Reprise en salles : tour d’horizon de quelques belles oeuvres à vendre depuis New York

[14/09/2021]

La semaine de ventes aux enchères dédiée à l’art d’Asie commence aujourd’hui chez Christie’s. La société britannique propose pas moins de six ventes distinctes pour cette traditionnelle semaine asiatique de New York. Ces ventes en ligne (entre le 14 et le 24 septembre) rassemblent une grande diversité de lots du vaste continent, allant d’un plat «rhinocéros» en argent de la dynastie Tang, à des meubles huanghuali. Le premier volet de vente consacré aux estampes japonaises présente une belle sélection de maîtres du XVIIIe au XXe siècle, notamment Kitagawa Utamaro, Katsushika Hokusai, Utagawa Kuniyoshi et Kawase Hasui… des oeuvres emblématiques, dont la plupart sont abordables pour moins de 5 000$, comme cette planche de Utagawa Hiroshige.

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Utagawa Hiroshige (1797–1858)
Medetai, sasa (Goggle-eyed Sea Bream and bamboo leaves), circa 1840-42
2000-3000$

Francis Newton Souza
La semaine suivante, les enchères vont monter beaucoup plus haut pour la session d’art moderne et contemporain. Parmi les lots phares de cette vente, The Cardinal, une toile de Francis Newton SOUZA (indien citoyen britannique) peinte en 1962, pourrait dépasser les 350 000$.
Lorsqu’il peint ce portrait au début des années 1960, Souza est déjà reconnu parmi ses contemporains – dont Francis Bacon – comme l’une des figures de proue de la «nouvelle tradition du grotesque» dans l’art britannique d’après-guerre (Geeta Kapur). Jamais passé en salle de ventes jusqu’à présent, The Cardinal pourrait outrepasser son estimation haute, d’autant que la cote des peintures de Souza repart à la hausse (voir graphique). Rappelons aussi que Souza est l’un des rares artistes d’origine indienne dont les toiles s’échangent à millions…

La cote des peintures de Souza repart à la hausse (copyright Artprice.com)

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Akbar Padamsee
Le lot le plus important de cette vente Christie’s est Mirror Image, grande toile de deux mètres et demi peinte en 2005 par Akbar PADAMSEE, artiste contemporain indien décédé il y a un peu plus d’un an et demi, et salué de son vivant comme un véritable pionnier de la peinture indienne avec Raza, Souza et M. F. Hussain.
Cette toile exprime l’idée de l’image miroir, venue à Padamsee alors qu’il travaillait sur une série de gravures. Réalisant que l’image gravée sur la plaque était une image miroir de l’impression finale, une image représentant une réalité légèrement différente et inconnue, il a décidé d’explorer les possibilités de ce schisme en tant que dispositif dans sa peinture. Dans le cas du lot proposé par Christie’s, un diptyque évoquant un paysage à travers un dispositif pictural très construit où les zones d’ombre, de lumière et l’intensité des couleurs convoquent des éléments naturels dans un espace en quelque sorte surnaturel.

Cette œuvre – ici estimée jusqu’à 800 000$ – est déjà passée sous le marteau de Sotheby’s (New York) en 2007. Elle partait alors pour 480 000 $ frais acheteurs inclus. Mais depuis 2007, les oeuvres de Padamsee ont été fortement revalorisées, notamment avec quatre adjudications millionnaires, la dernière remontant à 2018 (Seated nude, 1956, Pundole’s Mumbai).

Jehangir Sabavala
Parmi les autres peintres indiens de premier plan présentés lors de cette vacation, Jehangir SABAVALA est régulièrement inclus aux catalogues new-yorkais. Formé à Bombay avant de gagner l’Europe pour parfaire son apprentissage à Londres, puis à Paris où il a suivi les cours d’André Lhote, et a étudié à l’académie Julian, puis à la Grande Chaumière, l’artiste est un incontournable de la “semaine asiatique”. Il y a un an, Christie’s vendait déjà une oeuvre importante de Sabavala, une toile plus tardive que celle présentée le 22 septembre prochain, mais représentant aussi un groupe de personnages. Intitulée The Peasants (1981), la toile s’envolait l’an dernier au seuil du million de dollars (966 000 $), record à battre depuis pour cet artiste disputé de Bombay à New York.

Répartition géographique du produit de ventes aux enchères de Jehangir Sabavala (copyright Artprice.com)

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Sotheby’s prend la tangente
Loin de suivre le “rythme asiatique” de sa concurrente, Sotheby’s propose cette année seulement trois sessions dédiées au thème. Des ventes live comprenant de très beaux objets d’art indiens et d’Asie du Sud-Est, mais faisant l’impasse sur l’art moderne et contemporain asiatique au bénéfice d’une vingtaine de ventes organisées depuis New York courant septembre. Le choix est dense avec, notamment, des oeuvres sur papier de Jean Dubuffet, Joan Miró ou Giacometti (vente en cours “From Daumier to Olitski”), quelques impressionnistes et modernes (début des enchères en ligne le 17 septembre), des photographies contemporaines de Matthew Barney, Thomas Struth et Marina Abramović (“A Life Among Artists”, ouverture le 22 septembre) ou encore du Street art avec Keith Haring et Kenny Scharf (“Public Intervention: Art of the Street”, ouverture le 24 septembre)… de quoi satisfaire les collectionneurs de tous bords pour le retour post-estival des enchères.