Résultats des ventes d’art Contemporain : le grand essoufflement

[15/02/2009]

 

Bilan d’une semaine de vacation à Londres ou Sotheby’s, Christie’s, Phillips de Pury & Co ont testé la résistance du marché de l’art contemporain, le plus spéculatif et volatil des dernières années. Après la surenchère des records en 2006, 2007 et au premier semestre 2008, les plus belles signatures de l’art contemporain n’échappent pas au grand essoufflement.

Au moment où l’Art Market Confidence Index (AMCI) signalait que 60% des répondants attendent encore une chute des prix dans les 3 prochains mois, Sotheby’s ouvrait la semaine de ventes d’art contemporain avec une sélection de 27 lots, quelques jours avant Christie’s (31 lots) et Phillips de Pury & Co (53 lots).La révision encore timide des fourchettes d’estimation n’incita pas les collectionneurs à enchérir sur des signatures phares comme Mark ROTHKO, Anish KAPOOR, Francis BACON ou Jeff KOONS.

Star incontournable de la scène contemporaine, Jeff KOONS affiche des résultats mitigés. Il signait deux enchères millionnaires chez Sotheby’s le 5 février avec la sculpture Stacked vendue 2,5 M£, puis chez Christie’s le 11 février avec la toile Monkeys (Ladder) partie pour 1,2 M£. Le lendemain, la présentation de Encased – Five Rows, annoncée en couverture du catalogue de Phillips de Pury & Co. fut accueillie dans le plus grand silence et la pièce retirée sans déclencher la moindre enchère. La cote de cette œuvre aurait, selon l’estimation fournie par Phillips de Pury & Co., décuplé en moins de 5 ans. En effet, en mai 2004 l’auctioneer l’avait adjugée l’équivalent de 214 000£, et en attendait 2,2M£ le 12 février 2009.

La veille, le défaut de vente du superbe Man in Blue VI de 1954 de Francis BACON fut la grande déception de Christie’s. En main privée depuis 38 ans, l’oeuvre traduit la tension sourde de la relation tumultueuse de l’artiste avec Peter Lacy, le modèle de cette toile… ravalée contre une estimation basse de 4M£. Depuis la débâcle des ventes d’octobre 2008, aucune peinture de Bacon n’a trouvé d’écho favorable auprès des enchérisseurs : les quatre toiles proposées entre octobre et février sont toutes invendues. En 2007 pourtant, la cote de Bacon fut explosive, propulsant son indice des prix de +120% sur l’année et son chiffre d’affaires annuel à 245M$, derrière celui de Pablo Picasso (319M$). En 2008, malgré en très bon premier semestre, cet indice accusait une chute de -56% au terme de l’année.

Mark ROTHKO a subit le même sort que Bacon le 11 février 2009 avec Green, Blue, Green on Blue (1968), ravalée contre une estimation basse de 2,5M£. Cette même œuvre trouvait pourtant preneur pour l’équivalent de 2,6 M£ le 13 novembre 2007 à New-York. La cote de cette toile a décuplé en 10 ans : pour son premier passage en salle, elle était adjugée 210 000 £ chez Christie’s Londres (1996). Invendue encore : une sculpture de 2004 en aluminium d’Anish KAPOOR estimée 500 000 – 700 000 £ (Christie’s). Une pièce de sensibilité proche, plus petite et plus ancienne, partait pourtant pour 840 000 £ chez Sotheby’s quelques jours plus tôt.

Les premières ventes de février n’enregistrent aucun nouveau record mais ont évité le pire. Christie’s affiche un taux d’invendus de 21% seulement, mais 52% des lots sont partis sous leurs estimation. Sotheby’s a réalisé la plus belle vacation de la semaine en adjugeant 25 lots sur les 27 proposés et trois enchères millionnaires. Outre celui de Koons, les plus beaux résultats furent signés par Lucio FONTANA avec un Concetto spaziale frappé 3,9 M£ (Sotheby’s en espérait cependant 5M£), Gerhard RICHTER avec Troisdorf adjugée 1,85M£ (Sotheby’s), Willem DE KOONING avec Women Singing I (1966) vendue dans sa fourchette d’estimation à 700 000 £ (Christie’s) et Alberto BURRI avec Combustione Plastica (1956) partie pour 700 000 £, soit 100 000 £ en deçà de son estimation basse. Au terme de ces ventes, les estimations sont encore a réajuster.