Robert Rauschenberg (1925)

[15/05/2003]

 

Après avoir stagné pendant 10 ans, les prix des œuvres du premier américain a avoir remporté la Biennale de Venise explosent enfin

Né en 1925 au Texas, il n’entame sa carrière artistique qu’après la guerre, étudiant successivement à l’Art Institute de Kansas City et à l’Académie Julian (Paris) entre 1947 et 1948. Il commence alors une série de monochromes blancs et noirs. Puis, il se lie d’amitié avec John Cage et le chorégraphe Merce Cunningham. Son travail renvoie alors à une relecture critique de l’expressionnisme abstrait. Les “Combine Paintings” des années 1950, œuvres nées du collage d’objets de récupération, approfondissent le concept des Ready Made. Dès 1953, il installe son studio à côté de celui de Jasper Johns. Il expose ses assemblages dès 1958 à la galerie Léo Castelli. Il poursuit ce type de travail jusqu’en 1962, puis se lance dans les sérigraphies sur toiles et s’inspire du thème des mass média, si cher aux artistes du Pop Art. Le Jewish Museum de New York organise l’année suivante sa première rétrospective et il triomphe en obtenant le premier prix de la Biennale de Venise en 1964. Il crée en 1966 avec l’ingénieur en électronique Billy Klüver l’organisme de recherche « Experiments in Art and Technology ». En 1998, une importante rétrospective itinérante rend hommage à 40 ans de riche création qui passent par la peinture, la sculpture, les installations, la photographie, la céramique…

Que trouve-t-on aux enchères ?

Une telle diversité se retrouve aux enchères par une large segmentation des prix. Sur les 441 œuvres de l’artiste adjugées entre 1999 et 2002, la moitié l’ont été en dessous de 1 500 euros, alors que le plus haut prix atteint sur la période revient à un petit assemblage sans titre de 1954, adjugé 1,2 millions de dollars en 1999. Si on retrouve autant d’œuvres abordables, cela tient à la profusion d’estampes sur le marché (76% de la production vendue aux enchères). Toutefois, les lithographies grand format des années 1960 telles que les séries Breakthrough I & II (1964-1965) ou Booster (1967) s’arrachent régulièrement plus de 30 000 dollars. Ses dessins s’échangent en moyenne 10 000 – 15 000 dollars. Mais certains d’entre eux, les « Transfert drawings », réalisés dès la fin des années 1950 à partir des transferts d’images des magazines couleur peuvent se vendre bien plus. Ainsi Drawing for President of the USA with Dante est parti pour 425 000 dollars chez Sotheby’s le 8 mai 2000. Les photographies (moins de 2% du marché) excèdent rarement 3 000 dollars. Quant aux peintures, ses « Combine » des années 1950 sont les œuvres les plus recherchées mais aussi les plus rares sur le marché. Son record : Rebus (1955), un assemblage de plus de 3 mètres de long, adjugé 6,6 millions de dollars en 1991. Ce qui en fait le troisième artiste du Pop Art le plus cher derrière Andy Warhol et Jasper Johns. Les œuvres postérieures aux années 1960 ne sont pas aussi convoitées. La plus chère d’entre elle, Tribal Quarterly, un très grand format de 1977, n’a atteint que 180 000 dollars en juin 2000. Les œuvres des années 1980 dépassent difficilement le cap des 100 000 dollars. Novel Quote, un très grand format (305 x 244 cm) de la série Urban Bourbon de 1988 n’a pas trouvé preneur dans la fourchette d’estimations, 100 000 – 150 000 dollars.

Les places de marché

Avec 91% de parts de marché, les Etats-Unis restent la place de vente privilégiée des œuvres de Robert RAUSCHENBERG. Ses plus belles pièces font régulièrement la une des catalogues des ventes new-yorkaises de mai et novembre, à l’image du catalogue « Contemporary Art – Evening » chez Sotheby’s le 13 mai 2003. Toutefois, dans les gammes de prix inférieures, sa production reste très présente en Allemagne, en Suisse, en Suède, au Royaume-Uni et en France. Globalement, il s’échange en Europe près de 40% de sa production.

Acheter / vendre

Après avoir stagné pendant près de 10 ans, les prix sont enfin en hausse. Ils ont doublé en 2002. Cela tient essentiellement à une forte réduction de l’offre : les collectionneurs se sont disputés en 2002 quasiment deux fois moins de lots qu’en 2000. Dans un tel contexte, les belles pièces s’arrachent. Face à une telle émulation, certains vendeurs n’hésitent pas à mettre aux enchères des pièces historiques, comme Minutiae, un assemblage de 1954 destiné aux danses de Merce Cunningham, mis en vente le 13 mai 2003 chez Sotheby’s. Cette œuvre, estimée 6 – 8 millions d’euros, n’a pas trouvé d’acquéreur susceptible de dépasser le prix de réserve. A la différence des peintures et des dessins, la valeur actuelle des estampes a peu augmenté : seulement 22% en 5 ans. Elle tendrait même à diminuer ces derniers mois. Un exemple parmi d’autres : Two Reasons Birds Sing, une lithographie de 1979 tirée à 100 exemplaires qui s’échangeait 1 000 – 1 300 dollars entre 2000 et 2002, n’a trouvé preneur qu’à 850 dollars en février 2003 chez Christie’s.

    Robert Rauschenberg Artprice Index toutes catégories, base 100 en janvier 1997, devise : EUR   Robert Rauschenberg Nombre de lots vendus aux enchères   Robert Rauschenberg Parts de marché Répartition par pays du chiffre d’affaires réalisé entre 1999 et 2002 © Artprice