POP ART AMERICAIN : +160% en 10 ans

[12/08/2003]

 

Si le Pop’Art brouilla la distinction entre œuvre d’art et techniques artistiques à caractère commercial, désormais les prix atteints peuvent décourager un grand nombre d’amateurs.

L’art qui se sert de la consommation devenu objet de consommation

Dès les années 50, les Etats-Unis ont soif de consommation ; celle des acheteurs d’art est largement étanchée par le Pop’Art. Les productions de ce mouvement ont tout pour être populaires. Lors de leur création, certains artistes récupèrent symboles et icônes de l’Amérique de leur temps. D’autres matérialisent l’œuvre d’art à partir de produits de consommation courante pour offrir des messages accessibles au plus grand nombre. Afin de s’adresser au public le plus large, les images cultes circulent en masse grâce aux procédés sérigraphiques. Aujourd’hui encore, ce segment fait l’objet d’un fort volume d’échanges. Pas moins de 1365 œuvres du pop’art américain ont été mises aux enchères en 2002.

Face à une offre abondante, la demande l’est aussi et les prix s’élèvent. Catapulté sur le devant de la scène spéculative, l’art qui se sert de la consommation devient objet de consommation. L’intensification des échanges sur ce marché est visible tant par la hausse du nombre de lots proposés que par la chute des invendus. En 1999, 90% des 1912 lots mis en vente ont changé de mains. Toutefois, ce qui est produit par les Etats-Unis trouve des voies à l’exportation. L’art ne déroge pas à la règle. Depuis 1997, la part de marché de la France a doublé en volume. Avec le Royaume-Uni, elle grignote progressivement celle des Etats-Unis. Le nombre de transactions sur le sol américain est tombé de 25% depuis 1999. Même si les records crèvent l’écran et stimulent l’Amérique, en Europe, les œuvres sont beaucoup plus accessibles et restent tout aussi rentables.

Pop’Art américain : Evolution des prix devise de référence : EUR

Quand Pop’Art devient dollars

Les prix des œuvres “populaires” ne sont plus aussi démocratiques que les symboles auxquels celles-ci renvoient. Après un fléchissement au début des années 1990, les prix ont en moyenne triplé entre 1995 et juin 2003. La hausse est telle que les productions des stars du Pop’Art sont paradoxalement devenues inaccessibles à la plupart des amateurs. En 2002, 90% des peintures du mouvement ont été adjugées plus de 10 000 dollars et la moitié plus de 100 000 dollars. A peine un demi-siècle après leur création, elles sont déjà considérées comme des pièces majeures de collection et atteignent régulièrement plusieurs millions de dollars aux enchères. Dès la fin des années 1980, les toiles importantes de Roy LICHTENSTEIN, de Jasper JOHNS, de Robert RAUSCHENBERG et d’Andy WARHOL dépassent le million de dollars.
Le plus coté (voir tableau), le new-yorkais Andy WARHOL, atteint des sommets en 1998 lors d’une vente organisée par Sotheby’s New York : une Orange Marilyn est adjugée plus de 15.7 millions de dollars. Cette toile avait été fraîchement acquise sur le marché primaire chez Leo Castelli pour seulement 2 500 dollars. Sa cote progressa de 80% en 1998, insufflant un engouement euphorique pour tous les artistes du Pop’Art : + 43% de hausse des prix sur la même période pour l’ensemble du mouvement pop’art. Si les productions de Warhol changent souvent de main, les pièces majeures se raréfient sur le marché. Leur prix grimpent encore plus vite que les œuvres secondaires et la spéculation est intense. A titre d’exemple des Big Electric Chair de 1967 au format imposant (137×188) ont été négociées 3 fois chez Christie’s. Celle vendue en 1986 a trouvé preneur à 85 000 dollars. En 1999, une autre, rouge et verte, a été adjugée 1,5 millions de livres sterling (2,36 millions de dollars). Le propriétaire de celle à fond fuchsia proposée le 13 novembre 2002 a doublé la mise en déboursant 4,5 millions de dollars. En 16 ans, cette série affiche un taux de rendement annuel moyen de 28% !

Si Warhol se dresse à la quatrième place dans le classement des artistes par nombre de transactions, derrière Picasso, Chagall et Miró, il est aussi le 18ème artiste le plus cher vendu aux enchères ces 10 dernières années. Contrairement à l’adage, la rareté n’est pas toujours le facteur déterminant dans le prix d’une œuvre d’art. C’est l’adjonction d’une offre à une demande élevée qui stimule bien souvent la cote d’un artiste. Une production importante est souvent gage de notoriété pour le créateur.

Aujourd’hui, avec la hausse généralisée des prix affectant le mouvement, les records ne cessent de tomber sous les marteaux des auctioneers américains. En 2002, 5 artistes du mouvement ont battu leur record : Roy LICHTENSTEIN (6 500 000 dollars : Happy Tears), Tom WESSELMANN (850 000 dollars : Great American Nude #44), Ed RUSCHA (3 200 000 dollars : Talk about Space), Claes Thure OLDENBURG (620 000 dollars : Light Switches (Hard Version)) et Robert INDIANA (550 000 dollars : The American Sweetheart). (Voir page des 1000 records d’artistes 2002)

TOP10 des artistes du Pop’Art américain les plus chersArtistes classés en fonction de la plus haute enchère atteinte jusqu’au 30 juin 2003RANGNOMLOTVENTE1Andy WARHOL (1928 – 1987)USD 15 750 000 : Orange Marilyn (1964)14/05/1998, Sotheby’s (New-York)2Jasper JOHNS (1930)USD 11 000 000 : Two Flags (1973)08/11/1989, Sotheby’s (New-York)3Robert RAUSCHENBERG (1925)USD 6 600 000 : Rebus (1955)30/04/1991, Sotheby’s (New-York)4Roy LICHTENSTEIN (1923 – 1997)USD 6 500 000 : Happy Tears (1964)13/11/2002, Christie’s (New-York)5Ed RUSCHA (1937)USD 3 200 000 : Talk about space (1963)14/05/2002, Christie’s (New-York)6Tom WESSELMANN (1931)USD 850 000 : «Great American Nude #44» (1963)14/05/2002, Christie’s (New-York)7Claes Thure OLDENBURG (1929 – 1997)USD 620 000 : Light Switches (Hard Version) (1964)11/11/2002, Phillips (New-York)8Jim DINE (1935)USD 600 000 : Hearts (1969)08/11/1989, Sotheby’s (New-York)9Robert INDIANA (1928)USD 550 000 : «The American Sweetheart» (1959)14/05/2002, Christie’s (New-York)10Ronald Brooks KITAJ (1932)USD 365 400 : Value, price and profit (1963)05/12/1991, Sotheby’s (London)