Picasso, Lichtenstein, Bacon… chefs-d’oeuvre annoncés pour l’été

[23/06/2020]

Après de longues semaines de léthargie, le marché haut de gamme reprend de sa superbe avec les prochaines ventes en ligne de Christie’s et Sotheby’s. Présentation de quelques pièces muséales susceptibles de réveiller un marché de prestige en berne depuis plus de trois mois.

Un « événement sans précédent » le 10 juillet

Christie’s annonce cette vente comme un nouveau format innovant reliant Hong Kong, Paris, Londres et New York en même temps. Une première dans cette période inédite où l’on trouve des solutions digitales, inédites elles aussi, pour rassembler, pour créer l’émulation. Dans un communiqué, Christie’s annonce « ONE » comme un « événement sans précédent » réunissant « l’art trans-frontalier et trans-catégorie » avec des œuvres de Picasso, Lichtenstein et Zao Wou-Ki, entre autres… des chefs-d’oeuvre dont certains sont valorisés à plusieurs dizaines de millions de dollars.

Trois toiles de stature muséale retiennent particulièrement l’attention. Tout d’abord un PICASSO majeur, Les femmes d’Alger Version ‘F‘. La toile est issue d’une série maîtresse dans tout l’oeuvre de Picasso, la même série qui a valu à l’artiste son record mondial – près de 180m$ – en 2015. Le ‘F’ du titre indique qu’il s’agit de la sixième toile parmi les 15 composant cette série que Picasso a identifié par des lettres de « A » à « O », pendant une période d’intense créativité entre décembre 1954 et février 1955. Christie’s attend de cette toile « autour de 25m$ ».

Version ‘O’ : La plus forte plus-value de l’histoire

Le record absolu de Picasso est tenu par une œuvre de la même série que celle proposée par Christie’s le 10 juillet : Les femmes d’Alger (Version ‘O’), 1955, vendue pour 179,3m$ le 11 mai 2015 (Christie’s New York). Cette vente représente par ailleurs la plus forte plus-value de l’histoire du marché de l’art –147m$ en moins de 20 ans – l’oeuvre ayant fait l’objet d’une transaction à hauteur de 32m$ chez Christie’s, en 1997.

Des prix supérieurs à la Version F pourraient être emportés le même jour chez Christie’s : une grande toile de Roy LICHTENSTEIN (Nude with Joyous Painting, 1994, 178 x 135 cm), et une autre de Ed RUSCHA, restée dans la même collection depuis 1987 (Annie, 1962), étant estimées autour de 30m$ chacune. L’offre est ambitieuse en cette période troublée et l’enjeu considérable, mais la réussite de ces ventes donnerait de élan aux ventes de prestige annoncées après l’été.

90m$ en deux coups de marteau le 29 juin ?

Tandis que Christie’s fait dialoguer l’art moderne et l’art contemporain, Sotheby’s reste concentrée sur un format traditionnel de vente d’après-guerre et contemporain, mais en ligne… Une œuvre de la meilleure période de Basquiat y est proposée : Head (1982) attendue autour de 10m$. La même œuvre partait pour 360.000$ en 2000 (Untitled) mais l’indice des prix des peintures de Basquiat à flamber de près de 3.000% entre temps, et les plus grands collectionneurs du monde recherchent des œuvres dans cette veine.

Francis Bacon triptyque.HR

Francis Bacon, Triptych Inspired by the Oresteia of Aeschylus, 1981, 198 x 147 cm (source Astrup Fearnley Museet, Oslo.)

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Une autre œuvre présentée pourrait valoir huit fois ce Basquiat… un triptyque de Francis BACON inspiré de L’Orestie d’Eschyle est le clou absolu de cette saison (Triptych Inspired by the Oresteia of Aeschylus, 198 x 147 cm). Pour un acheteur privé, posséder une œuvre de telle envergure revient à rivaliser avec les meilleurs triptyques des collections du MoMA, du Guggenheim ou de la Tate…

Jamais apparu sur le marché des enchères jusqu’alors, l’oeuvre est bien connue du public pour avoir été prêtée sur toutes les grandes expositions dédiées à Bacon : à la Tate Gallery de Londres, au Prado de Madrid, au MoMA de New York, à la Fondation Beyeler à Bâle et, plus récemment, à l’exposition au Centre Georges Pompidou à Paris, Bacon en toutes lettres.

La qualité et le pedigree de cette œuvre l’emmènent dans une fourchette d’estimation de 60 à 80 m$. Si elle part dans cette gamme ce prix, elle deviendra l’oeuvre la plus couteuse de l’année mais pas la plus chère de l’artiste, dont trois triptyques ont déjà dépassé les 80 millions de dollars aux enchères.

Top 3 des œuvres de Francis Bacon