Raoul Dufy

[13/03/2003]

 

La richesse de l’œuvre de Raoul Dufy peut-être admirée au Musée Maillol à Paris jusqu’au 16 juin 2003. C’est l’une des plus volumineuses et variées du siècle dernier. Aux enchères ce sont ses toiles légères et colorées qui sont les plus recherchées.

L’œuvre de Dufy est avant tout plurielle. Il participa activement à de multiples pages de l’art moderne. A l’enseignement classique qu’il reçoit dans l’atelier de Léon Bonnat, à l’Ecole nationale des beaux-arts, Raoul Dufy a tôt fait de préférer les devantures des galeries de la rue Lafitte dans lesquelles se côtoient les toiles de Pissaro, Monet ou Manet. Pourtant, son «choc» artistique date de 1905 : c’est la découverte de Luxe, Calme et Volupté de Matisse sur les cimaises du Salon des Indépendants. Dès lors, il change de cap et se rallie au fauvisme. Il utilise des couleurs pures et s’inspire du traitement spatial de Cézanne. Peu à peu, ce travail l’entraîne vers le cubisme et, auprès de Braque, il restreint sa gamme chromatique pour créer des œuvres très construites et relativement austères. A partir de 1913, cependant, il délaisse ces expérimentations. Son dessin retrouve sa souplesse et ses séjours méditerranéens le font renouer avec des coloris éclatants. Dès les années 1920, il adopte un style fluide, qu’il conservera toute sa vie dans les aquarelles et les huiles sur toile.

Que trouve-t-on aux enchères ?

Selon l’expert Fanny Guillon-Lafaille (auteur du Catalogue raisonné des dessins), Raoul DUFY aurait créé près de 3500 peintures, 3000 grands dessins et 6000 aquarelles. En 2002, 269 dessins et aquarelles sont passées en ventes publiques, pour 5 fois moins de toiles. Alors que sa période cubiste est délaissée, les œuvres très colorées et fraîches, postérieures aux années 20 font l’objet du plus grand engouement aux enchères. C’est justement la vivacité des couleurs qui fait le prix d’une aquarelle de Dufy. Il peut varier du simple au triple entre une œuvre un peu pâle et une autre plus intense. Les sujets les plus recherchés : les courses, les régates et les natures mortes aux fleurs. Aujourd’hui encore, 20% des dessins et aquarelles sont adjugés moins de 1400 euros. Mais les prix peuvent flamber pour de très belles huiles. La plus importante adjudication de la dernière décennie, a été réalisée à Paris, lors de la succession Olga Carré, en décembre dernier : 780 000 € pour Le Moulin de la Galette (1943). Nous sommes encore loin du record de l’artiste établi en mars 1990 avec 14 juillet au Havre, 1907 chez Guy Loudmer : 2,1 millions d’euros.

Les places de marché

La France reste la place de marché la plus importante pour les œuvres de Raoul Dufy. 44% des lots y sont adjugés entre 1999 et 2002. On y trouve proportionnellement plus de dessins et d’estampes qu’ailleurs. Les pays anglo-saxons privilégient les peintures grand format postérieures aux années 20. Les toiles estimées au delà de 100 000 euros sont alors essentiellement proposées lors des ventes prestigieuses organisées par Sotheby’s et Christie’s. Au cours des vacations «Impressionism & Modern Art» près d’une dizaine de toiles sont régulièrement présentées par les deux auctioneers. .

Acheter / vendre

Les récentes enchères londoniennes de février ont prouvé une fois de plus que les œuvres de jeunesse de Raoul Dufy sont délaissées. Sur les 8 toiles mises en ventes, 4 n’ont pas trouvé preneur, dont 3 datées d’avant 1910. Les acheteurs sélectifs sont néanmoins prêts à surenchérir pour de très belles pièces, ce qui explique la hausse des prix de 58% depuis 1997. Récemment pourtant, ses œuvres sur papier tendent à perdre de la valeur, tandis que ses huiles sur toile se maintiennent. Alors que 17% des peintures sont ravalées, les dessins et aquarelles enregistrent un taux d’invendus de 30% en 2002. Pour ce peintre très productif, une fois de plus, c’est la rareté qui est le garant de la rentabilité de l’achat. Investir dans un très belle toile de Dufy des années 30 – 40 permet d’envisager une hausse régulière et progressive sur le long terme (d’autant que nous sommes encore loin des niveaux de prix atteints en 1990). La valeur des œuvres sur papier est bien plus fluctuante. Celle des estampes est particulièrement instable. Au delà de la qualité de conservation du tirage, les prix sont très variables d’une vente à l’autre pour les pièces les plus anodines. A titre d’exemple, une gravure d’édition posthume intitulée Baigneuse pouvait se vendre 134 euros le 11 mars 2002 à Sydney et 90 euros une semaine plus tard à Vancouver.

    Raoul DufyArtprice Index toutes catégories, base 100 en janvier 1997, devise : EUR   Raoul Dufy Nombre de lots vendus aux enchères   Raoul Dufy Parts de marché Répartition par pays du chiffre d’affaires réalisé entre 1999 et 2002 © Artprice