Profonds changements dans le paysage français des ventes aux enchères d’œuvres d’art

[14/06/2002]

 

Pendant que des rumeurs bruissent sur l’hypothétique rachat de Drouot, Sotheby’s et Christie’s s’emparent du marché français. La réforme des ventes aux enchères a libéré le marché hexagonal. Le patrimoine français est une vitrine alléchante qui aiguise les convoitises des maisons de ventes étrangères. Premiers gagnants dans la libre compétition : Sotheby’s et Christie’s. Longtemps écartés de la compétition sur l’hexagone, les deux grandes maisons anglo-saxonnes viennent de donner le ton en ce début de saison…En moins de 4 mois, elles ont su s’emparer de plus de 23% du marché français. Leurs stratégies sont particulièrement compétitives, faisant monter d’un cran la qualité des œuvres proposées à la vente depuis janvier.

A l’origine des plus belles ventes de l’année, les thèmes choisis par les deux maisons de ventes sont spécifiques au marché français : le dessin ancien et la photographie. Dans les deux cas, Paris est reconnue à l’échelle mondiale comme la capitale des genres. Il s’y est organisé en mars le traditionnel salon du dessin, entraînant dans son sillage de multiples manifestations dont une belle vente thématique chez Christie’s. Pour la photographie, Paris est le site privilégié des salons les plus réputés, tels que Paris Photo. Chaque manifestation étant l’occasion de réunir dans un même lieu les collectionneurs les plus avertis en la matière, les maisons anglo-saxonnes savent saisir l’opportunité de ventes rentables. Il ne leur reste qu’à trouver des appâts suffisamment appétissants : les œuvres sur papier de la collection Pierre de Charmant et les tirages de photographies anciennes de la collection d’André Jammes.

En juin, elles poursuivent sur leur lancée en annonçant des ventes prestigieuses, notamment pour clôturer la saison avec les tableaux anciens et du XIXème siècle. Internationalisation rime avec spécialisation : les ventes s’organisent là où les maisons ont un avantage compétitif, directement sur le lieu de production. Pour la France, la peinture du XIXème siècle semble être l’un des créneaux de choix. Cette fois, les deux maisons organisent sur deux jours deux ventes sur ce même thème : le 26 juin chez Christie’s et le lendemain chez Sotheby’s. Certes, cela peut paraître très concurrentiel de prime abord, mais elles tirent davantage de gains à réunir plus d’amateurs au même moment, afin de multiplier les surenchères. En procédant de la sorte, elles rythment les saisons par les thèmes successifs.

Les grandes maisons françaises ont à leur tour adopté des stratégies marketing aussi redoutables que celles de leurs compétiteurs anglo-saxons. Aussi les maisons Tajan et Piasa entrent dans la danse en proposant respectivement le 24 et le 25 juin des ventes de tableaux anciens. La concentration de l’offre dans le monde des enchères se répercute sur celle de la demande, il s’ensuit l’élévation des prix et des profits. La technique fait souvent recette : les ventes new-yorkaises de Sotheby’s et Christie’s d’art contemporain, d’art moderne ou impressionnistes sont souvent organisées en mai et se déroulent en moins de 3 jours. Particulièrement attendues, ces journées sont sous les projecteurs et donnent la température pour toute une saison.