Robert Combas : l’ascension d’un enfant terrible de la peinture

[23/07/2019]

Figure de proue de la Figuration libre, Robert Combas débute son aventure artistique dans les années 70 à Sète. 40 plus tard, son record prouve qu’il est l’un des meilleurs représentants de la peinture française sur le Marché de l’Art Contemporain.

Né lyonnais en 1957, Robert COMBAS débute une carrière haute en couleurs à Sète, ville du sud de la France qui verra naître un nouveau mouvement pictural sur fond de musique rock et de mouvement punk : la Figuration Libre. C’est à l’artiste Ben que l’on doit le terme de Figuration Libre, lancé en 1981. Les caractéristiques annoncées sont les suivantes : « 30% provocation anti-culture, 30% Figuration Libre, 30% art brut, 10% folie. Le tout donne quelque chose de nouveau1 ». Les quatre artistes principaux – Rémi Blanchard, François Boisrond, Robert Combas, Hervé Di Rosa – forgent une figuration décomplexée inspirée de la culture rock et de l’imagerie populaire et accèdent à une reconnaissance internationale avec des expositions en Allemagne, en Italie et aux Pays-Bas.

Un artiste à part

Figure de proue du mouvement, Robert Combas en est aussi un artiste à part dont l’œuvre a toujours suscité des débats passionnés. Sa peinture jubilatoire est un véritable ovni, puisant à des sources aussi diverses que le rock, la pornographie, la bande dessinée, les mythes et légendes bibliques ou la grande histoire de l’art. L’imaginaire de Combas s’abreuve à toutes les sources et s’exprime librement sur une grande variété de supports et de techniques : toiles, vêtements, draps, pinceaux, céramiques, dessins chinés aux puces… Tout se prête au jeu de la création.

Très populaire en France depuis les années 80′, Robert Combas s’impose non seulement comme l’artiste le plus coté parmi ceux qui ont fait partie de la Figuration Libre, mais aussi comme le deuxième artiste français vivant le plus performant des enchères après Pierre Soulages, grâce à un marché extrêmement dynamique qui compte déjà plus de 5 000 résultats en ventes publiques.

2017-2019. Les années records

Au cours des deux dernières années, la valeur des toiles de Robert Combas a augmenté de +72 %. Le prix de ses grandes acryliques, notamment celles exécutées à la fin des années 1980, dépasse aujourd’hui régulièrement les 100 000 $ aux enchères. Ses derniers résultats en ventes publiques révèlent une évolution rapide de sa cote, avec des répercussions jusqu’en Asie.

En juin 2017 en effet, la maison de ventes chinoise Ravenel établissait un nouveau record mondial à Taïwan pour Le Roi Soleil, toile vendue pour 214 500 $. Le succès emporté par cette oeuvre de 1987 démontre que l’artiste commence à être plébiscité en Asie. L’année suivante, le 4 avril 2018, La Prise de la Bastille (c.1989) et La Bagarre de Zozo (1986) étaient achetées 220 000 $ chacune à Paris.

L’année 2018 a été extrêmement faste, avec 184 œuvres vendues aux enchères pour un total de 4,75 m$, un record… Plus de quarante ans de création artistique s’échange sur le second marché : depuis ses premières toiles, datées de 1979 (l’année où il sort des Beaux-Art de Saint-Etienne) jusqu’à ses travaux les plus récents. Ce sont néanmoins les peintures réalisées entre 1985 et 1995 pour lesquelles la demande est la plus forte. Encouragés par la hausse de prix, les collectionneurs sont de plus en plus nombreux à mettre en vente des œuvres qu’ils ont parfois gardées plus de vingt ans. Cette situation crée un cercle vertueux pour le marché de l’artiste, qui connaît une nouvelle visibilité avec la mise en circulation de pièces majeures.

Un record à 303 700$

Le nouveau record de l’artiste a été établi en avril dernier chez Cornette de Saint Cyr à Paris pour une toile de trois mètres – Hecatombe – réalisée en 1992. Cette œuvre dense (pour ne pas dire grouillante et bouillonnante) a été très disputée, partant d’une estimation basse équivalente à 101 000$.

Ce résultat prouve que Robert Combas est l’un des grands favoris des collectionneurs français, en tant qu’il incarne un véritable renouveau de la peinture depuis les années 80′. Plusieurs collectionneurs s’intéressent de près à son travail aux Etats-Unis et en Asie mais l’artiste n’a pas encore percé dans les salles de ventes étrangères (87% du chiffre d’affaires réalisé en France depuis début 2018). Malgré cette lacune, Combas impose une formidable hausse de prix. Son indice global affiche une progression spectaculaire de + 513 % depuis l’année 2000 et l’artiste français se hisse aujourd’hui en bonne position du Top 500 de l’art contemporain, dont il prend la 50ème place mondiale, devant David Salle et Tony Cragg.

1 Interview donnée par Ben à Jim Palette pour le journal Libération, 29 septembre 1981.