Ron Arad – l’art du design

[22/12/2008]

 

Le monde du design contemporain brille de quelques étoiles dont la popularité passe par la production industrielle, la renommée par la consécration des musées, la cote par les galeries et les salles des ventes. Ron ARAD réussit sur tous les plans : le Centre Georges Pompidou de Paris lui consacre une rétrospective, No Discipline, (20 novembre au 16 mars 2009) prévue pour voyager au MOMA de New York (28 juillet au 19 octobre 2009) puis au Stedelijk Museum d’Amsterdam en 2010. Il fait de plus partie, avec Zaha HADID et Marc NEWSON, du trio de designers contemporains le plus apprécié aux enchères.

Né en 1951 à Tel Aviv, Ron Arad étudie à l’Academy d’Art et Design de Jerusalem. Diplôme en poche, il s’établit à Londres en 1973, se forme à l’architecture et fonde en 1981 son agence de design dans le quartier de Covent Garden, le studio One Off. Son entrée dans le monde du design se fait par un geste duchampien : un siège de voiture Rover récupéré, muni de deux tubes en arc de cercle faisant piétement et accoudoirs, devient sa première pièce de mobilier sous le nom de Rover Chair. A l’époque déjà, son geste donne un supplément d’art au design. Il lance sa production par One off jusqu’en 1989. Aujourd’hui, la Rover Chair est si emblématique que Vitra en édite deux versions limitées, l’une rouillée, l’autre chromée, sous le nom Moreover. En 2008, il fallait compter entre 4 000 € et 5 000 € pour une Rover Chair de la première édition en salle des ventes. Mais il faut tripler la mise pour emporter un modèle plus rare comme la Rover Chair de 1984 à assise en cuir rouge, proposée à Marseille en novembre 2008 (Damien Leclere). Estimée entre 10 000 € et 12 000 €, elle fit grimper les enchères à 15 000 €, soit plus de 21 000 $.

Introduit en salles de ventes au début des années 90 dans des vacations d’art moderne et contemporain, toiles et dessins sous sa signature sont restées abordables. Les héros de ses tableaux sont d’ailleurs ses meubles : une toile de 2 mètres du fameux fauteuil Big Easy, était accessible pour l’équivalent de 3 757 $ en 2001 (Cornette de Saint-Cyr, Paris). Artcurial proposait le même sujet en 2008 autour de 20 000 $… l’œuvre était ravalée, les amateurs de Ron Arad préférant enchérir sur ce qui fait véritablement sa notoriété : ses meubles-sculptures.

Dans les années 2000, les enchères à 6 chiffres s’accélèrent. En France, Artcurial voit s’envoler le prix de Loop Loom le 28 novembre 2006 à Paris : cette chaise longue en résille acier poli miroir (éd. 5 exemplaires et 3 épreuves d’artiste), partait au quadruple de l’estimation, établissant à plus de 120 000 €, le record de l’époque pour le designer (123 322 € frais inclus). L’envolée des prix s’est poursuivie le mois suivant à New York à l’occasion de la vacation Design & Design art chez Phillips de Pury & Company. Le 14 déc. 2006, la maison de ventes proposait une bibliothèque Mortal Coil éditée à 20 exemplaires, doublant son estimation basse de 50 000 $.

L’ascension des prix s’accentue en 2007 avec une enchère à près de 250 000 $, frappée chez Christie’s en octobre pour Two Legs and a Table. Deux mois plus tard : coup d’éclat chez Phillips de Pury & Company pour le D sofa, un canapé sculptural en acier inoxydable poli édité à 20 exemplaires, qui quadruplait sa prévision optimiste. On en attendait 100 000 $ au mieux, son acquéreur déboursa 409 000 $ frais inclus !

Dans le contexte de crise actuelle, les acheteurs craignent évidemment de surpayer leurs achats. Conséquence : les plus belles pièces de Ron ARAD proposées le 17 décembre 2008 chez Phillips de Pury et Compagny New York étaient ravalées. Les fourchettes d’estimations de la Wild Crow (160 000 – 180 000 $) ou du prototype de chaise Oh-Void (175 000 – 225 000 $) ont découragé les amateurs et les quatre pièces vendues (entre 8 000 et 40 000 $) restèrent prudemment dans leurs fourchettes d’estimations.