Prix Guerlain: les nominés sont…

[29/12/2020]

Ils ont tous les trois la cinquantaine, ont fait du dessin leur médium de prédilection, affichent un parcours mature, mais viennent d’horizons différents. L’artiste Martin Dammann est allemand, Erik van Lieshout, hollandais et Françoise Pétrovitch, française. Tous trois sont en lice pour le prix Guerlain 2021, lequel donne sa place à “un médium incarnant à la fois une grande tradition classique et la plus audacieuse modernité” depuis 2006.

 

Martin Dammann

Artiste allemand, né en 1965 à Friedrichshafen, il vit et travaille à Berlin. Études à l’Université des arts de Berlin. Représenté par les galeries In Situ-Fabienne Leclerc (Romainville) et Barbara Thumm (Berlin).

Par ses dessins et aquarelles, Martin Dammann revisite l’histoire et ses propres souvenirs. Il se laisse pénétrer par des moments ayant fomenté le destin des hommes, avant que la virtuosité de son geste dépasse ce que l’image tient à nous dire.

Martin Dammann travaille, la plupart du temps, d’après des sources photographiques. Les deux grandes guerres furent un sujet clé pour sonder la question de la culpabilité allemande ou celle des genres, aux côtés de clichés de parfaites familles américaines des sixties, de trouvailles de la période coloniale ou de réminiscences issues de ses archives personnelles. Le sens des images n’est pas si important, car l’artiste cherche à comprendre la réalité cachée au moment où le déclencheur s’active. « Je souhaite découvrir ce qu’il y a au-delà de ce que l’on voit », précise-t-il. En préambule, une longue période est donc consacrée à sélectionner, parmi des milliers de reproductions, le moment qui le touche, de le scanner, puis de l’agrandir. Il l’ausculte, valorisant même les flous ou certaines faiblesses de mise au point, dont il fait une force pour jouer du pinceau avec l’aquarelle. À partir de ces mémoires oubliées d’amateurs, Martin Dammann interroge la condition humaine, dans ses incidences les plus exacerbées ou les plus futiles, puis la finalité du dessin et de l’aquarelle … (extrait du texte de Marie Maertens).

Il a participé à la Documenta X de Cassel, en 1997, et à la 53e Biennale de Venise, en 2009. Il a exposé dans de nombreuses institutions, dont l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, la Kunsthalle de Nuremberg, le KW Institute for Contemporary Art de Berlin, le Museum der Moderne de Salzburg, le Centre de la photographie de Genève, le Petach Tikva Museum of Art, en Israël, la Capella – Institut de Cultura de Barcelona, le PS1 de New York… Il est dans les collections et la donation de Florence et Daniel Guerlain au Musée national d’art moderne du Centre Pompidou, du musée des Beaux-Arts de Dole et du Märkisches Museum de Witten.

Damman

Martin Dammann, Mulde, 2020, aquarelle et stylo sur papier, 155 x 315 cm. Courtesy : the artist/Barbara Thumm Gallery, Berlin ©Martin Dammann

 

Erik van Lieshout

Artiste hollandais, né en 1968 à Deurne, Il vit et travaille à Rotterdam. Études à l’Academy of Art and Design St. Joost et de De Ateliers. Représenté par les galeries Guido W. Baudach (Berlin), Annet Gelink (Amsterdam), Krinzinger (Vienne) et Anton Kern (New York).

Par ses dessins et collages, volontairement acerbes et engagés, Erik van Lieshout questionne la finalité de l’art et la fonction-même du créateur, affirmant qu’il a bien un rôle à jouer dans notre société.

Certains dessins d’Erik van Lieshout flirtent parfois avec l’art de la caricature. En effet, le quotidien l’a toujours inspiré et il ne se lasse pas de croquer le monde politique, par exemple Angela Merkel, Boris Johnson, Donald Trump ou Nicolas Sarkozy. Mais il le mêle à des interrogations existentielles, sur l’amour par exemple, et peut se demander qui prend le pas, du stratège ou de l’homme… Les découpages d’images de journaux seront une première source, avant qu’il n’empoigne à l’atelier de multiples feuilles pour y apposer son trait parfois rageur. Il produit et détruit beaucoup. Mais un bon observateur ne doit pas être trop en colère et Erik van Lieshout le sait. Il tempère alors ses propos d’un humour et un second degré pouvant laisser son spectateur circonspect, tant il le bouscule. Lui, voit son œuvre comme une mission et l’on ne sera pas étonné d’apprendre que ses modèles, lorsqu’il était étudiant, se nommaient Paul McCarthy, Mike Kelley ou Martin Kippenberger. Aujourd’hui, il se sent encore proche de l’esprit Fluxus ou de Joseph Beuys. D’ailleurs, Erik van Lieshout valorise l’inspiration collective… (Extrait du texte de Marie Maertens).

En 2013, il a participé à la Biennale de Moscou et à la Biennale de Venise. Il a exposé au Wiels de Bruxelles, au Ludwig Museum de Cologne, à la Kunsthaus de Zurich, au Hammer Museum-UCLA de Los Angeles, au Rijksmuseum d’Amsterdam, à la Tate Modern de Londres, à l’Albertina de Vienne, au Frac de Dunkerque… Il fait partie des collections et de la donation de Florence et Daniel Guerlain au Musée national d’art moderne du Centre Pompidou, du Boijmans van Beuningen Museum (Rotterdam), du Stedelijk Museum (Amsterdam), du MoMA (New York)…

Van liesout

Erik van Lieshout, Untitled, 2016, technique mixte sur papier, 29,5 x 42 cm. Courtesy of the artist and Galerie Krinzinger, Vienne

Françoise Pétrovitch

Artiste française, née en 1964 à Paris. Autodidacte, elle vit et travaille à Cachan. Représentée par la galerie Semiose (Paris).               

Revisitant les classiques de l’histoire de l’art, les sujets de Françoise Pétrovitch se développent dans un balancement entre passé et présent, signifiés ou sous-entendus, qui valorise la spontanéité de son geste et le délié de ses lavis. Françoise Pétrovitch travaille beaucoup par séries. Dernièrement, une île de sa Série Noire rendait hommage à L’Île des Morts, illustre tableau d’Arnold Böcklin, et à un parc qu’elle avait visité, côtoyant les grands portraits de jeunes fumeurs, les fleurs ou les animaux quelque peu fantastiques de son corpus. Les thématiques répétées permettent de « laisser éclore un plaisir de la réalisation et du faire ». L’artiste conçoit des petits formats au crayon, tandis que les encres et lavis sont déployés sur de grandes feuilles de papier posées au sol. En effet, la matière de Françoise Pétrovitch est très liquide, au sens physique et métaphorique. Passant d’un médium à un autre, elle aime que ses modèles s’élaborent dans la fluidité. Même quand ils évoquent la disparition, l’absence ou l’intériorité de l’être, récurrentes interrogations, comme le montrent de manière plus prononcée les Saint-Sébastien, les corps flottants ou les multiples bistre et noir. Pour amenuiser une éventuelle nostalgie, Françoise Pétrovitch va alors s’emparer d’instantanés se référant à la vie quotidienne. Elle ose la coupe franche des cadrages ou les pointes de tonalités vives, notamment de rouge. L’important demeure de creuser, encore et toujours, les questions picturales…. (Extrait du texte de Marie Maertens). 

Depuis la fin des années 1990, elle a été exposée au musée d’Art moderne de Saint Étienne, à La Louvière en Belgique, au Museu de arte contemporânea de São Paulo, au Mac/Val de Vitry-sur-Seine, aux musées des Beaux-Arts de Nancy et de Calais, au Laac de Dunkerque, au Carré d’art de Nîmes, au musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, au musée de la Chasse et de la Nature de Paris…

Son oeuvre fait partie des collections et de la donation de Florence et Daniel Guerlain au Musée national d’art moderne du Centre Pompidou, du National Museum of Women in the Arts de Washington, du musée Jenisch de Vevey, des musées des Beaux-Arts de Rennes, de Chambéry…

Petrovitch

Françoise Pétrovitch, Saint Sébastien (Zurbarán), 2019, lavis d’encre sur papier 80 x 120 cm Courtesy Semiose, Paris. ©A. Mole

Le jury 2021 se compose de neuf collectionneurs :

Dominique Agostini (français)
, Doris Beyersdorf (suisse)
, Matthieu de Boisséson (français), Marcelo Roberto Ferro (brésilien), Christian Hausmaninger (autrichien), Marlise Jozami (argentine), Jean Louis Milin (français), Florence et Daniel Guerlain.

Lauréats précédents du Prix Guerlain :

Silvia Bächli, Suisse (2007), Sandra Vásquez de la Horra, Chili (2009), Catharina van Eetvelde, Belgique (2010), Marcel van Eeden, Pays-Bas (2011), Jorinde Voigt, Allemagne (2012), Susan Hefuna, Allemagne (2013), Tomasz Kowalski, Pologne (2014), Jockum Nordström, Suède (2015), Cameron Jamie, Etats-Unis (2016), Ciprian Muresan, Roumanie (2017), Mamma Andersson, Suède (2018), Claire Morgan, Irlande (2019), Juan Uslé, Espagne (2020).

 

Qui sont les élus aux enchères ?

En France, le dessin est très apprécié des collectionneurs qui ne le perçoivent pas comme un médium d’accompagnement mais comme un art à part entière. Le marché du dessin y est le plus dynamique d’Europe avec entre 16.000 et 20.000 dessins dispersés chaque année sur le territoire, soit deux fois plus qu’en Allemagne, quatre fois plus qu’en Italie ou qu’en Belgique ! Même en cette année inédite fortement ralentie par la crise sanitaire, plus de 16.000 oeuvres sur papier ont changé de collections lors de dispersions sur l’hexagone.

Les plus belles adjudications 2020 reviennent à l’incontournable Basquiat, mais aussi à William Kentridge, Elizabeth Peyton, George Condo et Marlene Dumas… dans une vraie diversité de genres et de goûts.

 

En France, le marché du dessin est le plus dynamique d’Europe!

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