Près de 200 Picasso arrivent sous le feu des enchères. Ce ne sera pas pour autant la vente de l’année

[19/01/2016]

 

Picasso fait la Une des médias artistiques depuis une semaine, à propos d’une plainte de Gagosian concernant une sculpture en plâtre, un Buste de Femme acheté au-dessous du prix marché selon Gagosian et surtout dans son dos directement auprès de Maya Widmaier Picasso, alors qu’il était en train de la vendre un bien meilleur prix…
Les transactions autour des œuvres de Pablo PICASSO ont de quoi être tendues, car le mythe Picasso fait plus que jamais recette. Les chiffres sont hallucinants et le marché des enchères a digéré en 2015 plus de 567,6 m$ d’oeuvres du maître. C’est un sommet historique, marqué par le nouveau record mondial pour la vente d’une œuvre d’art en salle, avec les 179,3 m$ atteint par Les femmes d’Alger (Version ‘O’), le 11 mai 2015 chez Christie’s New York.
Les prix de Picasso ne cesse d’augmenter, en témoigne un indice de prix en hausse de 177% depuis 2000, dont 95% sur la dernière décennie. C’est donc le bon moment pour vendre, et ce calendrier n’a pas échappé à la petite-fille de Pablo, Marina Picasso qui s’apprête à disperser une partie de sa collection.

Marina est née en 1950 à Cannes, du fils de Picasso et de sa première femme, la danseuse russe Olga Khokhlova. A la mort du peintre en 1973, Picasso laisse derrière lui 50 000 œuvres qui doivent être réparties dans une grande famille divisée et sans aucun testament à l’appui. L’héritage de Marina sera colossal : un cinquième des œuvres, dont plus de 300 tableaux, des milliers de dessins, des sculptures, des céramiques. Une partie de cet héritage a déjà fait l’objet de quelques ventes directes et dispersions par voie d’enchères au cours des dernières années, notamment pour alimenter les activités philanthropiques de Marina. En juin 2015, l’héritière s’adressait déjà à Sotheby’s pour vendre une incroyable collection de 126 céramiques de son grand-père. L’ensemble fut un succès, rapportant 17,7 m$, dont plus de 763 000 $ pour le vase Cabri, vendu au quadruple des estimations.

La vente qui se prépare s’annonce toute autre. Intitulée “Picasso en privé : œuvres de la collection de Marina Picasso”, elle mettra sous le feu des enchères, le 5 février 2016 à Londres, une exceptionnelle collection de près de 200 œuvres, comprenant essentiellement des dessins, des céramiques et quelques petites sculptures. A celles et ceux qui pensent que Picasso est définitivement hors de portée, détrompez-vous, car les estimations commencent à 6 000 $, avec une petite tête assemblée de 5 x 3,8 cm. Une palette de l’artiste ou une petite tête de faune en terre cuite cotent entre 9 000 et 12 000 $. De nombreux “petits ” lots sont ainsi accessibles pour moins de 50 000 $, dont bon nombre de céramiques. Le lot le plus chèrement estimé est un visage de femme découpé dans du papier et rehaussé de quelques coups de stylo bleu (18 cm de haut). Un petit jeu auquel s’est prêté l’artiste en 1962, estimé autour de 300 000-350 000 $. Nous sommes donc loin des chefs-d’oeuvre prompts à se vendre quelques millions…

Cette vente est certes médiatique, du fait d’une provenance qui ne saurait être meilleure et d’une densité exceptionnelle, mais elle est presque anecdotique quant à la qualité des œuvres. Elle n’est pas en tous cas, une promesse de record.