Quel leader mondial pour le marché de l’art ?

[28/08/2003]

 

Sur les 6 premiers mois de l’année 1999, le marché de l’art était détenu à plus de 64% par les auctioneers américains. Trois en plus tard, en 2002, à la suite des excellents résultats enregistrés à Londres en juillet, avec en outre les 45 millions de livres sterling pour Le Massacre des Innocents de Peter Paul Rubens (le 10 juillet chez Sotheby’s), le Royaume-Uni et les Etats-Unis étaient au coude à coude en terme de produits de vente. A l’époque, ce phénomène exceptionnel était attribué d’abord à quelques ventes particulièrement réussies et à la conjoncture défavorable au marché américain. Mais l’exception semble aujourd’hui devenir la règle. Il n’y a plus un seul, mais deux leaders du marché. New-York et Londres se partagent désormais les deux premières places avec chacune près de 36% de parts de marché sur le premier semestre 2003. Si on considère les ventes de juillet, Londres détrône New-York ! Et ce, sans enregistrer d’adjudications « miraculeuses » comme en 2002.

Parts des principales places de marché (1er semestre 2003) Répartition par pays du chiffre d’affaires

Etats-Unis / Royaume-Uni : Evolution des parts de marché Selon le chiffre d’affaires réalisé semestriellement

Pourquoi un tel retournement ?

Tout d’abord une incroyable récession s’est emparée du marché américain.
Elle se manifeste essentiellement par une très forte réduction du volume des ventes : moins de 400 ventes cataloguées ont été organisées sur le sol américain au 1er semestre 2003, contre plus de 2 400 au cours du 1er semestre 2000. Cette chute de 84% en trois ans s’est répercutée par une forte contraction du chiffre d’affaires : 450 millions de dollars ont été enregistrés sur les six premiers mois de l’année, soit une chute de 46% par rapport à 2000. L’offre américaine s’est effondrée et, de surcroît, la demande nationale semble totalement atone. Même dans les salles, les acheteurs sont prudents. Pas de surenchères exceptionnelles lors des ventes prestigieuses. En mai 2003, les ventes impressionnistes new-yorkaises ont rapporté 100 millions de dollars de moins qu’en 2002. Le taux d’invendus s’est encore élevé à New-York : en moyenne, il est aujourd’hui de 26,6% contre 22,5% au premier semestre 2000.

Face à la crise affectant les Etats-Unis, Londres résiste.
Malgré une livre sterling de plus en plus forte, il s’organise de plus en plus d’enchères prestigieuses au Royaume-Uni. La vacation londonienne la plus importante revient à la session du soir « Impressionist & Modern Art » de Sotheby’s le 23 juin dernier : 33 millions de livres sterling (47 millions d’euros) ! Fait d’exception, il s’est adjugé plus d’œuvres millionnaires à Londres qu’à New-York. Entre janvier et juillet 2003, 34 lots ont dépassé le million de livres sterling à Londres, soit 3 de plus que de l’autre côté de l’Atlantique. La réussite londonienne n’est pas assise sur une enchère importante, mais sur un ensemble de ventes particulièrement bien orchestrées.

Enfin, grâce à l’ouverture de son marché, la France parvient de nouveau à organiser d’importantes ventes. Progressivement, depuis la réforme, ce sont plus de 3 points de parts de marché qui ont été conquis… L’Europe est plus que jamais le noyau dur et stable du marché.