce serait une continuité dans la revalorisation des artistes franco-chinois dont ont bénéficient, en premier lieu, Zao Wou Ki et Chu Teh Chun.

Evolution du prix de Goldfish : 

  • 248,400$ en 1997
  • 8,7m$ en 2013
  • 21,9 m$en 2020