Robert Mapplethorpe à Paris

[01/04/2014]

 

Les rétrospectives de Robert MAPPLETHORPE (1946-1989) se suivent mais ne se ressemblent pas. Après celle qui vient de s’achever au Getty Museum de Los Angeles (du 23 octobre 2012 au 24 mars 2013), une exposition se tient aux galeries Nationales du Grand Palais de Paris (du 26 mars 2014 au 13 Juillet 2014). Une occasion unique de revenir sur un photographe emblématique du XXème siècle qui s’est imposé par la puissance érotique de ses images.

Si Mapplethorpe était né un siècle ou deux plus tôt, il aurait été sculpteur. Son rapport à la photographie est de cet ordre, sculptural, tant par l’importance accordée aux volumes qu’à la sensualité de leurs surfaces. Obsédé par une quête esthétique de la perfection, il s’engage dans la photographie dans les années 70′ avec des portraits Polaroïds puis explore des techniques de tirages de plus en plus raffinées, jusqu’à créer des pièce uniques et des encadrements spéciaux. Ce sont souvent les fleurs, notamment les arômes et coquelicots qui emportent les meilleures enchères, des sujets suggestifs à l’esthétique épurée, moins agressifs pour les collectionneurs que les vénérations sexuelles masculines. « La photographie et la sexualité sont comparables » selon Mapplethorpe qui révèle une photographie de désir, quelques soient les sujets : portraits, fleurs, corps versant parfois vers la pornographie.

Au coeur de l’exposition du Grand Palais trône le portrait d’Andy Warhol dans un cadre cruciforme. C’est ce même portrait qui vaut à Mapplethorpe un record aux enchères : Warhol fut ici immortalisé en 1987 puis vendu 560 000 $ contre une estimation haute de 300 000 $ chez Christie’s New York le 17 octobre 2006. Cet exemplaire unique s’est adjugé au décuple de ses versions multiples. De nombreux portraits gravitent autour de l’icône warholienne sur un mur du Grand Palais mais les amateurs affichent clairement leurs préférences aux enchères : outre Warhol, c’est Patti Smith, la grande complice et égérie, ainsi que certains autoportraits, qui emportent les meilleures enchères (entre 100 000 et 120 000 $ au marteau).

Près de 2 000 oeuvres de Mapplethorpe ont été livrées aux maisons de ventes ces 25 dernières années. Toutes n’atteignent pas des niveaux de prix spectaculaires : 60 % des oeuvres sont d’ailleurs abordables pour moins de 10 000 $ et 30 % pour moins de 5 000 $. Dans ces gammes de prix, il est possible de dénicher quelques sujets phares comme le sculptural Thomas. Un petit tirage argentique se vendait par exemple l ‘équivalent de 3 300 $ le 15 mai 2013 à Stockholm (Stockholms Auktionsverk). Ce cliché, qui mêle une sensibilité classique avec un contenu homoérotique, dévoile un corps tendu à l’énergie comprimée, les membres musclés épousent un tondo d’une manière qui n’est pas sans rappeler ceux observés sur les vases antiques grecs. Des portraits de William Burroughs, de la championne de body building Lisa Lyon sont aussi abordables pour moins de 5 000 $ en tirages argentiques.

Pour se porter acquéreur d’une œuvre, le marché américain offre le plus vaste choix et représente 66 % des transactions de l’artiste. Mais sa notoriété est telle que son marché est lui-aussi véritablement international avec 13 % d’oeuvres sur le marché anglais, près de 8 % en France, 5,5 % en Allemagne, 1,8 % au Japon, ainsi que quelques clichés en Italie, Suisse, Suède, Pays-Bas et Belgique notamment.